lundi 25 mars 2013

Échos céliniens...

> Suisse : Neue Bürcher Zeitung consacre un papier à la traduction allemande du Céline de Philippe Muray paru aux éditions Matthes & Seits en 2012. A lire sur www.nzz.ch.

> Hélène Biard évoque dans un article paru sur le site wwwclassicnews.com le concert « A l'agité du bocal » de l'ensemble Ars Nova du 7 mars dernier. Extrait : « Après la pause, débute le second concert qui voit la création de la nouvelle oeuvre de Bernard Cavanna : À l'agité du bocal. Le compositeur qui reconnait "avoir abordé l'oeuvre de Céline à plus de quarante ans principalement à cause de son passé collaborationniste" s'est basé sur l'oeuvre éponyme de Louis Ferdinand Céline (1894-1961). Bernard Cavanna nous précise : "J'avais envie depuis longtemps de composer une musique sur le texte de Céline, et la commande d'Ars Nova est arrivée au bon moment". Le texte est repris tel quel, sans coupures, dans toute sa dureté crue et sombre; le pamphlet contre Sartre, que Céline appelle volontairement Jean-Baptiste Sartre puis JBS, répond avec virulence au philosophe qui condamnait sans fard l'écrivain raciste, antisémite et collaborateur notoire. Pour cette oeuvre Cavanna, qui parle d'un "bouzin pour instruments et trois ténors dépareillés" a convoqué un ensemble de dix-huit musiciens, dont deux cornemuses et un accordéon, et trois ténors; on comprend rapidement pourquoi il faut autant de chanteurs : la musique est tendue et très exigeante pour la voix. Comme le reconnait Bernard Cavanna lui même : "Il était impossible de distribuer le texte à un seul chanteur, qui serait sorti de scène épuisé. J'ai donc décidé de confier la partie chantée à trois artistes". La création de A l'agité du bocal n'a laissé personne indifférent tant parmi les musiciens, très enthousiastes, que parmi le public qui a chaleureusement accueilli, et les artistes et le compositeur. »

> Paris & Meudon : Une sortie « sur les pas de Céline » est organisée le samedi 30 mars 2013 à Paris par le Comité Est de l'Union Artistique et Intellectuelle des Cheminots Français (UAICF). Rendez-vous est donné sur le parvis de l'Opéra à 10h. La deuxième partie de cette promenade se passera à Meudon le dimanche 14 avril 2013. Renseignements : jeanpaulvillerme@aol.com. http://comiteest.canalblog.com/.

> Philippe Fourest, Professeur de littérature, critique, essayiste et romancier, s'interroge pour Le Nouvel Observateur sur les rapports entre autofiction et vie privée. Il cite Céline en fin d'article : « Et, comme en témoigne ce qu'on appelle désormais l'autofiction, il le fait vraiment à ses risques et périls. En faisant ainsi de sa vie un roman, l'écrivain offre une image de lui-même au regard des autres. Et il vaut mieux qu'il réussisse littérairement son coup. Sinon la sanction sociale est assez impitoyable. L'enjeu est moral. C'est pourquoi, même si cette position apparaît aberrante aux yeux de certains, j'ai toujours défendu l'idée que le roman se situait du côté du Bien. Barthes le disait à la fin de sa vie: la morale du roman dépend de cette parole de compassion universelle qui résonne à la fin de tous les vrais livres. Cela vaut, expliquait-il, pour Proust, pour Tolstoï. J'ajouterai que cela vaut pour tous les authentiques écrivains - même pour Céline, par exemple. On peut le démontrer aussi. Mais alors on est très loin de ces textes qui se travestissent en romans vécus à seule fin d'user de la littérature comme d'une caution creuse sous couvert de laquelle régler des comptes personnels et cultiver une image avantageuse de leur auteur. »

> Livre : Le défile des réfractaires de Bruno de Cessole, paru initialement chez L'Editeur en 2011, vient de sortir en édition de poche chez Perrin dans la collection Tempus. Un chapitre est consacré à Céline dans cette série de portraits d'écrivains. Commande possible sur Amazon.fr.

