lundi 28 février 2011

L'ultrafin célinien par Philippe Bordas

Nous reproduisons ici le chapitre que Philippe Bordas a consacré à Louis-Ferdinand Céline dans Forcenés paru chez Fayard en 2008 et ayant pour thème le cyclisme.

Céline vêtu de peaux s'énerve sous le chaume. Il fait froid dans la bicoque. Et le poêle tire mal. Lucette enfourne des blocs de tourbe. Klarskovgaard. Le Danemark. L'hiver. Céline s'est trouvé une planque dans les glaces : passé gelé — oubliés les malfaisants de la rue Girardon, résistants en joie, les vengeurs déchaînés qui veulent ses cheveux. Céline a cassé du juif. Il s'est vidé; il a vomi les pamphlets vite écrits qui ont séché sa plume et bousillé sa vie.

Céline veut rentrer en France et reprendre à zéro. Il a crevé le plafond avec le Voyage. Quand il débarque au Bourget, en costume Poincaré, avec Lucette toujours belle, il veut crever le plancher. Pugilat sous arthrose, Céline veut sa médaille. Il a évité le gibet. Il en rage. Il va se sacrifier à la langue française, une dernière fois.

Céline augmente sa valise des tracts de sa révolution. C'est le brouillon de Féerie pour une autre fois. Céline brise le système à crémaillère; phrase lâche, syntaxe titubée. Il lance la machine du picaro sur la marelle de mots touchés par la peste comme lui. Les verbes et les sujets entrent en quarantaine parmi les points de suspension.

La langue flotte, volatile, calcinée.
Céline renaît au chant nouveau. Ferdinand reprend l'ouvrage de sa mère dentellière, resté sur la commode. Il ajoure et reprise; il déchire, il suture – il ressuscite le monde en aérant le mot.

Quand paraît Féerie pour une autre fois, en 1952, Céline tombe sur le parquet. Il a crevé le plafond, mais personne ne voit le ciel dans sa toile d'araignée. Ferdinand propose un plat trop fin à la France des ruminants. Céline vit dans l'obsession de la légèreté. Derrière l'amour des danseuses, une équation paraît : le grand art est celui du vent. La pesanteur est l'apanage d'un pays qui le déteste encore et qu'il hait aussi – un agglomérat de gésiers. Céline voit partout des hommes lourds qui veulent lester son corps et lapider sa prose.

Il faut relire Féerie dans ce souffle de paranoïa. Le livre souffre de solitude. Il flotte au milieu des oeuvres complètes, tenaillé entre Voyage et la trilogie terminale qui s'achève sur Rigodon.

Féerie est un art poétique et un manifeste où la légèreté est le critérium. Ce critérium prend forme dans une carcasse d'acier et d'aluminium évidée comme le ruban du vieux télégraphiste. Peu ont noté ce détail : un vélo parasite les survivances de phrases. Une machine ultralégère traverse Féerie dans un sifflement. Ce vélo est un personnage. Il a un nom.

L'«Imponder ».

« ... et le vélo au point léger qu'il avancera presque sans moi, du soupçon de l'envie que je l'enfourche!... marque : l'"Imponder"...

«... plus rapide qu'Arlette au sprint! Vous me verrez!... Arlette qu'est une sylphe pédalière!... Trinité-La Butte : sept foulées! une brise... c'est elle! un souffle!... passée! en montée!

« Vous dites : vous aurez une auto! Non! L'auto est ventripoteuse, semi-corbillarde à flapis! je corbillerai pas! L'"Imponder"! Mon vélo! C'est tout! Le malade téléphone ? je vole! les réflexes! Les mollets! poumons de forge! je me soigne en soignant les autres ! d'une visite deux coups! le cycle panacée!

«Parce que n'est-ce pas je renonce à rien!... Vif?... Mort?... pour moi, hé là! nulle importance!... je sors d'ici, Féerie m'emporte!... Vous me revoyez plus qu'en vélo... deux, trois vélos!... Ah, plus de brouettes!... plus de brutalités...

«Mon "Imponder" ? [ ... ] ma fourche, mes deux roues!... des toiles d'araignée... tout le cycle : cinq kilos! Cette fragilité dans l'essor!... »

La fragilité dans l'essor.

Le vélo «ultra fin!» de Céline « caracolant d'une pédale l'autre» est le fantôme d'une écriture en mouvement. Il file, il vole, il ne pèse pas. Céline est le «vieillard ailé», il « traverse tout Paris en vélo, Céline conduit sa révolution en s'inspirant d'un bicycle. D'une bécane naît un style à crever le plafond. La jonction frauduleuse du cycle et de la poésie. Le vélo, les danseuses – les beaux alibis de la prose Ferdinand.

Lucette est la fille d'un fanatique cycliste; pour voir passer le Tour de France, il l'installe dans les arbres. En 1943, elle se rend à la mairie du dix-huitième, sur le vélo de Féerie, pour épouser Louis-Ferdinand. Céline aime une femme ailée, il ne l'aime qu'en fée. « je veux jamais qu'elle manque de vélo... c'est ses sortes d'ailes le vélo... pas qu'elle se trouve une seconde sans aile. Oh! J'ai prévu... C'est notre luxe!»

L'« Imponder », la danse, Lucette. Le cycle, l'envol, l'amour. Vélo, vole, love. Les obsessions de Céline finissent en anagramme d'escampette. Lorsqu'il décide son style aérien, son métro émotif, Céline justifie le nom du vélo : « Les rails émotifs!... impondérables ! » L'« Imponder » est une mécanique de son sang.

Je ne sais plus dans quel livre je l'avais lu. L'un des frères Pélissier, amoureux de Voyage au bout de la nuit, avait offert à Céline son vélo dentelé. Serge Laget, grand archiviste à L'Équipe, m'a mis sur le chemin. Il est l'ami du docteur Puyfoulhou, le médecin de Lucette. Natif du Cantal, comme Antonin Magne et les frères Pélissier, le docteur Puyfoulhou ignore cette Histoire de vélo. Il promet d'appeler Lucette.

Lucette a quatre-vingt-quinze ans.
Quelques semaines plus tard, le docteur rappelle : « J'ai eu Lucette! Vous aviez raison. Elle ne se souvient pas exactement de l'année, c'était en 33, peut-être en 37 ou en 38 : Louis a reçu la visite à Montmartre, rue Girardon, de Charles Pélissier, "très bel homme" et d'une femme "splendide et insupportable". Pélissier a offert à Louis son vélo de course. Il l'accrochait à un clou, au plafond du salon. Il a été volé en 1944, avec les manuscrits. Il me semble avoir vu une gravure ou un dessin de Gen Paul qui confirmerait la chose. Derrière Le Vigan, Gen Paul et Marcel Aymé, les amis de Montmartre, il me semble qu'on distingue un vélo suspendu. »

Quand paraît le Voyage en 1932, Charles est au sommet. Il a gagné huit étapes du Tour deux ans plus tôt. Un mètre quatre-vingt-huit, quatre-vingt-deux kilos, c'est un Weissmuller métissé de Valentino. Il pédale en gants couleur « beurre frais ».

Le vélo de Pélissier Charles était crocheté au plafond du salon de la rue Girardon; comme les pages manuscrites que Céline suspendait sur des fils, avec les pinces à linge, au fond du capharnaüm de Meudon. Serge Perrault, le danseur ami de Céline et Lucette, confirme le tableau. Le vélo de Charles est le fantôme de Féerie pour une autre fois.

