dimanche 31 mars 2013

Concert : « A l'agité du bocal » par l'ensemble ARS NOVA (2013)

Pour fêter les 50 ans de l'ensemble de musique contemporaine Ars Nova, Bernard Cavanna a adapté le texte de Céline « A l'agité du bocal », « bousin pour trois ténors dépareillés et ensemble instrumental ». Cette création est précédée par la reprise de compositions de Bernard Cavanna et Marius Constant, fondateur de l'ensemble Ars Nova, Fauve pour violon solo, Pompes et Pistons, Gouttes d’or Blues pour saxophone solo, ensemble de six saxophones et bande magnétique et Concerto pour orgue de Barbarie et orchestre. Un concert enregistré le 7 mars au Théâtre Auditorium de Poitiers (TAP) et diffusé le 11 mars 2013 sur les ondes de France Musique. Le concert est suivi du Magazine de la contemporaine présenté par Arnaud Merlin avec les reportages de Pierre Rigaudière et l'interview "sur le vif" de Jean-Pierre Derrien :

1ère partie
Fauve pour violon solo ; Pompes et Pistons ;
Gouttes d’or Blues pour saxophone solo, ensemble de six saxophones et bande magnétique ;
 Concerto pour orgue de Barbarie et orchestre


2ème partie
A l'agité du bocal 


3ème partie
Le magazine de la contemporaine



A l’agité du bocal
Ténors : Paul-Alexandre Dubois, Patrick Laviosa, Euken Ostolaza
Ars Nova sous la direction de Philippe Nahon: Eric Lamberger, clarinette, Jacques Charles, saxophone, Patrice Petitdidier, cor, Fabrice Bourgerie, trompette, Patrice Hic, trombone, Philippe Legris, tuba, Pascal Contet, accordéon, Isabelle Cornélis, Didier Plisson, percussions, Bénédicte Trotereau, violon, Alain Tresallet, alto, Isabelle Veyrier, violoncelle, Tanguy Menez, Bernard Lanaspèze, contrebasses, Michaël Cozien, Quentin Viannais, cornemuses, Pierre Charial, orgue de barbarie, Mihaï Trestian, cymbalum.

A lire :  

Échos céliniens...

> Andrea Lombardi animera une conférence le 6 avril 2013 à Bologne (Italie) : "Viaggio al termine dell'Apocalisse - Vita e opere di Louis-Ferdinand Céline", à partir de 17h à Elettre, Via Malvolta 16. http://lf-celine.blogspot.fr/.

> Jean-Pierre Dauphin est décédé le 16 mars dernier à Paris. Pionnier des recherches céliniennes, il est l'initiateur des séries « Cahiers Céline » et « Textes et documents » et notamment l'auteur d'une Bibliographie des écrits de Céline (1985) et d'une Bibliographie des articles de presse et des études en langue française consacrés à L.-F. Céline (2011). Source : www.thyssens.com.

> Concert : L'ensemble de musique contemporaine Ars Nova jouera de nouveau A l'agité du bocal, adaptation par Bernard Cavanna du texte de Céline le mercredi 22 mai 2013 à Vitry-sur-Seine (20h30). Tous les détails sur www.alamuse.com.

> Concert (bis) : Après son passage à l'IMEC, Guy Abgrall se produira le mardi 16 avril 2013 au théâtre Jean Bart de Saint-Nazaire à 20h30 pour un concert-lecture du texte de Sture Dahlström Je pense souvent à Louis-Ferdinand Céline (Ed. Le Serpent à plumes, 1994) sur une  musique originale de Christopher Bjurström. Avec Christopher Bjuström (composition et piano), Mickaël Seznec (contrebasse) et Guy Abgrall (lecture). Contact : 02 44 73 43 40. www.mairie-saintnazaire.fr.

mercredi 27 mars 2013

Le Petit Célinien - Lettre d'actualité n°39

Pour recevoir gratuitement par courriel à chaque parution la lettre d'actualité du Petit Célinien, laissez-nous votre mail à l'adresse habituelle : lepetitcelinien@gmail.com.

Le Petit Célinien - Lettre d'actualité n°39.
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lundi 25 mars 2013

Échos céliniens...

> Suisse : Neue Bürcher Zeitung consacre un papier à la traduction allemande du Céline de Philippe Muray paru aux éditions Matthes & Seits en 2012. A lire sur www.nzz.ch.

> Hélène Biard évoque dans un article paru sur le site wwwclassicnews.com le concert « A l'agité du bocal » de l'ensemble Ars Nova du 7 mars dernier. Extrait : « Après la pause, débute le second concert qui voit la création de la nouvelle oeuvre de Bernard Cavanna : À l'agité du bocal. Le compositeur qui reconnait "avoir abordé l'oeuvre de Céline à plus de quarante ans principalement à cause de son passé collaborationniste" s'est basé sur l'oeuvre éponyme de Louis Ferdinand Céline (1894-1961). Bernard Cavanna nous précise : "J'avais envie depuis longtemps de composer une musique sur le texte de Céline, et la commande d'Ars Nova est arrivée au bon moment". Le texte est repris tel quel, sans coupures, dans toute sa dureté crue et sombre; le pamphlet contre Sartre, que Céline appelle volontairement Jean-Baptiste Sartre puis JBS, répond avec virulence au philosophe qui condamnait sans fard l'écrivain raciste, antisémite et collaborateur notoire. Pour cette oeuvre Cavanna, qui parle d'un "bouzin pour instruments et trois ténors dépareillés" a convoqué un ensemble de dix-huit musiciens, dont deux cornemuses et un accordéon, et trois ténors; on comprend rapidement pourquoi il faut autant de chanteurs : la musique est tendue et très exigeante pour la voix. Comme le reconnait Bernard Cavanna lui même : "Il était impossible de distribuer le texte à un seul chanteur, qui serait sorti de scène épuisé. J'ai donc décidé de confier la partie chantée à trois artistes". La création de A l'agité du bocal n'a laissé personne indifférent tant parmi les musiciens, très enthousiastes, que parmi le public qui a chaleureusement accueilli, et les artistes et le compositeur. »

> Paris & Meudon : Une sortie « sur les pas de Céline » est organisée le samedi 30 mars 2013 à Paris par le Comité Est de l'Union Artistique et Intellectuelle des Cheminots Français (UAICF). Rendez-vous est donné sur le parvis de l'Opéra à 10h. La deuxième partie de cette promenade se passera à Meudon le dimanche 14 avril 2013. Renseignements : jeanpaulvillerme@aol.com. http://comiteest.canalblog.com/.

