lundi 31 mars 2014

Le Petit Célinien - Lettre d'actualité n°52

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Le Petit Célinien - Lettre d'actualité n°52.
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Vient de paraître : À travers Céline, la littérature d'Henri GODARD

On ne passe pas plusieurs décennies à étudier Céline sans trouver à son oeuvre un intérêt certain. Dans son nouvel essai, À travers Céline,la littérature, Henri Godard a décidé de revenir sur son parcours célinien. C'est la première partie du texte.

Henri Godard nous raconte ainsi sa découverte de Céline, à l'âge de 20 ans, avec la lecture de D'un château l'autre. Se dévoile à lui, dans ce roman au style exceptionnel, une « manière entièrement nouvelle d'écrire le français », un « son neuf », une littérature qui lui permet de sortir des écrivains enfermés dans le bon français et « respirer un air plus léger ». Un roman « aux innovations langagières » qui raisonne d'autant plus en lui qu'il fait le lien avec son enfance et les scènes vécues de bombardements.

Nous traversons ensuite avec l'auteur, depuis sa brève rencontre avec Céline à Meudon, sa lente sortie du purgatoire et la publication après sa mort du premier volume en Pléiade, auquel il ne participe pas encore, des Cahiers de L'Herne en 1963 et 1965, alors « le plus grand apport de connaissances », des Oeuvres aux éditions Balland, première véritable édition critique des romans, jusqu'à ses lectures plus tardives des écrits polémiques de Céline : Mea culpa et Bagatelles pour un massacre qu'il lit en 1967 (« un choc aussi violent que celui de D'un château l'autre, mais dans l'autre sens »), pour lequel il reproche à Céline une régression stylistique, son pacifisme et sa poésie se retrouvant totalement débordés par son antisémitisme. Cette déception le poussera à s'interroger sur l'idée et la valeur de la littérature, de ce qui peut le rattacher si fortement à Céline malgré l'ombre portée par les pamphlets. Ce sera son travail de thèse et la publication en 1985 chez Gallimard d'une Poétique de Céline.

A partir de ce moment, s'enchaîneront la publication des Romans dans la Bibliothèque de la Pléiade, le tome II sort en 1974, une nouvelle édition du premier volume en 1981, ses recherches de manuscrits auprès des universités et des collectionneurs (de savoureuses anecdotes animent le texte, et une séquence inédite de la version primitive de Voyage au bout de la nuit est reproduite), ses rencontres fructueuses avec Marie Canavaggia, ses souvenirs plus mitigés d'Henri Mahé, l'aventure des Cahiers Céline avec Jean-Pierre Dauphin.

La seconde partie de l'essai, plus théorique, est une analyse très fine de la stylistique célinienne et de sa lente évolution car « Céline est passé d'un roman au suivant par approfondissements successifs de ses intuitions » : l'oral dans l'écrit, le détournement des trois points, la déconstruction de la phrase, le mélange et le dépassement réalité/fiction ; et les thèmes majeurs de toute l'oeuvre : la lutte contre la matière, la violence et la mort et la réponse de Céline à cette vision dure et pessimiste : le comique, le rire comme contrepoids qu'Henri Godard évoque dans de très belles pages en n'oubliant pas de rappeler la profonde compassion de Céline pour les souffrances de l'homme, qui au fond de lui-même, n'a jamais pu supporter. Ce qui amène l'auteur à terminer cet essai sur des réflexions plus générales sur la littérature et la création.

M.G.
Le Petit Célinien, 31 mars 2014.

Henri GODARD, À travers Céline, la littérature, Gallimard, 2014.
Disponible sur Amazon.fr.


Dans la presse :
> Le Nouvel Observateur, 10 avril 2014

A lire :
> "Lectures d'enfance" par Henri Godard
Interview par Joelle Smets (Le Soir, 2011)
> Entretien avec Henri Godard (Le Nouvel Observateur, 2011) 

A écouter :
> « Au miroir de Céline » (France Culture, 2014)
> Séminaire de l'IHA (2012)

Échos céliniens...

> Le second numéro des Cahiers Guillemin, édité par l'association Présence d'Henri Guillemin, propose un article  d'André Bazzana « Sur Louis-Ferdinand Céline », suivi d'un compte rendu de L'Ecole des cadavres paru dans la revue La Bourse égyptienne du 19 février 1939. Le numéro 7 €. Renseignements et commande : asso.guillemin@gmail.com. Association Présence d'Henri Guillemin, Académie de Mâcon, 41 rue Sigorne, 71000 Mâcon.

> La galerie  Thomas Vincent a récemment vendu une lettre de Céline sans date précise dans laquelle Céline remercie son correspondant pour les cartes imprimées au nom de sa femme et lui commande d’autres impressions : www.galeriethomasvincent.fr.

> Rodolphe Dana lira des extraits des Entretiens avec le Professeur Y le 2 avril 2014 à 12h30 au Carré d'Art, Musée d'art contemporain de Nîmes. www.carreartmusee.com.

> Jusqu'au 7 mai 2014, Anne Collet-Toty exposera une série de ses portraits d'écrivains à la médiathèque de Châtellaillon. www.chatelaillonplage.fr.

>  Sur le site Abebooks est proposé pour 22 500 € un tapuscrit corrigé et signé de Scandale aux abysses. Il comporte 45 pages in-folio montées sur onglets et reliées en demi-veau noir moderne.

> Le styliste Giorgio Armani a décidé de promotionner ses lunettes "Frames of Life" a travers six courts métrages. Le premier, signé par le réalisateur Piero Messina et le cinéaste oscarisé Paolo Sorrentino (La Grande Bellazza), est inspiré de Voyage au bout de la nuit : www.youtube.com.

>  Nelly Wolf publie aux Presses Universitaires du Septentrion Proses du monde : les enjeux sociaux des styles littéraires qui se penche sur le style comme acte social, étudie la « socialité des proses romanesques à l'époque moderne », et « examine en quoi les événements qui surviennent dans une langue littéraire trahissent une logique sociale ». 24 €, 262 pages. Disponible sur Amazon.fr

> Jean-Louis Martinelli, metteur en scène, revient sur France culture sur ces choix littéraires : www.fraceculture..fr.