Le spade de Pélissier est le chevau-léger du moderne style célinien.

Le 29 mai 1943, Céline à court d'argent prend le vélo et file rue La Boétie, chez le marchand de tableaux Étienne Bignou; il transporte les huit cent seize pages manuscrites de Voyage au bout de la nuit et celles de Mort à crédit, qu'il cède contre dix mille francs et un petit Renoir.

Quand je vais m'entraîner dans la vallée de Chevreuse, je passe la porte de Vanves; je file sur Meudon. J'escalade la Route des Gardes en danseuse pour honorer Lucette. Elle demeure à mi-pente dans une bâtisse énorme. Je n'ose pas m'arrêter.

Philippe BORDAS

Philippe Bordas, Forcenés, Fayard, 2008.

dimanche 27 février 2011

Le Bulletin célinien n°328 - mars 2011

Vient de paraître : Le Bulletin célinien, n° 328. Au sommaire:

- Marc Laudelout : Bloc-notes
- Claude Dubois : Résurrection d’Alphonse Boudard
- M. L. : Céline sur tous les fronts [suite]
- M. L. : Zizanie chez les céliniens
- Affaire Klarsfeld-Céline : les points de vue de David Alliot, Claude Duneton et Pierre Lainé.
- Laurie Viala : Illustrer Céline (IV)

Le numéro 6 euros par chèque à l'ordre de Marc Laudelout, à adresser à:
Le Bulletin célinien
Bureau de poste 22
B. P. 70
1000 Bruxelles
celinebc@skynet.be

Louis-Ferdinand Céline par Kamel Rachedi

Jean Fontenoy est Tintin à la Wehrmacht

Du communisme au fascisme, de Shanghai à Berlin, Jean Fontenoy a vécu en aventurier. Gérard Guégan retrace le parcours de cet oublié des lettres françaises.

Jean Fontenoy, c'est Tintin qui aurait viré fasciste. Il commence comme petit reporter chez les Soviets puis en Chine - Hergé lui rend même hommage, dans Le Lotus bleu, en dessinant une fausse Une du Journal de Shanghai, que Fontenoy avait créé là-bas - et termine dans les pages de Bagatelles pour un massacre, ce brûlot de Louis-Ferdinand Céline que notre ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, a dû "relire" pour s'aviser qu'il était affreusement antisémite. Ce grand écart dit tout de cet inconnu des lettres françaises que Gérard Guégan a eu la bonne idée de ressusciter dans une biographie attachante et documentée.

Jean Fontenoy (1899-1945) aura été un aventurier, dans tous les sens du terme. "Drogué, gangster intellectuel, deux fois suicidé", résumera cruellement Maurice Martin du Gard. Emergeant par miracle d'une famille qui tire le diable par la queue, son amour pour la révolution bolchevique - tendance Trotski-Maïakovski - le mène jusqu'à Moscou, où il sera le correspondant de l'ancêtre de l'AFP. Puis c'est Shanghai, où il finit conseiller de Tchang Kaï-chek et, hélas, opiomane invétéré - Le Lotus bleu, toujours... Il traverse ce début des années 1930 entre amitiés surréalistes, flirt avec la NRF (son ami de toujours sera Brice Parain, éminence grise de Gaston Gallimard), paquebots transatlantiques et jolies femmes - une mystérieuse danseuse roumaine, puis une intrépide aviatrice...

Soudain, en 1937, la bascule et l'adhésion au Parti populaire français de Jacques Doriot. Comme pour Céline et l'antisémitisme, difficile de déterminer avec certitude ce qui fait plonger Fontenoy du côté du fascisme. Officiellement, ce serait en réaction aux purges staliniennes : il prend sa carte au PPF le jour de la condamnation du maréchal Toukhatchevski. La réalité est plus contrastée, mélange diffus de haine des riches et d'amour pour le whisky, de hantise d'une impuissance sexuelle et d'échecs littéraires. Qui, aujourd'hui, serait capable de citer un seul livre de Fontenoy ? il y eut pourtant - notez le sens des titres - Shanghai secret, L'Ecole du renégat ou Frontière rouge, frontière d'enfer...

A partir de là, si l'on excepte quelques gestes d'héroïsme - en 1940, prêt à mourir pour Helsinki, il s'engage dans l'armée finlandaise et part combattre l'Armée rouge par - 40 °C -, il semble se complaire dans une certaine abjection. Le voilà qui parade en uniforme de la Wehrmacht au Café de Flore, en 1942 ; un peu plus tard, il demande au sinistre Darquier de Pellepoix de lui dénicher un appartement saisi à des juifs ; évidemment, on retrouve sa signature dans Je suis partout et Révolution nationale, qu'il dirigea même un temps. Il semble fait pour naviguer dans les eaux troubles de la collaboration, entre conjurations, subsides de l'ambassade du Reich et officines cagoulardes. "Fontenoy me touche par une espèce de pureté confuse", écrira pourtant Cocteau.

Ce "renégat" fait partie de ces personnalités foncièrement faibles qui se rassurent par des engagements forts. Ses derniers jours ressemblent à sa propre caricature : Oberleutnant de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme sur le front de l'Est, fuite à Sigmaringen ("La bronzette, terminé !" lui lance, ironique, Céline) et suicide effroyablement romanesque dans les ruines de Berlin, en avril 1945. Son corps ne sera jamais retrouvé.

Gérard Guégan, lui, a su retrouver l'esprit de ce second couteau des lettres, sorte de métaphore parfaite des errements intellectuels d'un demi-siècle. Certes, son Fontenoy ne reviendra plus aurait pu, peut-être, faire l'économie d'une centaine de pages sur près de 500. Après tout, l'auteur de Shanghai secret n'a eu ni la vie de Malraux ni l'oeuvre de Céline. Il n'empêche : avec ce livre, on peut dire que Fontenoy est revenu.

Jérôme DUPUIS
L'Express.fr, 25/02/2011


Gérard Guégan, Fontenoy ne reviendra plus, Ed. Stock, 2011.
Commande possible sur Amazon.fr.

samedi 26 février 2011

Journée Louis-Ferdinand Céline sur France-Culture - Chanson boum ! - 19/02/2011

Tout au long de la journée du samedi 19 février 2011, France-Culture a consacré ses émissions à Louis-Ferdinand Céline à l'occasion du cinquantenaire de sa mort. Voici l'émission Chanson boum ! par Hélène Hazéra diffusée à minuit. Le sujet : Céline et la chanson populaire de la Belle Epoque. Depuis Rabelais, une préoccupation récurrente hante la littérature : comment retranscrire le langage populaire en langage littéraire ? Aristide Bruant a connu une gloire exceptionnelle à la Belle Epoque avec ses chansons écrites en argot - dont certaines se chantent encore aujourd'hui, comme Nini peau d'chien. Toute son œuvre est vouée à une exploration des « classes dangereuses » et à la retranscription de leur parler. Comment Céline aurait-il pu l'ignorer, ainsi que l'œuvre de Gaston Couté, le chansonnier beauceron, qui lui, écrit « en patois » ? Avec Gérard Pierron pour chanter du Gaston Couté...