> Philippe Fourest, Professeur de littérature, critique, essayiste et romancier, s'interroge pour Le Nouvel Observateur sur les rapports entre autofiction et vie privée. Il cite Céline en fin d'article : « Et, comme en témoigne ce qu'on appelle désormais l'autofiction, il le fait vraiment à ses risques et périls. En faisant ainsi de sa vie un roman, l'écrivain offre une image de lui-même au regard des autres. Et il vaut mieux qu'il réussisse littérairement son coup. Sinon la sanction sociale est assez impitoyable. L'enjeu est moral. C'est pourquoi, même si cette position apparaît aberrante aux yeux de certains, j'ai toujours défendu l'idée que le roman se situait du côté du Bien. Barthes le disait à la fin de sa vie: la morale du roman dépend de cette parole de compassion universelle qui résonne à la fin de tous les vrais livres. Cela vaut, expliquait-il, pour Proust, pour Tolstoï. J'ajouterai que cela vaut pour tous les authentiques écrivains - même pour Céline, par exemple. On peut le démontrer aussi. Mais alors on est très loin de ces textes qui se travestissent en romans vécus à seule fin d'user de la littérature comme d'une caution creuse sous couvert de laquelle régler des comptes personnels et cultiver une image avantageuse de leur auteur. »

> Livre : Le défile des réfractaires de Bruno de Cessole, paru initialement chez L'Editeur en 2011, vient de sortir en édition de poche chez Perrin dans la collection Tempus. Un chapitre est consacré à Céline dans cette série de portraits d'écrivains. Commande possible sur Amazon.fr.

> Qui sont vos trois auteurs préférés ? Louis-Ferdinand Céline, Michel Houellebecq et Orhan Pamuk, répond François Lepage, Docteur en logique, professeur de philosophie depuis 1986 à l’Université de Montréal et romancier. Metro, 19 mars 2013.

> Jérémie Szpirglas revient pour le site Mouvement sur l'adaptation musicale d'A l'agité du bocal par Bernard Cavanna. Extrait : « offre à l’ensemble, en guise de cadeau, une création singulière : À l’agité du bocal. Le projet seul suffit à mettre l’eau à la bouche, le compositeur s’emparant en effet d’un texte et d’un auteur (Louis-Ferdinand Céline) pour le moins controversés. En novembre 1947, alors qu’il est en exil au Danemark, poursuivi (et condamné) pour ses faits de collaboration, Céline répond au Portrait d’un antisémite qu’a dressé de lui Jean-Paul Sartre par un pamphlet violent, À l’agité du bocal. Il y met toute sa verve, sa truculence, son aigreur et sa méchanceté aussi. Le tout dans un style pour le moins ravageur – ce fameux style que Céline appelle sa « flûte », et qui dit parfaitement ce que suppose de petite musique l’écrit littéraire. C’est cette violence mêlée de beauté et de grâce qui a inspiré à Bernard Cavanna une oeuvre lyrique hybride et puissante, dans lequel le génie de l’écrivain est célébré. Tout en se gardant bien de prendre parti pour ou contre l’homme politique… Sous-titré « bousin », c’est-à-dire tintamarre, farce, foire (on y entend un accordéon, des cornemuses, et même un orgue de barbarie !), « pour trois ténors dépareillés » – le premier chante souvent en voix de fausset, le deuxième se laisser aller au lyrique dans une veine de pur bel canto, et le dernier pousse régulièrement de joyeux jodles –, A l’agité du bocal pourrait ici tout aussi bien s’appeler À l’agité du vocal. Il ne ressemble en effet à rien d’autre – sinon aux oeuvres précédentes de Cavanna, comme le Karl Koop Konzert (www.youtube.com), dont il reprend une partie du matériau, comme pour mieux inscrire l’oeuvre dans l’Histoire en la teintant de l’histoire personnelle du compositeur. C’est une oeuvre à la fois sensible et jubilatoire. L’écriture en est fouillée, mouvementée, à la fois spontanée et travaillée. Cavanna se refuse à toucher au texte lui-même, pour ne rien bouleverser de sa tonitruante petite musique. Il préfère lui imaginer un décor musical, magnifique et éloquent, tout en l’éclatant comme un faisceau lumineux au travers d’un prisme coloré. Cavanna diffracte la langue de Céline en palabres et éructations diverses et variées. Il ne se prive pour l’occasion d’aucun exercice de style : Jig plus ou moins celtique, blues, Kabarett-Song, marche de la Wehrmacht, foutoir forain, brouillage nazi (forme musicale typiquement cavannienne et intraduisible en français) – le désordre est joyeux, les fusées du feu d’artifice explosent en tout coin du ciel, et l’oeuvre n’en reste pas moins d’une cohérence captivante. S’il prend un malin plaisir à rappeler avec l’écrivain le passé de guerre plus ou moins glorieux de Jean-Paul Sartre (surnommé Jean-Baptiste Sartre par Céline, qui va jusqu’à réduire le nom de son accusateur à un simple J.B.S., trois lettres dont la traduction en morse constitue en partie la trame rythmique de la pièce musicale), Cavanna rappelle aussi en contrepoint, au moyen de citations musicales plus ou moins discrètes, l’engagement de Céline, son antisémitisme forcené. OEuvre coup de poing, A l’agité du bocal version Cavanna interroge également, sans en avoir l’air, le statut ambivalent de Céline dans notre société contemporaine. »

samedi 23 mars 2013

Théâtre : escales bretonnes pour Stanislas de LA TOUSCHE les 28 & 29 mars 2013

Après Saint-Malo, c'est au tour de Guingamp et Rennes d'accueillir Stanislas de la Tousche pour son spectacle « Y'en a que ça emmerde qu'il y a des gens de Courbevoie... ? » les 28 et 29 mars 2013. Un spectacle construit à partir de Féerie pour une autre fois, D'un château l'autre, Rigodon et des derniers entretiens. Une interprétation magistrale, un moment unique à ne pas manquer !