> Le 4 février 2014, Yves Pailler a proposé au Centre d'art contemporain de Brest une lecture-performance « Louis-Ferdinand Céline (1894-1961) de Thanatos, entre l’enfer, le diable et la mort… ». www.cac-passerelle.com.

dimanche 30 mars 2014

Le programme socialiste de CÉLINE par Jacqueline MORAND (1972)

L'analyse faite par Céline de la situation sociale est, nous avons pu le constater, extrêmement sombre, et la critique qui l'accompagne très virulente; A l'ampleur des récriminations devrait logiquement correspondre d'importants projets de réforme. Ce n'est pas le cas. Le « programme » socialiste de Céline est un ensemble assez confus de propositions diverses, qui prennent souvent la forme d'aspirations idéalisées présentées un peu au hasard, et qui ne sont ni appuyées par une démonstration rigoureuse, ni assorties de précisions, ce qu'on ne peut manquer de regretter. Cette disproportion est fréquente chez les pamphlétaires et tout spécialement chez les polémistes des années 30. Deux directions se distinguent dans le programme socialiste de Céline. Elles donnent la réplique aux procès intentés au communisme et au matérialisme. C'est d'une part l'égalitarisme et le communisme « Labiche », d'autre part, le spiritualisme. 


L'égalitarisme et le communisme « Labiche »

Dans une interview, accordé en 1941 à Claude Jamet, Céline prononçait cette phrase qui devait servir de titre à un article paru peu après : « L'égalitarisme ou la mort ». Il l'annonçait ainsi, expliquant qu'il s'agissait d'une solution apportée aux maux dénoncés du communisme : 
« Contre le jazz, il n'y a que le jazz hot... On ne renversera le communisme qu'en le dépassant, en en faisant plus... Contre la communisme, je ne vois rien que la Révolution, mais alors là, pardon ! La vraie ! Surcommunisme1 ! » 
Déjà, dans Bagatelles pour un massacre Céline avait affirmé sa vocation égalitariste. Il disait avoir découvert très jeune l'inégalité sociale, constatait qu'il avait toujours eu des besoins matériels modestes, et se tenait prêt au garde à vous, « le plus grand partageux qu'on aura jamais connu ».
Tant qu'on a pas tout donné, on n'a rien donné, poursuivait-il, et « Débrouillard » doit être supprimé en même temps que « Crédit »
C'est dans Les Beaux draps qu'il précise son égalitarisme. L'avènement de la justice sociale absolue est la première étape de la rénovation de la société. « Tant qu'on a pas ouvert Pognon », rien de sérieux ne peut être entrepris. Ce sera la « Révolution moyenneuse », programme ambitieux et brutale que Céline envisage ainsi : Un salaire national identique pour tous, qui varie entre 50 frs salaire minimum et 100 frs salaire maximum par jour. Un semblable maximum de 100 frs est prévu pour les rentes et les revenus. Le surplus passe à l'Etat. Un aménagement familial complète le système : accroissement progressif du salaire en fonction du nombre d'enfants avec un maximum de 300 frs par jour pour les familles nombreuses. Céline avait ici à l'esprit la crise de natalité qui sévissait en France, Egalité absolue pour tous, dictateur, génie ou terrassier, égalité physiologique, devant la faim et le besoin, telle est la première et necessaire condition à l'avènement de la justice sociale. Un tel programme est brutal et ne manquera pas de soulever des protestations, Céline prévoit celles de l'« Elite », terme vague, englobant ceux qui assuement des responsabilités de direction et commandement. L'élite s'insurge, trouve que les « 100 frs » ne conviennent pas à son nécessaire prestige, qu'il est insensé qu'un Directeur des Chemins de fer soit plus médiocrement salarié que son lampiste lorsque ce dernier est père de famille nombreuse. Mais l'élite c'est l'exemple, et Céline poursuit : 
« C'est là qu'on va voir ce que ça pèse non dans les mots, mais dans les faits l'amour de la France... l'enfiévrante passion du bien général... le culte patriote... le désintéressement sacré... les plus hautes cimes d'abnégation... Ah ! ça va être un bon moment ! » (Les Beaux draps, p. 181) 
Après ce « bon moment », et sur ces bases égalitaristes, Céline établit son communisme « Labiche ».
Le communisme « Labiche » c'est un communisme petit bourgeois, c'est-à-dire adapté à l'homme et à ses aspirations fondamentales, telles que les conçoit l'écrivain fondées tout spécialement sur le besoin de sécurité. Dans ce système tout le monde sera petit propriétaire : pavillon et jardin de 500 mètres, transmissibles héréditairement et assurés contre les risques et l'accaparement. Le problème de la sécurité est un des soucis majeurs des Français, dont 90 sur 100 rêvent d'« être et de mourir fonctionnaire ». Céline admet cette préoccupation élémentaire, car constate-t-il ironiquement : 
« C'est toujours des douillets nantis, des fils bien dotés d'archevêques qui vous parlent des beautés de l'angoisse. » (Les Beaux draps, p. 140) 
Sans qu'il développe cette idée Céline paraît souhaiter l'établissement d'un système de Sécurité sociale très poussé, protégeant contre le maximum de risques en particulier ceux de chômage, maladie et vieillesse.
Pour assurer la sécurité de l'emploi et le fonctionnement de son régime de salaire national unique, il préconise des mesures d'inspiration communiste : nationalisation des banques, mines, chemins de fer, assurances, grands magasins, industries..., kolkozification de l'agriculture. Il pense supprimer ainsi le chômage et s'intéresse encore aux paresseux qu'il met en prison, aux malades qu'il soigne, et aux poètes, qu'il occupe à faire des dessins animés aptes à relever le niveau des âmes.
Dans un chapitre des Beaux draps, Céline pose la question du nombre d'heures de travail à imposer à l'ouvrier. Ironisant sur les « jeunes redresseurs », qui pleins de bonne foi parmi leurs statistiques invoquent le travail salut, le travail fétiche et remède de la France, il leur oppose les « pas abstraits », ceux qui vont « trimer la chose ». L'usine est un mal nécessaire qu'il faut accepter mais sans le dissimuler sous de flatteuses descriptions. 35 heures de travail lui semblent alors le maximum que puisse supporter un homme, ouvrier d'usine ou employé de magasin, qui doit affronter le bavardage des clientes « aussi casse crâne qu'une essoreuse broyeuse à bennes ».
Tel se présente le communisme « Labiche » de Céline : répartition égalitaire des biens, aménagement du travail, des loisirs, de l'habitation en vue de satisfaire aux besoins de sécurité et petit confort dont l'écrivain imagine l'homme avide. Comment apprécier un tel programme ? Il est aisé, et la plupart des commentateurs de Céline ont fait ce choix, de sourire avec indulgence aux errances de l'auteur turbulent devenu rêveur naïf et, avec en exergue les poètes occupés à faire des dessins animés, de ranger ce communisme « Labiche » parmi les utopies inoffensives et désuètes. S'il ne convient certes pas d'ôter à ces propositions leur caractère de simples esquisses ou ébauches et si l'on doit regretter le silence de l'écrivain quant aux modalités d'application et aux possibilités de réalisation de son programme, il convient aussi de mettre en valeur un aspect habituellement négligé de ce système : le communisme « Labiche » est révolutionnaire. C'est une coupure nette et brutale avec le système social en vigueur, un bouleversement de l'organisation économique, une mutation profonde des rapports sociaux. Nationalisation, kolkozification, salaire unique, le socialisme de Céline va, sur tous ces problèmes au delà du communisme, l'application d'un tel programme se voulant immédiate, et l'écrivain se disant prêt pour sa part. Sous des apparences anodines, le communisme « Labiche » est en réalité « explosif ». Mis en pratique, il se rapprocherait plus de la révolution permanente chinoise que du communisme soviétique. Mais il s'accompagne de recherches spiritualistes, assorties de propositions qui le transforment très sensiblement.