Journée Louis-Ferdinand Céline sur France-Culture - Fiction - 19/02/2011

Tout au long de la journée du samedi 19 février 2011, France-Culture a consacré ses émissions à Louis-Ferdinand Céline à l'occasion du cinquantenaire de sa mort. Voici l'émission Fiction de Blandine Masson diffusée à 20h. Le sujet : Pages arrachées au Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline, présenté par Philippe Muray, lu par Michel Piccoli. Réalisation : Jacques Taroni. Ces « pages arrachées » au Voyage au bout de la nuit ont été composées par l’écrivain Philippe Muray en 1986. Durant trois semaines, du lundi au vendredi, il a invité des comédiens mais aussi des écrivains à livrer aux auditeurs de larges extraits du roman le plus célèbre de Louis-Ferdinand Céline. Ici les épisodes 1 et 4 de cette série, tous deux lus par Michel Piccoli. (1ère diffusion Mai 1986).


Philippe SOLLERS nous parle de Louis-Ferdinand CELINE (2011)

Philippe Sollers était l'invité de Café Picouly diffusé ce vendredi 25 février 2011 à 21h30 sur France 5 :


Petite annonce

- 1ex. Bagatelles pour un massacre, nouvelle edition avec 20 photographies hors texte, Ed. Denoël, 1943 (état impeccable).
- 1ex. Album celine, Pleiade, 1977, 458 illustrations, (parfait état).
- 1ex. Mort a credit avec texte supprimé par les éditeurs Denoel et Steele, 1936, (quelques rousseurs, sinon très bon état).
- 1 ex. Voyage au bout de la nuit, avec 15 dessins de Gen Paul, superbe exemplaire sur alfa, Ed. Denoel, Paris 1942, ( état Impeccable, rare).
- 1ex. L'annee céline 2009, Ed. du Lerot, (neuf, non coupé).

Contact : carlbar7@gmail.com

Dieu qu'ils étaient lourds !

Les prochaines dates du spectacle Dieu qu'ils étaient lourds ! interprété par Marc-Henri Lamande seront:

Le jeudi 31 mars à 20h30 au théâtre de Chartres. www.theatredechartres.fr
Le mardi 5 avril à 20h30 au Théâtre de St Cloud. www.saintcloud.fr
Le vendredi 6 mai à 20h30 au Clin d'Oeil à Orléans (12 Rue République 45800 Saint-Jean-de-Braye, 02 38 21 93 23)
Le mardi 17 mai à 19h30 au Théâtre de Vevey (Suisse). www.theatredevevey.ch

vendredi 25 février 2011

Louis-Ferdinand CÉLINE : Les ténèbres, terminus Sigmaringen (2005)

Les Ténèbres, Terminus Sigmaringen de Thomas Tielsch, ZDF, Allemagne, 2005, 81mn. En s'appuyant sur le roman de Louis-Ferdinand Céline "D'un château l'autre", Thomas Tielsch décrit les tribulations du gouvernement de Vichy replié à Sigmaringen, en Souabe. Un récit halluciné qui restitue la folie des dernières semaines de la Seconde Guerre mondiale. Un film disponible en DVD.

jeudi 24 février 2011

Louis-Ferdinand Céline : "Tant pis pour moi"

Tu vois ce qui manque à l’homme c’est d’être sensible… C’est une brute. Il ne sent rien. Il y a moins de fous qu’on le pense disait Vauvenargues il y a surtout des gens qui ne comprennent pas. C’est très réel. Mais la vie est trop courte. On ne peut rien. Déjà finir un livre quel miracle ! Ce babillage… Alors du reste !… C’est la brutalité tu vois que j’ai en horreur – en horreur absolue – Je suis médecin à cet égard plus que tout.
Tant pis pour moi.
J’ai fait la guerre 14-18 avec horreur. J’aurais voulu tout faire pour l’empêcher. Tant pis pour moi.

Louis-Ferdinand Céline, Lettre à Albert Paraz du 4/9/1947, (Pléiade 47-71 p.945-946).

mercredi 23 février 2011

Louis-Ferdinand Céline : en kiosque

Les Inrockuptibles consacre environ 8 pages à Louis-Ferdinand Céline dans leur numéro 795 de février. Le thème abordé : Faut-il publier les pamphlets ?

www.lesinrocks.com

Le Petit Célinien

Les 77 numéros du Petit Célinien restent disponibles en format pdf au prix de 2.5€ le numéro.
Les sommaires sont à consulter ici.

mardi 22 février 2011

Les médecins juifs et Louis-Ferdinand Céline par Bruno Halioua

Comment un médecin a pu devenir progressivement antisémite.
Au cours du mois de janvier, nous avons assisté à une véritable polémique franco-française au moment du retrait, à la demande de Serge Klarsfeld, du cinquantenaire de la mort de Louis-Ferdinand Céline de la liste annuelle des célébrations de la République française. « Doit-on, peut-on célébrer Céline ?... Les objections sont trop évidentes. Il a été l'homme d'un antisémitisme virulent, qui, s'il n'était pas directement meurtrier, était d'une extrême violence verbale… » s’est alors justement demandé le professeur Henri Godard, éditeur de l’œuvre de Louis-Ferdinand Céline dans « La Pléiade ». Saine interrogation à laquelle le ministre de la Culture et de la Communication Frédéric Mitterrand a répondu par la négative. Parmi les multiples réactions qui ont suivi, mon attention a été retenue par une phrase prononcée par notre collègue Richard Prasquier président du CRIF « Tous les colloques qu’il faut, bien au contraire, pour étudier Céline et savoir comment un grand écrivain peut être un salaud ». J’ai donc suivi son conseil et je me suis plongé dans les différentes biographies du docteur Destouches alias Céline afin de mieux comprendre comment un médecin et de surcroit un écrivain a pu devenir progressivement antisémite. On nous répète souvent que le point de départ a été l’antisémitisme qui régnait dans sa famille où son père désignait les juifs comme seuls responsables de sa faillite. Pourquoi pas ? Mais en me plongeant dans sa biographie, je me suis aperçu que son parcours professionnel a été jalonné de rencontres avec des médecins juifs dont certains ont été ses supérieurs hiérarchiques. Est-ce là qu’il faut rechercher les racines de l’antisémitisme virulent dont il a fait preuve ?

D’André Lwoff Prix Nobel de Médecine à Ludwig Rajchman fondateur de l’UNICEF
Le premier médecin juif que Louis-Ferdinand Céline a côtoyé André Lwoff alors qu’il s’était lancé dans la recherche scientifique à la station marine de Roscoff. Le futur Prix Nobel de Médecine en 1965 a dit de Céline : « Nul ne regrettera qu'il ait sacrifié le métier de chercheur à celui d'écrivain ... ». Sans préjugé des relations qui ont pu s’établir entre les deux hommes, on peut imaginer que leurs rapports n’ont pas été excellents.

Le second médecin qui a marqué la vie de Céline est Ludwig Rajchman. C’était un Juif polonais qui était directeur de l'Organisation d'hygiène de la Société Des Nations à Genève. C’est lui qui a soutenu la candidature de Louis-Ferdinand Céline comme candidat au poste de médecin au service d'hygiène internationale de la SDN en invoquant le fait qu'il est « a very intelligent and enthusiastic man ». Louis-Ferdinand Céline a donc travaillé sous les ordres de ce médecin juif qui l’a reçu de nombreuses fois à son domicile et qui a entretenu avec lui des relations amicales au cours des trois années qu’il a passées à Genève. Après son départ de Genève, Ludwig, Rajchman a continué à l’aider financièrement en lui confiant des missions pour la SDN sans lui réclamer des rapports. Louis-Ferdinand Céline n’a eu aucune reconnaissance envers lui et l’a décrit sous le nom de "Yudenzweck" dans L’Eglise et de "Yubelblat" dans Bagatelles pour un massacre. Ludwig Rajchman qui a créé l’UNICEF a rompu tous les contacts avec l’écrivain après 1933 quand il a pris connaissance des écrits de celui qu’il avait aidé, soutenu et estimé. Faut-t-il voir dans la difficulté à accepter d’être redevable à Rajchman un élément expliquant l’antisémitisme de Céline. Peut être ?