Jeudi 28 mars 2013 
19h30
Librairie Mots & Images
10 rue Saint Yves
22200 Guingamp
 Réservations : 02 96 40 08 26


Vendredi 29 mars 2013
20h30
Le Dahlia Noir
18 quai Emile Zola
35000 Rennes
Informations : 02 99 79 49 12

jeudi 21 mars 2013

« Louis-Ferdinand Céline, le retour » - Séminaire mensuel du CRIST - 26 octobre 2012 (Montréal)

Le CRIST, Centre de recherche interuniversitaire en sociocritique des textes, a consacré la séance de son séminaire mensuel du 26 octobre 2012 à Céline. Yan Hamel analyse un extrait de Guignol’s Band II : «Touit-Touit, that's the way to be!» ; Bernabé Wesley s'interroge sur les rapports entre récit et histoire : «"Coudre tout de traviole" : l’oeuvre de Céline et la crise de la fiction dans l’après-guerre».

Yan HAMEL « Touit-Touit, that's the way to be! »
Yan Hamel analyse un extrait de Guignol’s Band II : le passage mouvementé de Ferdinand, de la jeune Virginie et du revenant Mille-Pattes dans « un club de nuit, quelque tripot…» — le « Touit-Touit Club » — où la musique de jazz provoque le déchaînement orgiaque des clients et des protagonistes. Il montre comment la poétique célinienne du jazz se construit avec la récupération et la fusion problématique de deux types de discours contradictoires qui circulaient, en France, entre les deux guerres mondiales : celui des détracteurs du jazz (Camille Mauclair, Georges Duhamel, Lucien Rebatet, etc.) et celui des intellectuels et des artistes réceptifs à cette musique (Jean Cocteau, Darius Milhaud, Michel Leiris, Jean-Paul Sartre, etc.).





Bernabé WESLEY : « "Coudre tout de traviole" : l’oeuvre de Céline et la crise de la fiction dans l’après-guerre »
Nous connaissons principalement l’histoire comme un récit. Mais quel récit est chargé de transmettre l’histoire et quelle histoire nous raconte les récits ? Qu’est-ce qui est induit par le type de narration que l’on choisit et à quels effets de sens cela donne lieu ? Inspirée par les travaux de Paul Ricœur sur la narrativité, cette interrogation sur les rapports entre récit et histoire part d’une analyse des nouvelles formes de narration présentes dans la trilogie allemande de L.-F. Céline. D’un château l’autre, Nord et Rigodon présentent en effet des modes de narrativité qui se distinguent d’un récit aristotélicien canonique. Notre analyse montre comment cette narrativité inédite s’enracine dans une réflexion historiographique qui part du constat que l’histoire est asservie à sa propre exigence d’ordre : avant même d’être instrumentalisée, elle est pensée et mise en forme d’après des principes de successivité, de causalité logique et d’orientation vers une finalité. Cette chronique « de bric et de broc » s’écrit contre la lisibilité factice de l’histoire que présente le modèle du récit classique.

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mercredi 20 mars 2013

« Louis-Ferdinand Céline : visionnaire aveugle du XXè siècle » par Mariano DUPONT

L'écrivain Mariano Dupont animera quatre rencontres autour de Céline, qui retraceront la vie de l'écrivain, du 3 au 24 avril 2013 de 19 à 21h au Besares Club de Cultura à Buesnos Aires (Argentine). www.besaresclub.com.


3 avril 2013 : Les origines
Una biografía sucinta. Céline y la medicina. Semmelweis. ¿Para qué escribir? Viaje al fin de la noche: meditaciones ante una calavera. Publicación y recepción. Celebridad. Misantropía celiniana: Homenaje a Zola. Muerte a crédito: una novela de mala educación. Los puntos suspensivos. El comienzo de la desconfianza: ¿quién es Céline?

10 avril 2013 : Littérature de combat
Viaje a la URSS. Las ilusiones perdidas. Mea culpa: un panfleto peligroso. Céline y el compromiso. Bagatelles pour un massacre: un adoquín a la cabeza. 70 mil ejemplares vendidos. El antisemitismo: una pasión francesa. Genealogía de un delirio. Céline antisemita. Un colaboracionista a contrapelo. “Yo soy el chivo.”

17 avril 2013 : L'exil
Cartas de defunción y pequeños ataúdes. París-Sigmaringen-Copenhagen. El arresto. Céline: un condenado muerte. Cartas de la cárcel: un temporada en el infierno. A orillas del Mar Báltico. Perros y gatos. Primeras versiones de Fantasía para otra ocasión. Milton Hindus: un profesor de visita. Correspondencia.

24 avril 2013 : La morale du bouffon
Volver. Fantasía para otra ocasión I y Normance: los modos del fracaso. Céline y el dinero. El arte de insultar: las cartas a la N.R.F. Entrevistas con el profesor Y: el autobombo como una de las bellas artes. De un castillo a otro y Norte: crónicas de un hombre solo. Opiniones de un payaso. La risa. Divagaciones a través de un paisaje. Últimos suspiros: Rigodon.


Mariano Dupont est né à Buenos Aires en 1965. Il a publié les romans Aún (Premio Emecé 2003) y Ruidos (Santiago Arcos, 2008) et les livres de poèmes Quique (Ediciones cada tanto, 2003), Pampa trunca (Ediciones cada tanto, 2004), Nanook (Ediciones cada tanto, 2010) y Marcola (Ediciones cada tanto, 2011). De 2000 a 2008, il a été éditeur de la revue Los Inrockuptibles. A participé au groupe d'édition Kilómetro 111, essai sur le cinéma, revue dont c'était l'un des fondateurs. Depuis quelques années, il coordonne des ateliers de lectures et d'écritures. Il a traduit Louis-Ferdinand Céline, Honoré de Balzac, William S. Burroughs, Arthur Cravan, entre autres.

lundi 18 mars 2013

« Nostalgies dans l'oeuvre de L.-F. CÉLINE » - Colloque des vingtièmistes - Mars 2013 - Atlanta (USA)

Le prochain colloque international des « 20th and 21st Century French and Francophone Studies », qui aura pour thème « Trace(s), Fragment(s), reste(s) », se tiendra du mercredi 27 au samedi 30 mars 2013 à Atlanta. Une session sera consacrée à Céline le samedi 30 mars sur le thème des « Nostalgies dans l'oeuvre de L.‐F. Celine ». Quatre interventions sont au programme :

Nostalgies dans l'oeuvre de L.‐F. Celine

• Veronique Flambard‐Weisbart (Loyola Marymount University)
Le rendu émotif ou la trace du silence animal

• Sven Thorsten Kilian (Université de Potsdam)
La trace de l’événement dans la poétique de Louis‐Ferdinand Céline

• Anne‐Catherine Dutoit (Arizona State University)
Tracing the Tsarist past : Céline’s nostalgic féerie in Bagatelles pour un massacre

• Francois‐Xavier Lavenne (Université Catholique de Louvain)
                                                                                                         Ruines du passé, traces de l’avenir



lundi 11 mars 2013

Échos céliniens...