Le spiritualisme

Le programme, auquel nous avons donné cette qualification très générale de « spiritualisme », consiste en l'ébauche des solutions proposées aux maux dénoncés du matérialisme. Le portrait type d'un Céline rustre, grossier, haineux, avide, acharné destructeur, subit une métamorphose. Le calculateur s'avère naïf, le nihiliste se perd en vastes projets, le haineux devient homme de foi. Il fait sienne la belle maxime de Gaston Bachelard : « Rendre heureuse l'imagination2 ». Ces aspirations idéalistes font de lui à la fois un homme du passé et un visionnaire. Le passé se confond pour lui avec le Moyen Âge, siècle de foi, et cet appel à une tradition ancienne a lui-même une signification révolutionnaire selon la démonstration de Peguy. La vision c'est celle du douloureux prophète de la faillite du matérialisme et de l'homme-robot, qui tente de leur opposer la renaissance spiritualiste des assoiffés d'idéal.
Le programme spiritualiste est exposé dans Les Beaux draps. La rénovation spirituelle y est entreprise à partir de deux institutions : la famille et l'école.
Céline constate avec amertume la crise de la natalité que traverse la France : « L'entrain à la vie n'existe plus. » Il ironise sur le Code de la famille, que le décret-loi du 29 juillet 1939 venait d'instaurer, le traite d'« éthique et chafoin », « code de ratatinés discutailleux préservatifs ». Il s'emporte contre les « décrets de pudeur », inspirés, dit-il, par la richissime maîtresse d'un président du conseil. Tout ceci n'est que tartufferies, le programme familial de Céline est beaucoup plus ambitieux. Il s'agit en somme de recréer la France à partir de la notion de famille. Toutes les familles de France seront réunies en une seule avec « égalité de ressources, de droit, de fraternité ».
Le salaire national unique permettra l'égalité des ressources et l'avènement de la respectabilité dans un pays : 
« où y aura plus du tout de bâtards, de cendrillons, de poil de carotte, de bagnes d'enfants, "d'Assistance", où la soupe serait la même pour tous. » (Les Beaux draps, p. 152) 
Programme noble et généreux, difficile à mettre en pratique, les exigences et les espoirs de Céline ne semblent pas connaître de limites ; le prouvent bien ses propos sur la fraternité et l'altruisme absolu qu'il voudrait voir régner entre les familles. Il faut, précise-t-il, que les enfants des autres vous deviennent presque aussi chers que vos propres enfants. Le grand bouleversement social s'analyse en un avènement de « papas et mamans partout ». L'espérance d'un tel altruisme, d'une telle communion entre les hommes, est réellement surprenante sous le plume de Céline, une telle candeur naïve surprend. Les Beaux draps datent de 1941, et l'introduction du « familialisme » dans la politique était à la mode avec Vichy. Céline sans doute s'en inspirait, le laisserait penser cette phrase, qu'il ne précise d'ailleurs pas :
« une seule famille, un seul papa dictateur et respecté » (Les Beaux draps, p. 152)
Il s'attarde plus longuement sur la question scolaire. Dans Bagatelles pour un massacre il s'était déjà livré à de violentes attaques contre le système d'enseignement, en particulier le lycée, qu'il opposait à l'école communale. Il se laissait entraîner par les mots, le rythme de la phrase et la condition des jeunes lycéens devenait cette fresque quasi dantesque :
« Ils resteront affublés, ravis, pénétrés, solennels encuistrés de toutes leurs membrures... soufflés de vide gréco-romain, de cette "humanité" bouffonne, cette fausse humilité, cette fantastique friperie gratuite, prétentieux roucoulis de formules, abrutissant tambourin d'axiomes, maniée, brandie d'âge en âge, pour l'abrutissment des jeunes, par la pire clique parasiteuse, phrasuleuse, sournoise, retranchée, politicarde, théorique vermoulue, profiteuse, inextirpable, retorse, incompétente, énucoïde, de l'Univers : le Corps stupide enseignant... » (Bagatelles pour un massacre, p. 106)
Ces anathèmes contre le système scolaire en vigueur et contre les professeurs, qui n'auront pas plus de force en mai 1968, avaient déjà été lancés par de nombreux écrivains et en particulier « le fils de la rempailleuse de chaise ». Par ailleurs un rapprochement pourrait être fait entre Céline et J. Vallès, dont les jeunesses sinon les tempéraments présentent beaucoup de points de communs : même enfances non bourgeoises, mêmes souvenirs cruels sur la famille3, même apprentissage de la vie par les petits métiers pittoresques4, même mépris pour le collège et les humanités classiques clamé par ces autodidactes à demi. C'est ainsi que J. Vallès dédiera l'un des ouvrages de sa trilogie, Le Bachelier, « A tous ceux qui, nourris de grec et de latin, sont morts de faim. »