L’échec de l’installation libérale
Après avoir quitté Genève, Louis-Ferdinand Céline s’est installé comme médecin généraliste à Clichy en août 1927 où il a ouvert un premier cabinet qu'il a du rapidement fermer, faute de clientèle : « Depuis que j'ai ouvert mon cabinet, c'est la déche ! Pas de clientèle... Rien à foutre de la journée ... Faudra le temps de démarrer qu'on m'a dit (...) Faut il que je sois con de l'avoir cru ». Il s’est réinstallé à nouveau au 36 rue d'Alsace à Clichy inaugurant la légende mille fois ressassé de « Céline médecin des pauvres » voyant à longueur de journées défiler des pauvres gens à qui il n'osait souvent pas leur demander d'argent.

En vérité, c’est une légende savamment construite et entretenue par ceux qui ont voulu gommer le fait que Louis-Ferdinand Céline entretenait avec l’argent un rapport quasi obsessionnel en rapport avec une crainte quasi obsessionnelle de la misère. Le manque de clientèle l'a obligé à fermer son cabinet de médecine général début 1929. J’ai consulté le guide Rosenwald et non sans surprise on s’aperçoit qu’il s’était installé dans une ville qui comptait de nombreux médecins juifs. Faut-t-il voir dans cet échec un élément expliquant en partie l’antisémitisme de Céline. Peut être ?

Encore des médecins et toujours des médecins juifs
Parallèlement à cette installation « ratée », le docteur Destouches a été obligé de multiplier les activités annexes pour trouver d'autres sources de revenus. Il a travaillé dans le service de pneumologie de l’hôpital Laennec dirigé par le professeur Léon Bernard secondé par le professeur Robert Debré. Encore une fois, Louis-Ferdinand Céline a été contraint de travailler dans un service dirigé par deux Juifs. Robert Debré a relaté dans une interview que l’écrivain « donnait l'impression d'être triste et malheureux ». Au même moment, en 1928, il a posé sa candidature de membre à la Société de Médecine de Paris. Au cours de la séance du 24 mars 1928, le rapporteur, a demandé à ses collègues de faire un « bon accueil à la candidature du docteur Destouches, en raison de ses titres militaires et civils ». Quel est le nom du rapporteur ? Il s’agit du docteur Georges Rosenthal. Faut-t-il voir dans la succession de ses contacts avec des médecins juifs à un moment difficile de sa carrière un élément expliquant en partie l’antisémitisme de Céline ? Peut être.

Un médecin juif préféré à lui
En janvier 1929 Céline a trouvé un emploi dans le dispensaire qui venait jusqu’à ouvrir rue Fanny à Clichy grâce à l’appui du docteur Rajchman et du professeur Bernard. Contrairement à ce qu’il espérait il n’a pas été nommé médecin chef. Le choix s’est porté sur le docteur Grégoire Ichok ce qui a immédiatement exaspéré Louis-Ferdinand Céline qui n’a jamais digéré qu'on ait préféré nommer un Juif à sa place. D’emblée la haine s’est installé entre les deux hommes que tout opposait. Grégoire Ichok était travailleur, rigoureux, sérieux et intelligent qui assurait la gestion du dispensaire. Il était conseiller technique au ministère de la Santé publique et professeur à l'Institut statistique de Paris. Il tenait une rubrique « Hippocrate vous dit » dans le Prolétaire de Clichy. Il était l’auteur de nombreux rapports sur la santé publique et de nombreux articles dans des revues médicales. Il était également membre actif de la L.I.C.A. (Ligue internationale contre l'antisémitisme). Il était ami avec Marc Chagall, Julien Caïn, administrateur général de la Bibliothèque nationale, Charles Gombault de France-Soir, Pierre Comert, directeur de la presse au Quai d'Orsay et surtout Salomon Grumbach, qui était président de la Commission des Affaires étrangères à la Chambre des députés... Cela exaspérait Céline qui en faisait son abcès de fixation. Il a fait courir le bruit qu’il avait usurpé le titre de docteur en médecine. Mais surtout, Ichok avait le tort de ne pas être français, mais surtout il était juif... Céline l’a décrit en ces termes injurieux : « Au dispensaire municipal sur lequel je m'étais rabattu, je vis arriver un certain Idouc (sic), lithuanien (...) imposé par les dirigeants communistes (...) La direction du dispensaire, confiée à ce médecin probablement faux, n'étant sans doute qu'un camouflage ». Cette relation tendue entre les deux médecins a dégénéré en un véritable conflit dans le dispensaire. La plupart des autres médecins du dispensaire étaient juifs. Deux d’entre eux Medioni et Gozlan avaient des relations d’amitié avec l’écrivain. Ils étaient d’ailleurs présents avec lui dans un bistrot au moment des délibérations du prix Goncourt. L’atmosphère dans le dispensaire est devenu véritablement explosive quand Céline a commencé à émettre des propos haineux contre l’Union soviétique (Clichy était alors une municipalité communiste) et surtout après la sortie de « Bagatelles pour un massacre » qui regorgeait de propos antisémites. Le 10 décembre 1937 Louis-Ferdinand Céline a présenté sa démission à la municipalité de Clichy qui l’a accepté dès le lendemain en le remerciant de la collaboration qu'il avait apportée « pendant de si nombreuses années ». Céline a d’ailleurs déclaré par la suite « [...] Je me démis aussi de mes fonctions au dispensaire à cause d'Idouc, et parce que mes confrères me battaient froid, comme " médecin-littérateur ". »

Faut-t-il voir dans les rapports conflictuels qu’il a eu avec Grégoire Ichok un élément expliquant en partie l’antisémitisme de Céline ? Surement.

En tout cas, il est intéressant que parallèlement à ses activités au dispensaire, il a travaillé comme conseilleur médical dans le laboratoire de biothérapie, fondé par le pharmacien Charles Weisbram en 1921 et dirigé par Abraham Alpérine qui était comme par hasard juifs.

Louis-Ferdinand Céline délateur
On l’aura compris, la mise en place des législations contre les médecins étrangers a suscité une certaine satisfaction de la part de Louis-Ferdinand Céline qui n’a pas hésité à écrire aux autorités « La [sic] poste de Médecin du dispensaire municipal de Bezons (Seine-et-Oise) est actuellement occupé par un médecin étranger juif non naturalisé. En vertu des récents décrets ce médecin doit être licencié. Le Dr Destouches présente sa candidature à ce poste — Le Dr Destouches a pratiqué depuis 1924 dans les dispensaires municipaux de la banlieue. Il est pleinement qualifié pour ce poste. » (Coll. Pécastaing, inédit.)

On l’a bien compris, les racines de l’antisémitisme de Louis-Ferdinand Céline s’ancrent dans le ressentiment qu’il a nourri en fréquentant des médecins juifs. Pour la petite histoire, on retiendra toutefois qu’il a fait la connaissance à la fin de sa vie, d’un cardiologue juif, le docteur Robert Brami qui était son voisin à Meudon. Ce dernier a diagnostiqué chez l’écrivain une fracture du rocher à l’origine de ses névralgies et de ses troubles de l’équilibre.