> Qui sont vos trois auteurs préférés ? Louis-Ferdinand Céline, Michel Houellebecq et Orhan Pamuk, répond François Lepage, Docteur en logique, professeur de philosophie depuis 1986 à l’Université de Montréal et romancier. Metro, 19 mars 2013.

> Jérémie Szpirglas revient pour le site Mouvement sur l'adaptation musicale d'A l'agité du bocal par Bernard Cavanna. Extrait : « offre à l’ensemble, en guise de cadeau, une création singulière : À l’agité du bocal. Le projet seul suffit à mettre l’eau à la bouche, le compositeur s’emparant en effet d’un texte et d’un auteur (Louis-Ferdinand Céline) pour le moins controversés. En novembre 1947, alors qu’il est en exil au Danemark, poursuivi (et condamné) pour ses faits de collaboration, Céline répond au Portrait d’un antisémite qu’a dressé de lui Jean-Paul Sartre par un pamphlet violent, À l’agité du bocal. Il y met toute sa verve, sa truculence, son aigreur et sa méchanceté aussi. Le tout dans un style pour le moins ravageur – ce fameux style que Céline appelle sa « flûte », et qui dit parfaitement ce que suppose de petite musique l’écrit littéraire. C’est cette violence mêlée de beauté et de grâce qui a inspiré à Bernard Cavanna une oeuvre lyrique hybride et puissante, dans lequel le génie de l’écrivain est célébré. Tout en se gardant bien de prendre parti pour ou contre l’homme politique… Sous-titré « bousin », c’est-à-dire tintamarre, farce, foire (on y entend un accordéon, des cornemuses, et même un orgue de barbarie !), « pour trois ténors dépareillés » – le premier chante souvent en voix de fausset, le deuxième se laisser aller au lyrique dans une veine de pur bel canto, et le dernier pousse régulièrement de joyeux jodles –, A l’agité du bocal pourrait ici tout aussi bien s’appeler À l’agité du vocal. Il ne ressemble en effet à rien d’autre – sinon aux oeuvres précédentes de Cavanna, comme le Karl Koop Konzert (www.youtube.com), dont il reprend une partie du matériau, comme pour mieux inscrire l’oeuvre dans l’Histoire en la teintant de l’histoire personnelle du compositeur. C’est une oeuvre à la fois sensible et jubilatoire. L’écriture en est fouillée, mouvementée, à la fois spontanée et travaillée. Cavanna se refuse à toucher au texte lui-même, pour ne rien bouleverser de sa tonitruante petite musique. Il préfère lui imaginer un décor musical, magnifique et éloquent, tout en l’éclatant comme un faisceau lumineux au travers d’un prisme coloré. Cavanna diffracte la langue de Céline en palabres et éructations diverses et variées. Il ne se prive pour l’occasion d’aucun exercice de style : Jig plus ou moins celtique, blues, Kabarett-Song, marche de la Wehrmacht, foutoir forain, brouillage nazi (forme musicale typiquement cavannienne et intraduisible en français) – le désordre est joyeux, les fusées du feu d’artifice explosent en tout coin du ciel, et l’oeuvre n’en reste pas moins d’une cohérence captivante. S’il prend un malin plaisir à rappeler avec l’écrivain le passé de guerre plus ou moins glorieux de Jean-Paul Sartre (surnommé Jean-Baptiste Sartre par Céline, qui va jusqu’à réduire le nom de son accusateur à un simple J.B.S., trois lettres dont la traduction en morse constitue en partie la trame rythmique de la pièce musicale), Cavanna rappelle aussi en contrepoint, au moyen de citations musicales plus ou moins discrètes, l’engagement de Céline, son antisémitisme forcené. OEuvre coup de poing, A l’agité du bocal version Cavanna interroge également, sans en avoir l’air, le statut ambivalent de Céline dans notre société contemporaine. »

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