Pour Céline une politique de rénovation doit être entreprise à partir de l'enfance, « notre seul salut ». Rejoignant les théories freudiennes, il prétend qu'à l'âge de douze ans un homme est émotivement achevé. Or l'enfance est menacée par le système scolaire en vigueur. « Grande mutilante de la jeunesse », l'école transforme les jeunes enfants poètes et guillerets en, en cancres butés presque parfaits vieillards à l'âge de douze ans. C'est l'interpellation fameuse : « O pions fabricants de déserts ! » Rien ne peut se faire sans ou hors l'école, il convient donc de la rénover, de la recréer entièrement, d'en faire un lieu heureux et fructueux à l'âme : « L'école doit devenir magique ou disparaître, bagne figé. »
L'école formera l'enfant aux seules choses « utiles » dans la vie : le goût, l'enthousiasme, la passion. (On connait le mépris affiché par Céline à l'égard du mot « utile », d'où le paradoxe de son emploi ici.) 
La formule célinienne pour que soit réalisé un tel programme est la suivante : « Le Salut par les Beaux Arts », salut de l'homme et de la société à qui on fait retrouver gaîté et force créatrice. L'école doit s'efforcer d'épanouir la musique intérieure que chacun porte en soi, écho timide du bonheur. Il faut préserver le rêve de l'enfant, inculquer à l'élève le goût des fables, des légendes, du merveilleux qui le délivrera de l'angoisse, dont le chaos de la civilisation mécanique l'accable. L'école ne s'organisera pas :
« à partir des sciences exactes, du Code civil, où des morales impassibles, mais reprenant tout des Beaux-Arts, de l'enthousiasme, de l'émotion du don vivant de création, du charme de race, toutes les bonnes choses dont on ne veut plus. » (Les Beaux draps, p. 169)
Les programmes scolaires se consacreront aux disciplines traditionnelles, mais donneront la primeur à celles susceptibles d'épanouir l'enfant dans ce qu'il a de plus vital. Ils développeront son goût, sa sensibilité, son sens artistique en faisant une large place à l'enseignment de la musique, de la peinture, de la danse... et à certaines disciplines communautaires : chants en choeur, ballets... Il ne faut pas croire que la qualité d'artiste est exceptionnellement accordée à l'individu, bien au contraire. Tout le monde naît artiste :
 « tout homme ayant un coeur qui bat possède aussi sa chanson, sa petite musique personnelle, son rythme enchanteur au fond de ses 36°8, autrement il vivrait pas. » (Les Beaux draps, p. 171)
Boileau, Goethe ont exprimé cette même idée, et aussi Proudhon écrivant : « Nous avons tous le germe5. » 
Les programmes scolaires s'attacheront ensuite à l'épanouissement physique de l'enfant en accordant une large place à la pratique assidue des sports :

« Il faut réapprendre à créer, à deviner humblement, passionnément, aux sources du corps... Que le corps reprenne goût de vivre, retrouve son plaisir, son rythme, sa verve déchue, les enchantements de son essor... L'esprit suivra bien !... L'esprit c'est un corps parfait... » (Les Beaux draps, p. 175)
C'est une confusion de la beauté plastique et morale. L'écrivain qui fréquentait et affectionnait les milieux de la danse paraît s'inspirer ici de certaines théories chorégraphiques. Cet appel au développement de la pratique des sports était un des lieux communs des politiciens de l'époque, hommes du Front populaire ou de la droite.
L'école enfin, se consacre à l'épanouissement moral de l'enfant. L'intransigeance et la rigueur des aspirations céliniennes le rangent d'emblée parmi les plus sévères moralistes C'est ainsi qu'il exige la « ferveur pour le gratuit » qui « seul est divin », détachement à la fois des biens matériels et des mesquineries du caractère, morale de la grandeur et de la noblesse de coeur. Il prêche le « culte des grands caractères », l'étude pour l'exemple de la vie des ancêtres éminents. C'est une morale ambitieuse, l'écrivain se laisse même aller à parler du « culte de la perfection ».
Un tel programme exige des maîtres de qualité. Quelle plus belle définition donner des « vrais professeurs » :
« Gens au cours du merveilleux, de l'art d'échauffer la vie, non la refroidir, de choyer les enthousiasmes, non les raplatir, l'enthousiasme le "Dieu en nous", aux désirs de la Beauté devancer couleurs et harpes, hommes à recueillir les féeries qui prennent source à l'enfance. » (Les Beaux draps, p. 177)
L'enfant ira à l'école jusqu'à 15, 16 ans ; une telle prolongation de la durée des études est aujourd'hui officiellement admise.
Il y a du religieux dans un tel système éducatif, initiation, catéchuménat où l'on compte plus sur la générosité et l'enthousiasme que sur l'énergie et l'ambition des élèves, où le beau se trouve intimement confondu avec le bien, l'artiste avec le moraliste et le mystique. Beaucoup d'écrivains et de sociologues ont fait cette association et se sont dans ce but, attachés à tenter d'introduire l'art dans la politique sociale. On peut encore évoquer Proudhon et ses Principes de l'art. Mais cette rénovation, Céline ne l'envisage que sous l'angle du système d'éducation des enfants et ne se soucie pas de rechercher d'autres encadrements la prolongeant au niveau des adultes. Si l'on devait réaliser son programme socialiste, cette lacune se révélerait grave.