Conclusion
En guise de conclusion, je voudrais rappeler à ceux qui ont fustigé le soit disant lobby sioniste à l’origine du retrait, du cinquantenaire de la mort de Louis-Ferdinand Céline de la liste annuelle des célébrations de la République française ce qu’a écrit Céline le 13 mai 1949 à propos du conflit israélo-arabe« En douce il y a paraît-il 800000 arabes pourchassés et mitraillés par les youtres à crever dans le Néguev. Mais je m'en fous ô diantre ! Arabes et youtres conjointement sont prêts à m'étriper — et Durant et Dupont ! C'est pas demain que je vais faire des préférences entre les cannibales ! Noirs Verts Blancs ou Résédas ! Oh la merde ! » (A Paraz, [13 mai 1949].)

Bruno HALIOUA
www.crif.org, 22/2/2011

Bruno Halioua est secrétaire général de l'AMIF, Association des Médecins Israélites de France, association membre du CRIF que préside le professeur Robert Haïat, et délégué de l’AMIF à l’Assemblée Générale du CRIF

lundi 21 février 2011

Que vous êtes triste une fois pour toutes…

A propos des craquements d’immeubles, j’ai passé par des naufrages, j’ai entendu des craquements de soutes, quand tout déboulonne, quand les membrures cèdent… eh bien c’est que des murmures, croyez, auprès d’un immeuble qui broye ! qu’est en position comme le nôtre !… à flanc de volcan ! l’impression sinistre ! on attend pas d’une maison qu’elle houle en tempête… elle est pas faite pour… les ruptures des rampes, les toits qui fendent, les balcons qui pendent, les briques en pluie, c’est de l’accablement qu’on sort plus, que vous voulez plus rester vivre… c’est de la souffrance de la matière que vous vous pensez coupable, que vous oubliez plus jamais, que vous êtes triste une fois pour toutes…

Louis-Ferdinand Céline, Féerie pour une autre fois II, Ed. Pléiade, p.314.

dimanche 20 février 2011

A paraître : "Dr. Haricot, de la Faculté de Médecine de Paris"

Les éditions du Pré # carré feront paraître au mois de mars 2011 Dr. Haricot, de la Faculté de Médecine de Paris de Fabrice Vigne. Le bulletin de souscription (pdf) est disponible ici.

pré # carré
52, quai Perrière
38000 Grenoble
http://precarreditions.hautetfort.com

Présentation de l'éditeur
Vous écrire cette lettre a-t-elle un sens ? L'aurais-je écrite, vous aurais-je seulement parlé, vous aurais-je même approché, eussions-nous été contemporains ? Rien n'est moins sûr. Je vous l'avoue, vous ne m'êtes pas sympathique, Docteur. Ce sont les gens sympathiques, que l'on a envie d'entreprendre, avec qui l'on a envie de correspondre. Rien à voir, dans votre cas. Au pire, disons plutôt au plus fort moment de la hantise que j'avais de vous, j'ai entrepris une enquête, un mémoire, un travail de longue haleine, manière de rationaliser ces obsessions. Je n'étais pas étudiant en littérature, mais c'est pourtant à vous que j'ai décidé de consacrer un ambitieux travail universitaire. J'ai pour cela cherché à rencontrer nombre de vos lecteurs. Je les ai écoutés, enregistrés, retranscrits, pour comprendre. Je ne me souviens pas qu'un seul d'entre eux vous ait trouvé sympathique.

Journée Louis-Ferdinand Céline sur France-Culture - Mauvais genres - 19/02/2011

Tout au long de la journée du samedi 19 février 2011, France-Culture a consacré ses émissions à Louis-Ferdinand Céline à l'occasion du cinquantenaire de sa mort. Voici l'émission Mauvais genres de François Angelier diffusée à 19h en direct et en public du théâtre de la ville. Le sujet : "Céline, l'écriture et l'esthétique", avec Emile Brami, Marc Hanrez, poète, spécialiste de Céline, Yves Pagès, écrivain, Paul Yonnet, sociologue. Et la collaboration de François L’Yvonnet.


Vient de paraître : Apologie de Mort à crédit

Les Editions de la Reconquête rééditent Apologie de Mort à crédit à 100 exemplaires sur papier Polen Arena.

Le volume de 44 pages contient une présentation de François Gardet, le texte de Robert Denoël, le texte de Louis-Ferdinand Céline Hommage à Emile Zola.

Commandes par internet sur le site des Editions de la Reconquête.

Présentation de l'editeur :
1936, quatre ans après le Voyage au Bout de la Nuit qui avait sidéré critiques et littérateurs par le style et le talent que l’ouvrage exposait, Louis-Ferdinand Céline réitère avec Mort à Crédit. Cette fois le comité d’accueil est prêt, et c’est par tous la descente en flammes du nouvel opuscule du génie qui dérange. A tel point que son éditeur, Robert Denoël, dans une démarche exceptionnelle pour le milieu littéraire, prend la plume pour défendre son auteur dans un texte intitulé : Apologie de Mort à Crédit.

« Un livre paraît, il est énorme. Il rompt avec tous les usages… Le scandale est trop éclatant, l’audace est trop grande… Aussitôt, cent critiques entraînés et leur front héroïque, porte la marque de leur mission. Il ne s’agit plus de reproches courtois, de réserves, de blâmes discrets. Il s’agit d’une exécution. Il faut chasser du jardin des lettres une bête malfaisante et qui pue. C’est la ruée. Toutes les armes sont bonnes : le gravat, la boue, l’ordure du chemin. Tout y passe… »

Cédant aux instances d’un ami très cher, L.-F. Céline fit en 1933 un discours public, le seul et sans doute le dernier de sa carrière littéraire. C’était à Médan, un jour d’été. On demandait à l’auteur du Voyage au bout de la nuit de rendre hommage à Zola. L.-F. Céline, en définissant l’œuvre de l’écrivain naturaliste, dépeignit l’époque où elle fut écrite. Et cela l’amena à parler de la condition de l’écrivain d’après guerre. Ces pages sont, en quelque sorte, un commentaire, avant la lettre de Mort à Crédit.

Un T-shirt Louis-Ferdinand Céline aux Editions de la Reconquête

Les Editions de la Reconquête vous propose ce T-shirt Louis-Ferdinand Céline au prix de 18 euros + 8 euros de port à commander sur le site des Editions de la Reconquête.

Louis-Ferdinand CÉLINE, réprouvé et classique (colloque Beaubourg 2011)

La Bibliothèque du Centre Pompidou (www.bpi.fr) et André Derval (Société d'études céliniennes, IMEC) organisaient à Paris les 4 et 5 février 2011 un colloque international consacré à Céline. En voici les enregistrements :




VENDREDI 4 février 2011
11h • Ouverture des deux journées
Par Patrick Bazin, directeur de la Bpi et André Derval, responsable des fonds d'édition et des réseaux documentaires à l'Institut mémoires de l'édition contemporaine (Imec) et responsable de fonds d'auteurs à la Société d’études céliniennes.

11h/13h • Dr Destouches et Mr Céline
Avec Isabelle Blondiaux, médecin, chercheur, Céline et la médecine - Gaël Richard,
chercheur, Les Traces d'une vie, recherches biographiques - Viviane Forrester, écrivain et
critique littéraire. Modérateur François Gibault, avocat, biographe.