> Revue : Le 8è numéro de la Revue de la Bibliothèque Nationale de France (2001) a consacré 10 pages à Céline en publiant quelques pages inédites du manuscrit de Voyage au bout de la nuit. Présentation et analyse signés Henri Godard. Un numéro toujours disponible (21,34 €) sur www.editions.bnf.fr, publié à l'occasion de l'acquisition du manuscrit par la BnF pour 11 millions de francs en mai 2001.

> Musique : Claude Nougaro évoque Céline dans sa chanson « Les Points » tiré de l'album Chansongs (1993). A écouter sur www.musicme.com.

> Céline/TardiLe livre et ses espaces a paru aux Presses universitaires de Paris Ouest en 2007. Dans ce recueil de travaux universitaires, un texte est consacré à l'étude de l'adaptation de Céline par Tardi : « L’illustration, une ouverture dans la page vers des ailleurs du texte : étude de l’adaptation de Louis-Ferdinand Céline par Jacques Tardi ». A lire sur www.books.openedition.org.

> Christophe Malavoy confirme lors d'une interview publiée le 11 mars 2013 ses difficultés à monter un film sur Céline : « J'essaie de monter un film sur Louis-Ferdinand Céline, avec Jacques Dutronc dans le rôle-titre, mais il a du mal à voir le jour... ». www.tvmag.lefigaro.fr. Sur le sujet, voir aussi notre entretien du 14 novembre 2011. 

> PresseLa Nouvelle République revient sur le concert composé à partir du texte A l'agité du bocal par Bernard Cavanna, joué par l'ensemble Ars Nova le 7 mars dernier à Poitiers : « Rebelote jeudi avec "A l'agité du bocal", nom emprunté au texte de Louis-Ferdinand Céline qui sert de base à ce concert chanté. Un pamphlet critique sur Jean-Paul Sartre, que Céline a rebaptisé Jean-Baptiste Sartre, pour l'occasion. En introduction, Bernard Cavanna est monté sur scène pour présenter son œuvre dont la première avait donc lieu ce soir-là. Le public a pu découvrir l'homme, tout aussi drôle et agité que sa musique : « J'ai donné à cette création le sous-titre " Bousin pour trois ténors dépareillés et orchestre de foire " ». Il n'aura en effet pas fallu plus d'une mesure pour être amusé par ces ténors aux personnalités désaccordées, comme par l'orchestre d'Ars Nova qui a hébergé pour l'occasion un orgue de barbarie, un accordéon chromatique ou encore deux cornemuses… Une farce à prendre au second degré qui sied bien au texte on-ne-peut-plus scatologique qu'il était aisé de comprendre grâce au surtitrage installé dans les hauteurs de scène. Peut-être l'auditorium n'avait-il d'ailleurs jamais résonné sous tant d'invective et de trivialité… que nous ne saurions reproduire ici.  » www.lanouvellereublique.fr, 9 mars 2013.

jeudi 7 mars 2013

Passé Présent, le Moyen Âge dans les fictions contemporaines (2009)

Les Presses de l'ENS ont publié en 2009, sous la direction de Nathalie Koble et Mireille Séguy, Passé présent, Le Moyen Âge dans les fictions contemporaines, recueil de textes se penchant sur la résurgence des références aux Moyen Âge dans la pensée et la culture contemporaines. Virginie Lérot, Enseignant-chercheur à l'Université de Bourgogne, s'est attachée à Céline avec un article intitulé  « Céline, prophète des Apocalyses. Le Moyen Âge de Guignol's Band ».

Quatrième de couverture
Que penser de l’ampleur des résurgences actuelles du Moyen Âge ? Pourquoi sont-elles souvent le fait d’œuvres expérimentales ? En explorant les domaines du récit littéraire, du théâtre et du cinéma, cet ouvrage analyse comment, tout en revendiquant le brouillage des références et la discontinuité de leurs emprunts, des œuvres de fiction contemporaines exaltent les caractéristiques majeures de la poétique médiévale : reprises par variation et combinaisons formelles, vibration de la voix et du corps, souffle d’une langue jeune, puissance inventive de la mémoire. Réunissant commentaires sur des œuvres et entretiens avec des écrivains d’aujourd’hui (Valère Novarina, Florence Delay, Jacques Roubaud), Passé présent nous fait comprendre la force des formes, leur rôle dans la création, et nous éclaire sur ce qui lie l’innovation à la tradition, les époques antérieures à l’invention artistique. Nous sommes ainsi invités à nous interroger sur ce qui, du Moyen Âge, nous importe ici et maintenant, et contribue à dessiner l’espace de notre « contemporain ». 

Nathalie KOBLE et Mireille SÉGUY (dir.), Passé présent, Le Moyen Âge dans les fictions contemporaines, Éditions Rue d'Ulm, 2009.
Commande possible sur Amazon.fr


Consulter le sommaire complet : 
www.presses.ens.fr

mercredi 6 mars 2013

« L'Apoplexie méridienne » : La partie africaine de Voyage au bout de la nuit du 12 au 16 mars 2013

La Compagnie AB & CD Productions proposera de nouveau son adaptation de Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline à Toulouse. Pour ces nouvelles représentations, c'est le théâtre du Grand Rond qui accueillera la troupe du 12 au 16 mars 2013. Avec : Antoine Bersoux (comédien) et Gahé Bama (danseur), mise en scène Chloé Desfachelle, création lumières Clélia Tournay. Durée 1h15. 