La société rénovée idéale telle que le conçut Céline se présenterait donc ainsi. L'enfance est heureuse : une famille que ne tourmentent pas les soucis matériels, une école où sont entretenus la gaîté, l'enthousiasme, les rêves, et épanouie la petite « musique intérieure » de chacun. L'adolescent ne connaît pas les soucis de recherche d'emploi (les nationalisations ont selon Céline supprimé le chômage). L'adulte n'a plus de tourments matériels immédiats ou futurs : petit confort et retraite assurés par le « communisme Labiche ». L'altruisme et la bonne entente règnent entre les individus qui sont préservés au mieux des déviations néfastes du caractère : envie, jalousie, corruption, par l'égalité établie devant l'argent. C'est une société heureuse, formée de sociétaires heureux.
Ainsi l'amer inquisiteur des vices de la nature humaine, déterministe quant à la fatalité de ces vils instincts, semble bien verser, quand il aborde les problèmes collectifs, dans l'utopisme le plus complet. L'opposition est totale entre le réalisme cruel et noir, avec lequel le romancier analyse l'individu, et l'idéalisme confiant et naïf qu'il apporte à ses projets de réforme des sociétés, dans Les Beaux draps. Le socialisme de Céline est bien dans la tradition du socialisme français et on ne peut manquer de faire des rapprochements avec certains précurseurs du XIXè siècle (en ne retenant par leur foi envers le progrès et la science) tels Fourrier, « un des plus grands satiriques de tous les temps » selon Engels, Proudhon, L'Egalitaire, Etienne Cabet, Pierre Leroux..., ces solitaires du socialisme, aux conceptions certes très différentes mais marquées du sceau commun de l'utopisme.
Un qualificatif conviendrait bien au socialisme de Céline, c'est celui de populiste. On a souvent fait du romancier du Voyage un populiste6, le rapprochant de ce mouvement littéraire, défini dans un manifeste paru en 1930 à l'initiative d'André Thérive et Léon Lemonnier. Ce mouvement prétendait susciter des oeuvres tirant leur inspiration directement du peuple et s'insurgeait contre le naturalisme jugé artificiel. Par une analogie accidentelle (il n'y a pas de rapport entre le mouvement littéraire français et le mouvement politique russe) on pourrait rapprocher le socialisme de Céline du socialisme dit populiste, mouvement qui s'exprima avec le plus de vigueur en Russie au siècle dernier.
Ce socialisme est affectif, ses caractères spiritualistes et moraux sont très accentués, il donne à la politique des bases émotionnelles et la confusion signalée par M. J. Touchard, à propos de l'esprit de 487, entre le « peuple-prolétariat » et le « peuple-humanité » apparaît ici totale. Les socialistes populistes affichent une méfiance absolue envers les idéologies, la science et, arguant du primat du social, prétendent mépriser la politique. Ils seront traités d'utopistes par les marxistes qui leur opposent un socialisme scientifique.
Les idées socialistes de Céline ont donc à première vue un aspect incontestablement démodé, en ce qu'elles évoquent l'utopisme et l'humanitarisme généreux tout autant que vague de certains précurseurs du XIXè siècle beaucoup plus que les combats menés dans l'entre-deux guerres par les partis et les syndicats représentant les travailleurs, classe organisée et poursuivant des objectifs politiques précis. Pourtant ce socialisme célinien soutenu par un ardent spiritualisme peut aussi faire figure d'avant-garde. Les révoltes de la seconde moitié du XXè siècle ne sont plus seulement économiques et politiques mais aussi métaphysiques. Les sociétés tout aussi désemparés que les hommes paraissent de plus en plus hantées par cette « sensation que la matière prolifère aux dépens de l'esprit... peur en somme que la vie ne devienne mort8 ». Les socialismes de demain pourraient s'inspirer d'une éthique spiritualiste et le témoignage de Céline trouve parfaitement sa place dans cette réponse, encore mal formulée, au désarroi d'une époque.


Jacqueline MORAND, Les idées politiques de Céline, Librairie générale de droit et de jurisprudence, Paris, 1972. (Réédition en 2010 chez Écriture)
Disponible sur Amazon.fr.


Notes
1- Germinal, n°1, 28 avril 1944.
2- Gaston Bachelard, Le Matérialisme rationnel, PUF, 1953, p. 18.
3- On peut distinguer à cet égard les écrivains déterminés contre leur enfance : Stendhal, J. Vallès, Céline... et ceux qui en gardent la nostalgie : Mauriac, Bernanos...
4- J. Vallès raconte dans Jacques Vingtras, que, demi-nu dans une baignoire, il fut employé à faire de la figuration pour le lancement publicitaire de la revue La Nymphe.
5- P.-J. Proudhon, Correspondance, t. II, p. 49.
6- cf. P. De Boisdeffre, Histoire vivante de la littérature d'aujourd'hui.
7- J. Touchard, Histoire des idées politiques, Coll. Thémis, PUF, 1965, p. 581
8- E. Ionesco, interview dans L'Express, 5-11 octobre 1970, p. 172.

samedi 29 mars 2014

Le Bulletin célinien n°362 - avril 2014

Vient de paraître : Le Bulletin célinien n°362. Au sommaire : 

- Marc Laudelout : Bloc-notes (Sigmaringen de Pierre Assouline)
- Entretien avec Pierre Assouline
- Christian Senn : Décevant Luchini
- M. L. : Célébration des maudits
- Pierre Lalanne : Céline et Léautaud
- Frédéric Saenen : Un céliniste est né…
- François Lecomte : Michel Mohrt
- M. L. : « L’Année Céline 2012 »

Le Bulletin célinien, c/o Marc Laudelout, Bureau Saint-Lambert, B. P. 77, BE 1200 Bruxelles.
Abonnement annuel : 55 € (onze numéros). Courriel : celinebc@skynet.be.

mardi 25 mars 2014

Le Goéland de Théophile Briant reprend son envol !

L'association des Amis de la Tour du Vent, perpétuant l'oeuvre de Théophile Briant, poète et écrivain breton, vient de rendre disponible en ligne la collection complète des 120 numéros du journal Le Goéland paru de 1936 à 1956 sur le site www.latourduvent.org.