14h30/18h • Controverses et reconnaissances internationales
Avec Christine Sautermeister, université de Hambourg, La redécouverte de Voyage au bout
de la nuit - Yoriko Sugiura, Université de Kobé, Céline au Japon : Oeuvres complètes et French Theory - Olga Chtcherbakova, École nationale supérieure, Paris, D'Elsa Triolet à Victor Erofeev : les avatars russes de Céline - Greg Hainge, Université Queensland, Céline chez les fils de la perfide Albion

"Céline et la critique "
Entretien avec Philippe Bordas, écrivain. Modérateur André Derval, Imec/Société d'études céliniennes

19h/20h30 • Spectacle
Faire danser les alligators sur la flûte de Pan, choix de correspondances établi par Émile
Brami, écrivain, interprété par Denis Lavant, acteur. Un spectacle écrit par Émile Brami d'après la correspondance de Louis-Ferdinand Céline, Scénographie et mise en scène Ivan Morane - production : Compagnie Ivan Morane, avec l'aimable autorisation de Mme Destouches, François Gibault et des Editions Gallimard.



SAMEDI 5 février 2011
14h/16h • Céline et l’histoire
Table ronde avec Jean-Pierre Martin, essayiste, Yves Pagès, écrivain/éditeur et Daniel Lindenberg, historien, entretien avec Delfeil de Ton, journaliste. Modératrice Marie Hartmann, université de Caen.

16h30 /17h30 • Un autre Céline
Avec Sonia Anton, université du Havre, L’Oeuvre épistolaire - Émile Brami, Céline au cinéma - Johanne Bénard, université de Kingston, Céline au théâtre - Tonia Tinsley, Université de Springfield (sous réserve) Céline et les gender studies. Modératrice Johanne Bénard, universitaire.

18h30/19h30 • Lectures
Lectures d’extraits de texte de Céline par Fabrice Luchini, comédien.


Albert Paraz - Pétrouchka

Présentation de l'éditeur
Eté 1953. Reclus dans la villa de Vence qu'il partage avec sa gouvernante Kate de Porada, miné par la tuberculose et sans doute, déjà, par quelque autre mal sournois qui finira par l'emporter quatre ans plus tard, Albert Paraz déploie pourtant une activité prodigieuse. Non seulement il donne à Rivarol une chronique de radio hebdomadaire, mais entretient des relations épistolaires suivies avec une foule de correspondants. Epoque des plus fécondes où cohabitent deux sources d'inspiration, l'Afrique noire et le polar. Côté Afrique, L'Adorable métisse vient juste de sortir des presses et il prépare déjà Sainte-Marie de la Forêt. L'année précédente, il a publié son premier roman " noir ", Une Fille du tonnerre. Son éditeur, André Martel, le presse de lui donner une suite. Ce sera Pétrouchka, entamé dans l'urgence fin juillet, bouclé en novembre, achevé d'imprimer le 15 décembre 1953. Moins de six mois pour un roman dont il attend, comme toujours, monts et merveilles. Pour se couler dans le moule Série Noire, Paraz, que la langue verte a toujours fasciné, a besoin d'un maître argotier fiable. Justement, parmi ses correspondants, un petit truand, tubard comme lui, pour l'heure en postcure au sana de Saint-Martin du Tertre après avoir goûté de la prison. L'oiseau rare. Doté de surcroît d'un beau brin de plume. Le petit truand s'appelle Michel Boudon et deviendra, plus tard, Alphonse Boudard. Ignorant avec la même superbe indifférence les règles de la littérature policière et celles de la vraisemblance, Paraz invente un genre nouveau, qu'exploitera plus tard Frédéric Dard dans la série des San Antonio. Roman sans queue (si on ose dire!) ni tête, désinvolte et libertaire, Pétrouchka mélange fiction et réalité, érotisme et humour, actualité et érudition, personnages romanesques et réels.

Albert Paraz, Pétrouchka, Ed. L'Age d'homme, 2010.
Commande possible sur Amazon.fr.

samedi 19 février 2011

Journée Louis-Ferdinand Céline sur France-Culture - Radio Libre - 19/02/2011

Tout au long de ce samedi 19 février 2011, France-Culture consacre ses émissions à Louis-Ferdinand Céline à l'occasion du cinquantenaire de sa mort. Voici les quinze dernières minutes consacrées à Céline de l'émission Radio Libre par Arnaud Laporte, diffusée entre 15h30 et 17h en direct et en public du théâtre de la ville. Une séquence où deux comédiennes font une lecture de Céline.

Louis-Ferdinand Céline par Loïc Zimmermann

www.e338.com

Journée Louis-Ferdinand Céline sur France-Culture - Concordance des temps - 19/02/2011

Tout au long de ce samedi 19 février 2011, France-Culture consacre ses émissions à Louis-Ferdinand Céline à l'occasion du cinquantenaire de sa mort. Voici l'émission Concordance des temps par Jean-Noël Jeanneney, diffusée à 10h. Le sujet : "La responsabilité morale de l'écrivain sous la III° République", avec Gisèle Sapiro, historienne, chercheuse (CNRS).


Lavant, prodigieux Céline

Denis Lavant a triomphé, trois soirs durant, au théâtre Sorano, dans la peau -de vache- de Louis-Ferdinand Céline. L'écrivain (1894-1961) a mauvaise presse. Son antisémitisme virulent lui a valu une mise à l'index qui a toujours grignoté le champ de la littérature. Dans ce domaine, pourtant, l'écrivain est un génie. « Voyage au bout de la nuit » ou « Mort à crédit » ont révolutionné un genre qui ronronnait, dans une valse sombre privilégiant le rythme, le choc, la verdeur.

Céline en parlait avec une lucidité exacerbée dans une correspondance que Denis Lavant a jouée avec la force qu'on lui connaît, tour à tour vieux tigre fatigué n'en pouvant plus de donner des coups de griffe et pantin gesticulant cabotinant jusqu'à la vomissure.

Sur scène, le comédien abandonne ses frusques (gilet sur gilet), traîne la patte entre son bureau et son lit, éructe et souffre. « Ce qui compte, c'est l'émotion, pas le verbe, dit Céline. Transformer le langage parlé en mots, c'est un travail long, difficile. Ce que je veux, c'est chuchoter à l'oreille des lecteurs. Personne ne veut me croire mais écrire, c'est terrible. »

Victime de maux de tête et d'insomnies, Céline tourne en rond, se bat avec ses éditeurs, conchie le monde entier. Dans une scène hallucinante, il sort des vieux bouquins d'un carton et les balance à terre. Toute la littérature du XXe siècle subit le jeu de massacre : Sartre (« qui a appris l'existentialisme chez un philosophe nazi »), Joyce (« trop lent : un enculeur de mouches »), Aragon et même un Flaubert qu'il admire pourtant (« J'échangerai toute son œuvre contre une nageuse olympique »). On rit, jaune évidemment, subjugués par le jeu nuancé d'un Denis Lavant en état de grâce. Sous le sale type bat le cœur d'un homme.

J.-M. L.S.
La Dépêche, 19/02/2010.

Denis Lavant sera aujourd'hui samedi avec Jacques Roubert, à 18h, à la galerie le Confort des Etranges, 3, rue Mirepoix à Toulouse. Tél. 06 63 69 29 52.