Après avoir réussi à s’échapper de « cet abattoir international en folie », (la guerre de 14/18 selon la formule Célinienne), Bardamu découvre l’Afrique, ce continent noir de l’imaginaire. Entre fausses découvertes et vraies désillusions l’Afrique lui donne la fièvre et fait ressurgir Robinson, cette sorte de double qui le précède partout dans la nuit.

Au lieu de la richesse attendue c’est la découverte de la colonisation, de l’Afrique et de son bruit assourdissant, de l’esclavage. Le « nègre », tout comme lui est tout en bas de l’échelle sociale et se retrouve exploité par les actionnaires des compagnies commerciales et par les « nègres » eux-mêmes. Le monde ne se découpe pas en blancs et noirs mais entre exploitées et exploiteurs. 

Après avoir monté le premier volet de « Voyage au bout de la nuit » de L. F. Céline (La guerre, l’arrière, la traversée à bord de l’Amiral Bragueton) en 2010, la compagnie AB & CD Productions attaque la partie africaine de l’ouvrage. Une partie qui forme à la fois un voyage initiatique et une plongée dans l’Afrique coloniale du début du siècle. L’enjeu restant toujours de faire entendre la verve Célinienne où le tragique côtoie sans cesse l’absurde et le burlesque... Pour rendre compte de cette trajectoire africaine, un blanc et un noir comme un double l’un de l’autre, comme deux continents qui se rencontrent.


Théâtre du Grand Rond
23 rue des Potiers
31000 Toulouse
Tél. : 05 61 62 14 85

dimanche 3 mars 2013

Louis-Ferdinand CÉLINE : « La critique italienne » par Paolo CARILE (1988)

La fortune littéraire de Céline en Italie est désormais chose acquise, elle est fondée sur un intérêt à peu près constant de la critique, des éditeurs, de la presse et d'une partie considérable des lecteurs de mon pays depuis au moins un quart de siècle. J'en ai retracé I'historique à trois reprises, en 1969, cn 1974 et en 1976 (1), il est donc inutile de répéter ce que j'ai déjà exposé.
Dix ans après le dernier bilan on ne peut que conlirmer que I'auteur de Voyage demeure l'écrivain français contemporain le plus cité dans la presse(1), le plus traduit (2), celui dont on parle le plus souvent dans des émissions de radio et de télévilion et dont on a tiré le plus grand nombre d'adaptations théâtrales (3), Céline, « personnage maudit », « cas littéraire », symbole ambigu de révolte, pour différentes raisons continue à attirer l'attention, à faire parler de lui et de son oeuvre.
Si l'analyse de cette fortune italienne (4) et de son évolution a fait l'objet de mes études précédentes, il reste maintenant à l'interroger surtout sur les raisons qui ont pu faire de l'Italie le pays où l'oeuvre de Céline a été le plus favorablement accueillie et sur les caractéristiques spécifiques d'une telle fortune.
En effet, Céline, l'homme du Nord qui n'aimait pas le soleil, le barde celte possédé par un tropisme septentrionale n'éprouvait aucune attirance pour les pays méditerranéens. Il avait même échafaudé une sorte de théorie imaginaire opposant au « complexe thématique négatif : soleil-chaleur-relâchement-liquéfaction » (6) décadence, qui caractériserait, selon lui, le Sud, un ensemble de valeurs positives « froid-pâleur-dépouillement-solidité-durée » localisé dans les pays du Nord. Cependant, l'écrivain reçoit, paradoxalement, sa plus remarquable consécration littéraire posthume dans un pays méridional, tout à fait étranger à son inspiration (7) et qu'il n'avait visité qu'une seule fois, fugitivement, dans sa jeunesse, avant d'entreprendre sa carrière littéraire.
Si l'on s'intéresse à l'évolution des goûts littéraires, des idées, des relations interculturelles, aux mutations de la psychologie profonde des peuples, aux politiques des maisons d'édition des pays occidentaux pendant ces dernières décennies, il est peut-être utile de dessiner la carte de la réception critique d'un grand écrivain dans les différents pays et de tenter d'établir les causes qui ont produit telle ou telle variation dans son accueil.
Un écrivain comme Céline peut constituer un cas emblématique, par la singularité de son existence et le caractère exceptionnel de son oeuvre qui se situe au centre même des questions que notre époque se pose, par les vives réactions que suscitent encore certains de ses écrits qui renvoient à la période la plus trouble de l'histoire récente de son pays. Une période dont, somme toute, l'Europe actuelle a hérité bien des contradictions et des ambiguïtés, mais dont elle a perdu (est-ce un bien ou un mal je ne saurais le dire), la plupart des illusions, des certitudes présumées.
L'oeuvre de Céline se situe donc à un carrefour historique et constitue un carrefour littéraire. À travers elle, comme à travers celle de Proust, de Joyce et de Kafka, passent les nouvelles voies où parfois s'engage le roman moderne. Le problème de sa réception est par conséquent un des grands problèmes de la littérature comparée actuelle. Sans vouloir l'affronter de manière rigoureuse et exhaustive dans un article de ce genre, je me contente, au moins de le poser et de fournir quelques éléments pour une meilleure compréhension.
On peut se demander pourquoi l'Italie occupe une place si particulière dans la réception de l'auteur de Mort à crédit. De façon tout à fait générale, à mon avis, ce succès est certainement lié à l'histoire récente de ce pays et à la manière particulière dont elle a été vécue par rapport aux autres grandes nations européennes (8). Les Italiens aussi ont été confrontés au fascisme et à l'antisémitisme, qui constituent les thèmes implicites ou explicites de l'oeuvre célinienne auxquels les lecteurs des autres pays semblent réagir plus vivement, mais les habitants de la péninsule les ont vécus d'une façon moins dramatique, moins déchirante ; probablement sans des bouleversements émotifs aussi profonds qu'en France ou qu'en Allemagne.
Ce qui explique qu'ils n'ont pas senti le besoin, la guerre terminée, de tourner la page d'une façon aussi brusque et radicale, en rejetant en bloc tout ce qui pouvait se rapporter de près ou de loin à l'expérience passée, y compris, en l'occurrence, l'oeuvre d'écrivains remarquables.
L'Italie des années Soixante a tendance à ne pas trop s'embarrasser de son passé ou bien à le regarder sans complexes. Engagée à achever sa reconstruction, elle est surtout tournée en avant, pour s'ouvrir économiquement et culturellement au monde. Elle veut gagner le temps perdu, sortir de sa « marginalisation » d'avant-guerre. Elle ne se sent pas coupable ou gênée et a tendance à charger des erreurs de son passé récent la classe politique du régime qu'elle a défenestrée.
L'Italie de l'époque est donc un pays disponible envers tout ce qui paraît intéressant ou nouveau dans la mode, les arts, la musique, le cinéma et la littérature.
Bien entendu ce que je viens de dire est très schématique mais peut être suffisant pour comprendre dans quel contexte général se situe le « repêchage » d'un écrivain qui, avant la guerre avait déjà fait une apparition éphémère grâce à la traduction de Voyage et de Bagatelles. Contexte général qui me semble différer sensiblement de celui des autres pays européens. En Allemagne, par exemple, Céline reste encore relativement inconnu pour le grand public et les spécialistes qui l'étudient se comptent sur les doigts de la maine (9) bien que cette nation se trouve au centre de l'inspiration d'une grande partie de ses romans d'après-guerre. L'explication doit se trouver dans le processus de refoulement dont Céline a dû être l'objet ainsi que tout ce qui concerne la sombre époque nazie. L'Allemagne des années Soixante n'a pas encore réglé ses comptes avec son passé, elle tente alors de l'oublier. Ainsi que l'a remarqué Philippe Alméras, un complexe de culpabilité et le réflexe démocratique se conjuguèrent pour établir une sorte de conjuration du silence vis-à-vis d'une oeuvre qui, évoquant la débâcle du troisième Reich, rappelait l'horreur de cette page d'histoire. Ce n'est que tout récemment que l'intérêt pour Céline s'est accru et que l'on commence à le lire en faisant abstraction des implications idéologiques du cauchemar qu'il évoque.
L'Espagne franquiste, fermée sur sa culture clérico-fasciste, méfiante vis-à-vis de la production littéraire française, ne pouvait certes pas être le pays qui contribuerait à la diffusion d'un écrivain aussi déroutant, aussi iconoclaste que Céline (10). Là aussi ce ne fut qu'après la mort du Caudillo et grâce au mouvement de libéralisation culturelle qui en suivit, que Céline prit place parmi les auteurs étrangers les plus traduits. Si son oeuvre, éditée en partie même dans des collections de poche, doit avoir une audience non négligeable, la réception critique par contre, ne dépasse pas encore, à ma connaissance, les articles de journaux et les préfaces à certaines traductions. Les travaux universitaires importants font défaut. Il m'est difficile d'expliquer, dans le climat actuel, cette inattention des spécialistes à l'égard d'un écrivain dont l'oeuvre romanesque possède des caractéristiques stylistiques et structurales qui me semblent se retrouver, parfois, tout particulièrement dans la littérature espagnole.
Quant à l'Angleterre, n'ayant pas connu directement le fascisme et l'antisémitisme virulent, pour elle Céline fut assez tôt un grand écrivain auquel elle commença à s'intéresser avant la guerre sans se laisser emporter par la vague d'émotion que celui-ci avait soulevée dans sa patrie. Cependant, d'après la bibliographie des traductions et des études critiques (11) au cours des années Soixante-dix cet intérêt semble s'être transféré en grande partie aux États-Unis, où il est très vif.
Ce rapide panorama ne voulait servir qu'à faire ressortir les causes majeures de la spécificité du cas italien avant de voir de plus près comment Céline est entré dans la culture de mon pays.