Théophile Briant s'installe dès 1934 à Paramé près de Saint-Malo, où il avait acheté un moulin, La Tour du Vent, pour « la solitude, la clarification, la mise à nu, la mise à jour, l'essai royal, la cure d'étoiles, d'air pur et de nuit celtique (...). J'ai compris devant la grande leçon du ciel et de la mer bien des choses que je n'avais imaginées » (1). Il fonde le journal en juin 1936, et le consacre à l'art et à la poésie, à l'ésotérisme et au celtisme breton.  Il y publiera notamment un compte rendu de Mort à crédit en 1936 et de Normance en 1955. Théophile Briant rencontre Céline à Saint-Malo l'été 1938 puis à Paris en décembre de la même année. A partir de cette date, les deux littérateurs correspondront et se rencontreront à plusieurs reprises en Bretagne, Paris et Meudon où ils se verront une dernière fois en janvier 1956. « Dans Féerie, Céline évoque avec une pointe d'ironie La Tour du Vent, "un endroit à camélias, mimosas, oeillets, toutes saisons" où il aimerait finir ses jours, et transforme Le Goéland en "L'Albatros" ».(2)

Marc Le Gouard nous présente son projet : « Il s’agit de la remise à flot d’un galion mythique, jusque-là englouti, mené et porté pendant 20 ans par Théophile Briant, une épopée éditoriale, un continent de papier qui a révélé le meilleur de la poésie (René Guy Cadou, Milosz, Alain Borne, Marcel Béalu et tant d'autres…), l’ésotérisme : Lotus de Païni, Anne Osmont, Conrad Moricand, Louis Cattiaux, Raoul Auclair, y signèrent des textes ; il y a des études de premier ordre sur Villiers de L’Isle-Adam, Huysmans, Baudelaire, Balzac, Sédir, etc.. des lettres inédites (pour l’époque) de Mallarmé, Tristan Corbière, Jules Laforgue,… et une iconographie parfois exceptionnelle, des notices nécrologiques, biographiques de personnes oubliées ou rares… »
M.G. 

1 - www.latourduvent.org (biographie)
2 - Dictionnaire de la correspondance de L.-F. Céline, Du Lérot, 2012.

Une lecture théâtralisée de Céline les 29 et 30 mars 2014 à Douarnenez

Marcel Jouannaud proposera une lecture des deux premiers chapitres de Voyage au bout de la nuit les 29 et 30 mars 2014 à L'Ivraie de Douarnenez. Souhaitant depuis longtemps se plonger dans les horreurs de la première guerre mondiale, le texte de Céline est « arrivé comme une évidence et j'ai décidé de m'y lancer et d'en faire ma création de l'année », affirme l'artiste. Accompagné de quelques airs d'accordéon, Marcel Jouannaud veut faire découvrir au public « le style unique qui fait de Céline cet écrivain unique, dans ce conte monstrueux et désopilant ».

Samedi 29 à 21h & dimanche 30 mars à 17h

Librairie-café L'Ivraie
Rue Voltaire
29100 Douarnenez

Réservations
09.73.65.03.73

On raconte qu’Homère allait de village en village et qu’il était aveugle. Moi aussi, je raconte des histoires et parfois je joue un peu de musique. Là, ce sont celles des deux premiers chapitres du Voyage au bout la nuit que je vous propose. Ferdinand Bardamu est au cœur de l’évènement qu’on dit fondateur de notre société qu’on dit moderne : la grande guerre. On n’a pas trouvé mieux. Et dans le style unique qui fait de Céline cet écrivain unique, dans ce conte monstrueux et désopilant, on n’a pas fait mieux non plus pour dire ce que c’est, la guerre. On oublie tellement vite…Ou bien c’est celle des autres, là-bas… Pour cela et pour l’évidente oralité de son récit avec laquelle, il faut le reconnaître, l’interprétation est jouissive, Céline est un nouvel Homère. http://marceljouannaud.jimdo.com/

Presse :

vendredi 21 mars 2014

Louis-Ferdinand CÉLINE : « On vous gaspille la sympathie. Je veux plus changer. »

Elle croyait pas aux sentiments. Elle jugeait bas, elle jugeait juste. Pour aller à La Pourneuve nous devions prendre l’autobus. « T’as bien encore cinq minutes ! » que me faisait Gustin. Il était pas du tout pressé. On s’est assis juste au refuge, celui qu’est devant la rampe du Pont.
C’est sur ce quai-là, au 18, que mes bons parents firent de bien tristes affaires pendant l’hiver 92, ça nous remet loin.
C’était un magasin de « Modes, fleurs et plumes ». Y avait en tout comme modèles que trois chapeaux, dans une seule vitrine, on me l’a souvent raconté. La Seine a gelé cette année-là. Je suis né en mai. C’est moi le printemps. Destinée ou pas, on en prend marre de vieillir, de voir changer les maisons, les numéros, les tramways et les gens de coiffure, autour de son existence. Robe courte ou bonnet fendu, pain rassis, navire à roulettes, tout à l’aviation, c’est du même ! On vous gaspille la sympathie. Je veux plus changer. J’aurais bien des choses à me plaindre mais je suis marié avec elles, je suis navrant et je m’adore autant que la Seine est pourrie. Celui qui changera le réverbère crochu au coin du numéro 12 il me fera bien du chagrin. On est temporaire, c’est un fait, mais on a déjà temporé assez pour son grade.
Voilà les péniches... Elles ont un coeur chacune à présent. Il bat tout gros et bourru à plein dans l’écho noir des arches. Ça suffit. Je me désagrège. Je me plains plus. Mais faut pas m’en faire davantage. Si les choses nous emportaient en même temps qu’elles, si mal foutues qu’on les trouve, on mourrait de poésie. Ça serait commode dans un sens. Gustin, question des séductions et des charmes infimes il se rangeait à mon avis, seulement pour l’oubli il se fiait plutôt aux boissons. Bon... Dans ses moustaches à la Gauloise il en restait toujours un peu de la bibine et des regrets...

Louis-Ferdinand Céline, Mort à crédit, 1936.
Disponible sur Amazon.fr.

mercredi 19 mars 2014

Serge PERRAULT (1920-2014)

Serge Perrault professeur
Nous apprenons le décès de Serge PERRAULT (de son vrai nom Serge LEPLAT) ce jeudi 13 mars 2014. Il entrait dans sa 94ème année.