>>> A lire : Denis Lavant, au bout de la nuit avec Louis-Ferdinand Céline au Sorano (La Dépêche, 17/02/2011)

Journée Louis-Ferdinand Céline sur France-Culture - Répliques - 19/02/2011

Tout au long de ce samedi 19 février 2011, France-Culture consacre ses émissions à Louis-Ferdinand Céline à l'occasion du cinquantenaire de sa mort. Voici l'émission Répliques d'Alain Finkielkraut diffusée à 9h. Le sujet : "Céline et nous", avec Henri Godard, essayiste, éditeur des œuvres de Céline dans la Pléiade (Gallimard), Patrick Kéchichian, critique littéraire.


vendredi 18 février 2011

Semaine Louis-Ferdinand Céline sur France-Culture - Vendredi 18 février 2011 - 5/5

Matthieu Garrigou-Lagrange, producteur de Une vie une œuvre sur France Culture, a réuni des archives rares et dispersées, dont une longue interview de 1959 avec Francine Bloch, provenant du fond sonore de la Bibliothèque nationale, ou celle par deux étudiants à la fin de sa vie… et fait entendre Louis-Ferdinand Céline romancer sa vie, se plaindre, juger les autres écrivains… du lundi 14 au vendredi 18 février 2011 à 20h dans A voix nue.

Emission du vendredi 18 février 2011:

Trois bonnes raisons de lire Louis-Ferdinand Céline par Matthieu Garrigou-Lagrange - France-Culture, 18/02/2011

Matthieu Garrigou-Lagrange énonce "trois bonnes raisons de lire Céline", dans les Matins de France-Culture du 18 février:

jeudi 17 février 2011

Semaine Louis-Ferdinand Céline sur France-Culture - Jeudi 17 février 2011 - 4/5

Matthieu Garrigou-Lagrange, producteur de Une vie une œuvre sur France Culture, a réuni des archives rares et dispersées, dont une longue interview de 1959 avec Francine Bloch, provenant du fond sonore de la Bibliothèque nationale, ou celle par deux étudiants à la fin de sa vie… et fait entendre Louis-Ferdinand Céline romancer sa vie, se plaindre, juger les autres écrivains… du lundi 14 au vendredi 18 février 2011 à 20h dans A voix nue.

Emission du jeudi 17 février 2011:

mercredi 16 février 2011

Semaine Louis-Ferdinand Céline sur France-Culture - Mercredi 16 janvier 2011 - 3/5

Matthieu Garrigou-Lagrange, producteur de Une vie une œuvre sur France Culture, a réuni des archives rares et dispersées, dont une longue interview de 1959 avec Francine Bloch, provenant du fond sonore de la Bibliothèque nationale, ou celle par deux étudiants à la fin de sa vie… et fait entendre Louis-Ferdinand Céline romancer sa vie, se plaindre, juger les autres écrivains… du lundi 14 au vendredi 18 février 2011 à 20h dans A voix nue.

Emission du mercredi 16 février 2011:

Vient de paraître : Les métamorphoses d'Alphonse

Les éditions Robert Laffont viennent de publier Les métamorphoses d'Alphonse volume regroupant Mourir d'enfance, L'étrange Monsieur Joseph et La fermeture.
Le dernier numéro du
Service Littéraire (n°38, Février 2011) lui consacre une page avec des papiers de François Cérésa, Jean-Claude Ponçon et Joss Beaumont.

Présentation de l'éditeur
« On connaissait le Boudard de la langue verte et de la verve populaire, ce livre révèle un Boudard plus personnel, sensible et révolté, un magnifique écrivain français », concluait la quatrième de couverture de Mourir d’enfance, le « roman » dans lequel Boudard, plus personnel que jamais, évoquait ses années de jeunesse et ses relations avec sa mère. Le jury de l’Académie française fut du même avis que l’éditeur et lui décerna pour ce livre son Grand Prix du roman en 1995. Avant de disparaître, en 2000, à l’âge de soixante-quatorze ans, Alphonse Boudard devait encore publier un livre aux Editions Robert Laffont, L’Etrange Monsieur Joseph (1998), portrait d’un personnage hors-norme qu’il avait rencontré en prison, ferrailleur juif, embrouilleur professionnel, pourvoyeur de métaux pour les nazis, voguant de façon ambiguë durant la guerre entre la Gestapo et l’armée des Ombres. Aujourd’hui, ces deux ouvrages auxquels s’ajoute La fermeture, paru chez Robert Laffont en 1986 et consacré aux maisons closes (« J’ai toujours vécu avec ces histoires de bordel en toile de fond, disait Boudard, parce que ma mère se défendait comme ça »), sont réunis en un seul volume. Ce triptyque forme un ensemble cohérent, qui reflète le regard que Boudard jetait sur cette période si marquante, de l’avant-guerre à l’après-guerre en passant par les années d’occupation, période durant laquelle il a lui-même traversé des univers aussi distincts que ceux de la Résistance et des Forces françaises libres d’un côté, de la pègre, de la prostitution et de la prison de l’autre. Sous le triple visage du romancier, du biographe et de l’historien, Alphonse Boudard fait revivre un monde disparu et impose son talent, celui d’un écrivain à la gouaille, à la truculence, à l’invention verbale rares.

Alphonse Boudard, Les métamorphoses d'Alphonse, Robert Laffont, 2011.
Commande possible sur Amazon.fr.

Louis-Ferdinand Céline par Alain Soral

Alain Soral, qui vient de faire paraître Comprendre l'Empire aux éditions Blanche, évoque sa vision du "cas Céline":

Mise à jour

Notre note listant les diverses réactions à la suppression de Céline des Célébrations nationales 2011 a été mise à jour:
http://lepetitcelinien.blogspot.com/2011/01/reactions-laffaire-celine.html

A paraître : Une enfance chez Louis-Ferdinand Céline

Les éditions Michel de Maule annonce la parution pour mai 2011 de Une enfance chez Louis-Ferdinand Céline de Marouschka Dodelé.



Résumé
Qui est Louis-Ferdinand Céline pour Marouschka, la petite fille puis la jeune fille qui venait prendre ses cours de danse chez Lucette Destouches ?

Plus de détails à parution.
Pré-commande possible sur Amazon.fr.


Faire danser les alligators sur la flûte de pan les 16, 17 et 18 février 2011 à Toulouse

Faire danser les alligators sur la flûte de pan, spectacle écrit par Emile Brami d'après la correspondance de Louis-Ferdinand Céline, se jouera à Toulouse les 16, 17 et 18 février 2011.

Interprété par Denis Lavant
Scénographie et mise en scène par Ivan Morane
Création lumière et scénographie Nicolas Simonin
Création décor et costume Emilie Jouve

Réservations 05 34 31 67 16
Horaires mercredi et jeudi à 20h, vendredi à 21h
Durée 1h25

Théâtre Sorano
35 allées Jules Guesde
31000 Toulouse

www.theatresorano.com

mardi 15 février 2011

Semaine Louis-Ferdinand Céline sur France-Culture - Mardi 15 février 2011 - 2/5

Matthieu Garrigou-Lagrange, producteur de Une vie une œuvre sur France Culture, a réuni des archives rares et dispersées, dont une longue interview de 1959 avec Francine Bloch, provenant du fond sonore de la Bibliothèque nationale, ou celle par deux étudiants à la fin de sa vie… et fait entendre Louis-Ferdinand Céline romancer sa vie, se plaindre, juger les autres écrivains… du lundi 14 au vendredi 18 février 2011 à 20h dans A voix nue.