À côté de ces raisons historiques et politiques un climat culturel favorable a aussi certainement contribué à la fortune italienne du médecin-écrivain de Meudon. En effet, les maisons d'édition et leurs comités de lecture, en Italie, ont généralement fait preuve d'une grande attention à la production littéraire étrangère et d'autonomie par rapport aux conditionnements idéologiques. L'initiative de publier des traductions d'oeuvres céliniennes revient, par exemple, à douze éditeurs différents, d'orientations politiques parfois opposées. C'est grâce à ce climat culturel somme toute assez ouvert et à l'esprit entreprenant d'un grand nombre d'éditeurs toujours à l'affût d'une oeuvre présentant quelque singularité, que parfois des auteurs étrangers ont reçu une consécration en italien avant de l'obtenir dans leur propre langue.
Si cette absence totale de chauvinisme chez les opérateurs culturels italiens est incontestablement un fait positif qui favorise la circulation des oeuvres et donc l'élargissement du débat culturel, par contre, il me semble que ceux-ci manifestent la tendance à n'être pas toujours assez sélectifs dans leurs choix, à suivre parfois de trop près l'actualité éphémère, à se laisser emporter par une certaine « boulimie éditoriale » qui inonde le marché d'une masse hétéroclite de livres. Quoi qu'il en soit Proust et Céline n'auraient probablement pas eu chez nous les difficultés qu'ils eurent dans leur pays, à leurs débuts, pour se faire éditer, et Gramsci, s'il avait été étranger, n'aurait pas attendu près d'un demi-siècle pour être traduit, comme cela est arrivé en France. Cette disponibilité ambiante favorisa la diffusion d'un auteur tel que Céline sans provoquer les réactions et les intolérances que l'on a vues ailleurs.
D'autre part, à une époque où les jeunes romanciers italiens cherchaient de nouvelles voies narratives à travers l'expérimentation, l'exemple précurseur de Céline ne pouvait pas être négligé. Les milieux littéraires d'avant-garde se confrontèrent avec la modernité de son écriture, les critiques militants essayèrent de l'interpréter. Il devint un point de référence. Trente ans après Viaggio al termine della notte, on recommença à traduire les autres romans. La tâche fut confiée le plus souvent à des poètes ou à des romanciers tels que Caproni, Celati, Guglielmi, car il fallait recréer, réinventer une langue et un style littéraires à partir de registres linguistiques fort différents. Le traducteur devait être, lui aussi, un artiste, un habile jongleur verbal. Ce travail fut aussi un test très important pour notre langue littéraire qui manifesta, au début, son insuffisance à faire passer l'idiolecte célinien.