Né à Paris en 1920, il fût danseur à l'Opéra de Paris de 1943 à 1947. Il effectue à partir de 1948 de nombreuses tournées internationales avec les Ballets de Paris de Roland Petit. Après sa carrière d'artiste, il enseignera son art de 1957 à 1987 et sera professeur de pédagogie à partir de 1996. Il fera paraître en 1992 aux éditions du Lérot Céline de mes souvenirs, où il évoquera son amitié avec Céline depuis sa première rencontre en 1941 jusqu'en 1961 où il retrouve le couple Destouches à Meudon. C'est bien sûr la danse qui rapprochera les deux hommes. Les cours que donnent Blanche d'Alessandri-Valdine à cette époque permettront la rencontre :

« Depuis un moment, il est arrivé pour assister au cours. Il le suit avec beaucoup d'attention et par des petits mouvements de tête, très respectueusement, acquiesce sans les commenter, aux remarques de Madame le Professeur. Je ne sais pas encore qu'il est là pour voir Lucette au travail. Lucette Almanzor ! Je la connais un peu depuis que je fréquente le cours. C'est une belle et authentique danseuse : souple, expressive, musicale. La grâce quoi ! [...] je suis plein d'admiration pour sa formidable résistance. Une autre résistance me paraît tout aussi remarquable, c'est celle de ce Monsieur compatissant qui assiste, depuis plus de deux heures, avec une inlassable attention, à nos souffrances. [...] Je n'ai jamais ressenti si fortement une présence, vu un visage, un regard qui expriment si intensément l'intelligence. On me dit que c'est un écrivain. Son nom : Céline. »  

Il parlera toujours avec grande sensibilité et intelligence du style et de l'écriture de Céline, de ses rapports à la danse et aux danseuses. Il participa encore récemment au film documentaire Le Procès Céline (2011) et une intéressante interview a été publiée en annexe du DVD Paris Céline la même année. MG

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« Serge Perrault : je me souviens d'un sourire, d'une âme, d'une modestie, d'un humour, d'une curiosité, d'un savoir, d'une distinction, d'une fidélité, d'une droiture, d'une réflexion, d'une franchise, d'une générosité, d'une sincérité, qui ne plaisaient à certains. »
Eric MAZET

« Il faisait rimer danse avec élégance et, comme Pierre Monnier, donnait à croire que la jeunesse pourrait être éternelle. Merci - aussi - à Céline de nous avoir légué de tels céliniens. »
Jacques LÉGER

lundi 17 mars 2014

« Sang d'encre » : Entretien avec François GIBAULT par Dimitri de LAROCQUE (Lab'TV, 2014)

Entretien de Dimitri de LAROCQUE avec François GIBAULT réalisé à Meudon pour l'émission « Sang d'encre » diffusée sur LAB'TV, WebTV du lycée La Bruyère de Versailles :


samedi 15 mars 2014

Conférence « Louis-Ferdinand CÉLINE et la danse » le 19 mars 2014 à Pantin

Le Centre National de la Danse de Pantin accueillera mercredi 19 mars 2014 à 19h une conférence sur le thème de Céline et la danse organisée dans le cadre du cycle « Danse et littérature ». Une conférence animée par Daniel Dobbels, chorégraphe, danseur et penseur de la danse.
  
Centre National de la Danse de Pantin
1, rue Victor-Hugo
93507 Pantin Cedex
01 41 83 98 98


« Roland Barthes écrit : “Le plaisir du texte c’est ce moment où mon corps va suivre ses propres idées – car mon corps n’a pas les mêmes idées que moi”. Dans cet écart ouvert par le texte, l’idée que le corps a comme tenu en réserve, ne s’abandonne pas seulement à la jouissance, suppose une incarnation dont la danse pourrait être l’une des figures. C’est l’énigme ou le saut de ce prolongement d’une certaine idée de corps que les deux conférences Louis-Ferdinand Céline et la danse et Marguerite Duras et la danse tenteront d’approcher, de circonscrire, de suivre dans leur contextualisation mais aussi dans leurs fantasmes. “Comment faire parler le corps ?”, demande encore Barthes. Cette “question” est, dans son apparente neutralité, à la fois grave et légère, ambiguë et propre à la plus fine responsabilité. » Daniel Dobbels

jeudi 13 mars 2014

Vinicio CAPOSSELA : « Pryntyl » d'après Scandale aux abysses de Louis-Ferdinand CÉLINE




Vinicio CAPOSSELA sera en concert vendredi 14 mars 2014 à 20h30 à la Villa Méditerrannée de Marseille, dans le cadre du cycle « Sous la mer, un monde », avec un spectacle intitulé Marinaio, Profeta e Balena, « folle équipée peuplée de cyclopes et de sirènes, vibrant hommage à la littérature marine, à L’Odyssée d’Homère, au Moby Dick de Melville [Scandale aux abysses de Céline]. Accompagné d’une foule d’instruments éclectiques comme la lyre crétoise, la scie musicale, des coquillages (!), le poète, chanteur et musicien italien à la voix inimitable donne libre cours à son incroyable inventivité, entre blues profond, folklore sarde, musique foraine et requiem symphonique. » www.villa-mediterranee.org.

La « bibliothèque célinienne » de Romuald GALLIER en vente le 28 mars 2014

Lettre de Céline à Romuald Gallier du 5 octobre 1939
Le 28 mars 2014, la maison Alde mettra aux enchères la « Bibliothèque célinienne » de Romuald Gallier (1890-1977).  Pharmacien, créateur de son propre laboratoire pharmaceutique et administrateur de « La Biothérapie », il embauchera le docteur Destouches comme rédacteur pharmaceutique en 1930. 

Deux lettres de Céline et un ensemble de dédicaces, publiées et présentées par Jean-Pierre Latterner dans L'Année Céline 2010, accompagneront dans cette vente un ensemble de volumes hors-commerce, dédicacés, reliés, et notamment « un exemplaire de sa thèse de médecine [estimé 10 000/12 000 €], un exemplaire alfa hors commerce de Voyage [15 000/20 000 €], un exemplaire sur hollande hors commerce, texte intégral, de Mort à crédit [20 000/25 000 €], un des 32 exemplaire de tête sur japon de L'Ecole des cadavres relié en maroquin doublé par Alix [20 000/30 000 €]. » (www.thyssens.com)



Vendredi 28 mars 2014
à 14h - Lots 144 à 164
Salle Rossini
7, rue Rossini
75009 Paris

ALDE
1, rue de Fleurus



lundi 10 mars 2014

Louis-Ferdinand CÉLINE en musique le 14 mars 2014 à Murat (Cantal)

Dans le cadre du festival départemental itinérant de lectures musicales « Par monts et par mots », la médiathèque de Murat accueillera vendredi 14 mars à 19h Michel GENNIAUX (lecture) et Vincent DUBUS (musique) pour une lecture d'extraits de Voyage au bout de la nuit. Entrée libre.