Le résultat du travail de réinvention et de mixage auquel furent contraints les traducteurs constitua un exemple qui ne fut pas sans influence. Il contribua d'un côté à assouplir et à rénover le langage romanesque italien, de l'autre à modifier l'horizon d'attente des lecteurs qui s'habituèrent au style haché, pulsionnel, aux ruptures syntaxiques, à la fantaisie verbale, qui apprirent à se laisser séduire par la somptuosité et la magie d'une écriture plutôt que de chercher dans les textes des peintures réalistes ou des analyses psychologiques. L'activité de traduction, recommencée en 1964 avec Morte a credito et poursuivie jusqu'à nos jours, permet désormais de lire en italien vingt-quatre textes céliniens; c'est-à-dire presque toute son oeuvre à l'exclusion de Féerie pour une autre fois, deL'Ecole des cadavre et d'une partie de la correspondance. Cela fait de l'Italie le pays où Céline a été le plus traduit, car les pays anglo-saxons et ceux de langue espagnole n'ont publié qu'onze ouvrages chacun, tandis qu'en Allemagne les traductions sont encore moins nombreuses.
À cette richesse d'initiatives éditoriales, à cette attention des hommes de lettres et des critiques correspond, en premier lieu, un intérêt soutenu des médias.
Le romancier, si longuement contesté en France et refoulé en Allemagne, est présenté avant tout, comme un « cas » socio-politique à travers lequel on met en discussion le comportement des intellectuels pendant les années noires et les responsabilités sociales de l'écrivain. La presse à grand tirage et la télévision s'emparèrent de ce « cas » tout de suite après la mort de Céline pour souligner également la destinée picaresque d'un auteur qui ne sut ou ne voulut jamais s'intégrer à aucun système socio-professionnel et idéologique, et dont l'existence même, profondément mêlée aux grands bouleversements de la première moitié de notre siècle, avait été un passionnant roman d'aventures où le grotesque côtoyait parfois le tragique. Le ton de ces articles ou de ces émissions est, en général, moins passionné, moins partisan que celui qu'on peut trouver en France à la même époque, même si les jugements idéologiques l'emportent encore souvent sur les analyses littéraires.
Dans une perspective moins éphémère et avec des buts moins sensationnels, c'est la critique militante et universitaire qui n'a pas tardé à dégager l'écrivain génial de l'auteur à la biographie tumultueuse. Certes séparer l'homme (un homme si encombrant et inconfortable !), de l'oeuvre, pour ne s'attacher qu'à celle-ci et essayer de l'analyser dans sa spécificité était une opération beaucoup plus facile en Italie, pays non directement concerné par les événements troubles auxquels Céline avait été mêlé et qui avaient laissé tant de blessures ouvertes dans l'âme d'un grand nombre de ses concitoyens.
C'est dans la terre (12) de Malaparte et de Pavese, marginale mais non étrangère au vécu dont l'oeuvre de Céline s'inspire, que celle-ci pouvait plus facilement se détacher de son auteur, de ses choix idéologiques, de ses actes, qu'elle pouvait progressivement se situer dans l'histoire de l'évolution du roman occidental au XXè siècle, le seul contexte pertinent pour une oeuvre littéraire de ce genre.
Dans ce climat d'ouverture Céline a été racheté et a pu trouver sa place parmi des écrivains dont les actes et les idées parfois condamnables ou méprisables ne peuvent cependant pas effacer le génie qui les habitait.
L'apport italien à la fortune de Céline est donc des plus importants. Cela dit, il faut ajouter que la critique célinienne en Italie, sans se caractériser par des approches méthodologiques particulières, s'est pourtant différenciée de celle d'autres pays surtout par le fait qu'elle a négligé les études biographiques (13) et, sans effectuer aucune censure, a centré son intérêt principal sur les aspects stylistiques de l'oeuvre de Céline, aussi bien que sur les problèmes de sa réception.
Son attention, portée plutôt sur le signifiant somptueux que sur le signifié problématique, lui a permis d'avoir une part non négligeable, à mon avis surtout dans les années 1965-1975, dans la transformation, auprès du lecteur moyen, ainsi qu'auprès de nombreux spécialistes, d'un auteur contesté en un grand écrivain. Cette critique en affirmant la primauté de l'écriture a contribué à faire de l'oeuvre de Céline un des sommets de la littérature européenne.
En effet, ainsi que l'a fort bien souligné Roland Barthes, en parlant de Léon Bloy, un autre halluciné de la parole, « les illusions, ce sont les contenus, les idées, les choix, les croyances, les professions, les causes, la réalité, ce sont les mots, l'érotique du langage » (14), cette érotique que Céline a pratiqué avec fureur et délicatesse à la fois et dont « il nous fait encore aujourd'hui partager l'emportement ». 

Paolo CARILE 
La Revue des Lettres Modernes n° 849-856, 1988, « L.-F. Céline (5) : Vingt-cinq ans d’études céliniennes ».

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A lire :
> « La critique anglo-saxonne » par Leslie DAVIS (1988)


Notes 
l. « La Fortuna di Céline in Italia », pp. 109-91 in L.-F. Céline, un allucinato di genio (Bologna, Pàtron, 1969); Céline oggi (Roma, Bulzoni, 1974) ; « Editeurs, critiques et public italiens face à Céline », Australian Journal of French Studies, vol.XIII, nol-2,1976, pp.150-61. Ces études comportent aussi, en appendice, une bibliographie sur les travâux des célinistes italiens et un tableau des traductions italiennes des oeuvres de Céline jusqu'en 1975.
2. Nous avons répertorié une centaine d'articles de journaux dans cette dernière décennie, consacrés totalement ou partiellement à I'auteur de Rigodon.
3. Depuis 1975 la traduction en italien de textes céliniens s'est poursuivie régulièrement, ainsi que le montre la bibliographie en appendice à cet article.
4. En novembre 1983 la compagnie Teatro in aria a présenté au Théâtre de la Piramide de Rome une adaptation de Voyage avec mise en scène de A. Berdini et de C. Paini. En novembre 1984 la compagnie Nuova scena du Théâtre Testoni de Bologne a présenté une adaptation de Le Docteur Semmelweis, mise en scène par E. Vetrano et S. Randisi. A la première de cette représentation ont assisté Mme Lucette Destouches et M. Gibault.
5. Dont les Français ne semblent pas s'être rendus tout à fait cornpte, car leurs études n'accordent pas beaucoup d'attention aux travaux étrangers, notamment à ceux publiés en ltalie et en Allemagne, ainsi qu'au succès des traductions de Céline. En général, ils ne se sont pas montrés (à l'exception de J.-P. Dauphin, très attentif aux publications étrangères), soucieux du problème de la réception. Læs spécialistes allemands, par contre, ont manifesté bien plus d'intérêt pour I'activité critique et d'édition qui a lieu dans mon pays, ainsi qu'en témoignent les deux études solides et fort documentées de Margarete Zimmermann, « Céline et les céliniens : un bilan » (Romanistiche Zeitschrift fur Literaturgeschichtel / Cahiers d'histoire des littératures romanes, Heft 314,1982, pp.459-89); et de Joseph Jurt, « Céline prophète de la modernité et pierre d'achoppement. La critique célinienne aujourd'hui » (Oeuvres et critiques, Vll, n°2, 1982-83, pp.33-55). De son côté la critique italienne n'a pas négligé l'imporfance de l'étude de la réception de l'auteur de Bagatelles en Allemagne, ainsi que le montre le volume de E. Fiorioli, Céline e la Germania (Verona, Libreria Universitaria Editrice, 1982).
6. Les deux voyages de jeunesse en Afrique plutôt que des exceptions à ce tropisme, pourraient au contraire avoir contribué à le déterminer, étant donné la négativité, pour Céline, de son expérience africaine.
7. Voir l'article fort intéressani de Philippe Alméras, « Tropismes céliniens » (Esprit, n°416, sept. 1972, pp.3l2-19), d'où j'ai tiré cette courte citation. J'ajoute que pour Céline tous les voyages réels ou imaginaires vers le bonheur, vers le salut, étaient orientés au Nord. Déjà à la fin des années Trente l'écrivain évoquait fréquemment tel ou tel pays nordique (Jersey, Angleterre, Irlande, Canada), comme des lieux salutaires d'exil. En 1938 il se rendit à Saint-Pierre-et-Miquelon, l'épisode ne fut pas sans importance car dans D'un château l'autre le narrateur-auteur se réjouit d'une prétendue nomination, pendant la guerre, au poste de gouverneur de ces îles septentrionales. À la Libération, quand il s'enfuit de la France, Céline a comme destination le Danemark, encore une fois une terre nordique.
8. Je n'ai pas d'éléments suffisants pour élargir la confrontation avec la réception dont est l'objet Céline dans les pays extra-européens, mais il n'en demeure pas moins que sa fortune au-delà des océans me paraît beaucoup plus récente.
9. Voir la thèse de Geneviève Guth-Kitts, Céline und Deutschland [...] (Mayence, 1976) et l'étude de E. Fiorioli, déjà citée.
10. Il est intéressant de remarquer que la première traduction en espagnol, mais publiée en Argentine, est celle du pamphlet anti-soviétique Mea culpa (1937), suivie de celle du Docteur Semmelweis. Ce qui revenait à présenter un Céline anticommuniste et humanitaire.
11. Voir Stanford LUCE et W.K. BUCKLAY, A Half-century of Céline. An annotated Bibliography 1932-1982 (New York and London, Garland, 1983).
12. Où pourtant, et ce n'est pas le seul des paradoxes de ce pays, un étrange amalgame de dogmatismes clérico-marxistes, de mythes et de croyances provenant de l'idéologie fasciste, demeure encore, malgré l'action courageuse des élites intellectuelles, le fond sous-jacent d'une partie considérable de la culture moyenne.
13. La monographie de M. Rago (Céline [Firenzs, La Nuova Italia, 1973), dans une collection de poche constitue la seule exception. Toutefois, plutôt que d'une étude biographique originale il s'agit d'une synthèse intelligente des connaissances déjà acquises sur la vie et l'oeuvre de céline afin de les diffuser en Italie.
14. R. BARTHES, Le Bruissement de la langue (Paris, Seuil, 1984), p.224.
15. A l'exclusion des comptes rendus.
16. Des journaux tels que Tutto Libri en 1979 et II Manifesto en 1981 et en 1982 ont consacré des séries d'articles au père de Bardamu.

samedi 2 mars 2013

Le Bulletin célinien n°350 - mars 2013

Vient de paraître : Le Bulletin célinien, n° 350. Au sommaire :

Marc Laudelout : Bloc-notes
Christine Sautermeister : Céline mémorialiste
Bernard Morlino : Jean Luchaire, l'enfant perdu des années sombres
Cédric Meletta : Jean Luchaire à Sigmaringen
Jean-Paul et François Senac : Le choix de Sigmaringen
Eugène Saccomano nous écrit

Abonnement : 55 euros à :

Le Bulletin célinien, Bureau St Lambert, B P 77, BE 1200 Bruxelles.
Courriel : celinebc@skynet.be.

> Consulter le sommaire des anciens numéros ici.

vendredi 1 mars 2013

« A l'agité du bocal » : Un concert de l'ensemble Ars Nova (Poitiers, 7 mars 2013)

Bernard Cavanna, compositeur, et l'ensemble instrumental Ars Nova, proposeront le 7 mars 2013 à partir de 19h30 un concert construit autour du texte A l'agité du bocal de Louis-Ferdinand Céline au Théâtre auditorium de Poitiers. Durée 45 min. Patrick Laviosa, Paum-Alexandre Dubois, Euken Ostolaza, chant ; Ars Nova ensemble instrumental (18 musiciens sous la direction de Philippe Nahon) :
[Octobre 2018 : Sortie du CD/DVD A l'agité du bocal (composition de Bernard Cavanna pour l'orchestre Ars Nova) suivi du film de Delphine de Blic "Le caillou dans la chaussure"]



Version 2013 :




TAP - Théâtre Auditorium
6 rue de la Marne 
86000 POITIERS
Réservations : 05 49 39 29 29
  

En cette saison anniversaire, Bernard Cavanna compose une nouvelle œuvre pour grand ensemble dirigé, sur un texte de Louis-Ferdinand Céline. Comme à son habitude, Bernard Cavanna manie avec superbe l’art de l’orchestration (avec un ensemble de 18 musiciens unissant bois, cuivres, cordes, percussions et cornemuses, accordéon de variété, cymbalum, orgue de barbarie et trompe de chasse !) ainsi que celui de l’impertinence, de l’humour et du contrepied.