Médiathèque de Murat
18 avenue Hector Peschaud
15300 MURAT
04.71.20.18.54
bibliotheque@mairiedemurat.fr



Pour sa 10e édition, le festival départemental de lectures musicales s’associe à la commémoration nationale du centenaire de la guerre 1914 -1918, qui s’étend sur toute l’année 2014. En cette année particulière, qui marque la date anniversaire du début d’un conflit qui enflamma d’abord l’Europe puis le monde entier, le festival évoquera donc la guerre à travers le regard d’écrivains français et étrangers qui l’ont vécue. La médiathèque de Murat accueillera dans ses locaux Michel GENNIAUX, qu’accompagne en musique Vincent DUBUS. Ils ont choisi de présenter « Voyage au bout de la nuit » de Louis Ferdinand Céline Rendez-vous donc à la médiathèque municipale, à 19h, vendredi 14 mars. Entrée gratuite et ouverte à tous.

dimanche 9 mars 2014

« L’entrée en guerre d’un individu : le cas de Céline » - Séminaire de l'IHA (2 avril 2012)

L'Institut Historique Allemand organise régulièrement manifestations et rencontres sur la recherche en histoire en France et en Allemagne. Une journée d'étude a été consacrée à Céline le 2 avril 2012 dans le cadre du séminaire de recherche mensuel organisé par l’EHESS « La Première Guerre mondiale, guerre du XIXe, guerre du XXe siècle ». Autour de quatre interventions, d'Henri GODARD (Université Paris IV-Sorbonne), FabriceVIRGILI (CNRS/IRICE), Odile ROYNETTE (Université de Franche-Comté) et de Christophe PROCHASSON (EHESS), a été disséqué « L’entrée en guerre d’un individu: le cas de Céline ». www.dhi-paris.fr



samedi 8 mars 2014

Claude SIMON : « Céline ? Je le place très haut »

Claude Simon en 1961
« Céline ? Je le place très haut. Et je l’ai dit depuis longtemps. Il y a plus de vingt ans, la Télévision sarroise est venue à Paris. Ils ne trouvaient personne pour parler de Céline. J’ai dit : « Mais oui. » Il n’y a que moi qui en ai parlé. Proust et Céline, ce sont les deux grands écrivains français de la première moitié du XXe siècle. Je me souviens qu’on me disait de Céline que c’était un salaud. J’ai dit : « Un salaud ? En art, ça ne veut rien dire, salaud. » Pourquoi est-ce si extraordinaire ? Parce que c’est très bien écrit. Parce qu’il y a une musique, parce qu’il y a une cadence. Voilà ! C’est tout.»

Conversation entre Claude SIMON et Philippe SOLLERS, Le Monde des Livres, 19 septembre 1997.

vendredi 7 mars 2014

Le Bulletin célinien n°361 - mars 2014

Vient de paraître : Le Bulletin célinien n°361. Au sommaire :

- Marc Laudelout : Bloc-notes (« Le Festin des loups »)
- Robert Le Blanc : Céline et les hommes de Marianne. Berl, Malraux, Fernandez
- Éric Mazet : Embarquement pour l’apocalypse. Janvier – décembre 1929

Le Bulletin célinien, c/o Marc Laudelout, Bureau Saint-Lambert, B. P. 77, BE 1200 Bruxelles.
Courriel : celinebc@skynet.be. Abonnement annuel (11 numéros) : 55 €.

samedi 1 mars 2014

Le Petit Célinien - Lettre d'actualité n°51

Pour recevoir gratuitement par courriel à chaque parution notre lettre d'actualité, laissez-nous votre mail à l'adresse habituelle : lepetitcelinien@gmail.com.

Le Petit Célinien - Lettre d'actualité n°51.
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CÉLINE au cinéma : L'Horloger de Saint-Paul (1974) et La banquière (1980)

Nombreux sont les réalisateurs a avoir placé dans leurs films des références discrètes à Céline. Récemment encore dans la Grande Bellazza en Italie, et dans Starbuck au Canada. En voici deux autres exemples, le premier tiré du film L'Horloger de Saint-Paul, réalisé par Bertrand Tavernier à partir d'un roman de Georges Simenon, sorti en 1974 avec Philippe Noiret et Jean Rochefort. On peut y voir épinglée au mur d'une chambre une citation d'un certain F. Céline : « moi j'aime pas la guerre parce que la guerre ça se passe à la campagne et la campagne ça m'emmerde ». Le second est extrait du film La Banquière de Francis Girod (1980) avec notamment Romy Schneider, Claude Brasseur et Jean Carmet. Au début du film, on découvre passage Choiseul une boutique au nom de « Céline Destouches, mercière » qui nous rappelle quelqu'un...


L'Horloger de Saint-Paul (1974) :




La banquière (1980) :



Aussi :
> Lola et ses frères (2017), réalisation Jean-Paul Rouve
Je vais te manquer (2008) d'Amanda Sthers
> Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais... elle cause ! (1970) de Michel Audiard
> La femme flic (1980) d'Yves Boisset
> C'est quoi cette famille (2016)
> Les Amants du Pont-Neuf (1991) de Leos Carax
> La cérémonie (1995) de Claude Chabrol
> Sur la route (2012) de Walter Sallers
> Dans la maison (2012) de François Ozon
> Starbuck (2012) de Ken Scott
> Laurence Anyways (2012) de Xavier Dolan

Sur le sujet :
> Secrets dans l'île, un scénario de Céline pour le cinéma
> Abel GANCE et l'adaptation au cinéma du "Voyage" (1994)
> Renoir répond à Céline (Ce Soir, 20 janvier 1938)
> Le jour où Renoir a parlé à Céline (Le Nouvel Observateur, 2012)
> Céline figurant dans Tovaritch de Jacques Deval (1935)
> Les livres qui tuent (téléfilm sur l'assassinat de Robert Denöel)