Emission du mardi 15 février 2011:

Louis-Ferdinand Céline - Dinard - 2011

Louis-Ferdinand Céline sera deux fois à l'affiche à Dinard cette année 2011:

- Dieu qu'ils étaient lourds ! le 1 juillet 2011 à 21h à l'auditorium Stéphane Bouttet. Entretien théâtral et littéraire avec Louis-Ferdinand Céline. Conception, adaptation et mise en scène : Ludovic Longelin. Avec Marc-Henri Lamande et, en alternance, Ludovic Longelin et Régis Bourgade.

- Céline secret les vendredi 11 et samedi 12 novembre 2011 à 20h30 au Palais des Arts et du Festival. Adaptation et mise en scène : François Gabriel. Avec François Gabriel et Marie Gwenn. Chorégraphie : Gaëlle Hocquet. Percussions : Jean-François Roger. Texte à deux voix : celle de Véronique Robert, qui raconte son amitié avec Lucette Destouches, et celle de Lucette Destouches qui raconte Céline à travers 25 ans de vie commune. Adapté de Céline secret par François Gabriel.

Réservations : 02.99.46.94.12

François Gibault présente dans un court texte ces 2 spectacles dans le Guide culturel 2011 de la ville de Dinard.

lundi 14 février 2011

Semaine Louis-Ferdinand Céline sur France-Culture - Lundi 14 février 2011 - 1/5

Matthieu Garrigou-Lagrange, producteur de Une vie une œuvre sur France Culture, a réuni des archives rares et dispersées, dont une longue interview de 1959 avec Francine Bloch, provenant du fond sonore de la Bibliothèque nationale, ou celle par deux étudiants à la fin de sa vie… et fait entendre Louis-Ferdinand Céline romancer sa vie, se plaindre, juger les autres écrivains… du lundi 14 au vendredi 18 février 2011 à 20h dans A voix nue.

Emission du lundi 14 février 2011:

Louis-Ferdinand Céline : "vous verriez facilement les fées..."

"les herbages du Nord sont blêmes... blêmes comme leur Ciel et leur Baltique... tout un, hommes, nuages, mer, herbes... une certaine traîtrise... vous verriez facilement les fées..."

Louis-Ferdinand Céline, D'un château l'autre, 1957.

dimanche 13 février 2011

Un scoop pour commémorer les 50 ans de la mort de L.F. Céline !

Bébert n’était pas mort…

On le croyait mort depuis longtemps. Bébert, le chat de Céline, qui avait disparu à la mort de celui-ci et que tout le monde croyait également décédé, s’était réfugié dans une ferme du Sud de l’Argentine, où il coulait des jours tranquilles en compagnie d’autres Chalauds. La nouvelle a mis le gouvernement en émoi. Le ministre de la Culture a organisé une conférence de presse au cours de laquelle il a déclaré qu’il « assumerait ses responsabilités » face à un événement qu’il a qualifié de « tout simplement inouï ». Monsieur Mitterrand n’avait en effet jamais cru à la thèse d’un Bébert vivant et s’était même permis d’ironiser à plusieurs reprises sur la thèse dite du « Chat caché », développée dans les années quatre-vingt par des chercheurs du Centre Simon Wiesenthal. « Croyez-moi, si Bébert était vivant, on entendrait ses miaou », avait-il déclaré lors du dernier festival de Cannes.

Le Parti socialiste n’a pas tardé à réagir par la voix de son porte-parole. « La légèreté du ministre de la Culture dans ce dossier est une insulte faite à tous les déportés passés, présents et à venir », a déclaré Benoît Hamon avant d’en appeler à la démission de Monsieur Mitterrand.
Bébert a été confondu dans la matinée du 21 janvier dernier alors qu’il se rendait à une messe à la mémoire de Louis XVI dans la petite ville de Rio Grande, au cœur de la pampa argentine. Le hasard a voulu qu’un pilote français du rallye Raid Dakar, qui se déroule actuellement dans la région, ait été immobilisé une demi-heure dans le même village, le temps d’enlever de son pare-buffle le corps d’une petite fille qu’il venait d’écraser. Intrigué par la ressemblance du chat avec Bébert, il a eu la bonne idée de se cacher derrière sa voiture et de crier son nom. « A vrai dire, je ne sais pas trop pourquoi j’ai fait ça, a-t-il déclaré aux enquêteurs. Mais quand il s’est retourné, je peux vous dire que j’ai sérieusement halluciné ». Les autorités locales alertées, Bébert n’a opposé aucune résistance lors de son arrestation, paraissant même soulagé selon un policier.
Les premiers éléments de l’enquête semblent montrer que Bébert vivait dans la même ferme depuis cinquante ans, en compagnie de deux ou trois autres Chalauds, où tous menaient une vie discrète et tranquille. « On ne les connaissait presque pas, a déclaré un habitant de Rio Grande. Ils cultivaient des carottes et des choux-fleurs, jouaient à l’Estanciero (sorte de Monopoly local, ndlr) et venaient parfois au hameau acheter des boîtes de ronron. Ils étaient un peu distants mais très courtois. Personne n’aurait pu imaginer cela ».
A l’heure décisive où Bébert réapparait, tout le monde se souvient avec émotion des paroles prononcées sur son lit de mort par Simon Wiesenthal, le 19 septembre 2005 : « Je vous le dis, mes amis, il est caché (Ich sage euch, meine freunde, es ist versteckt) » avait murmuré l’ancien déporté avant de s’éteindre. Ces quelques mots poignants n’avaient malheureusement pas été pris pour ce qu’ils étaient : l’inspiration d’un visionnaire.

Julien JAUFFRET (avec l’agence Reuters)
Blog Le choc du mois, 3/2/2011

Céline, à table ! par Stanislas de la Tousche le 17 février à Paris

Le jeudi 17 février 2011 à 19h, la librairie Henri IV propose Céline, à table !, spectacle en monologue de Stanislas de la Tousche, à partir principalement d'extraits de D'un château l'autre et Féerie pour une autre fois I.

Librairie Henri IV
15 Bd Henri IV
75004 Paris
01.42.72.34.22

samedi 12 février 2011

Louis-Ferdinand CÉLINE : « d@ns le texte » (9/2/2011)

Émission "d@ns le texte" du 9 février 2011 consacrée à Louis-Ferdinand Céline. Animée par Judith Bernard, avec André Derval, responsable du fonds d’archives Céline à l’Institut Mémoires de l’Edition Contemporaine (IMEC), a publié notamment L'accueil critique de Bagatelles pour un massacre et Frédérique Leichter-Flack, auteur de La Complication de l'existence : Essai sur Kafka, Platonov et Céline (2010).


Le Petit Célinien - Lettre d'actualité n°3

Pour recevoir gratuitement par courriel à chaque parution la lettre d'actualité du Petit Célinien, laissez-nous votre mail à l'adresse habituelle : lepetitcelinien@gmail.com.

Ce numéro est consacré à la "semaine Céline" programmée par France-Culture du lundi 14 au samedi 19 février 2011.


Le Petit Célinien - Lettre d'actualité n°3.

Il avait l'air bien ordinaire...

Évidemment Alcide évoluait dans le sublime à son aise et pour ainsi dire familièrement; il tutoyait les anges, ce garçon, et il n'avait l'air de rien. Il avait offert sans presque s'en douter à une petite fille vaguement parente des années de torture, l'annihilement de sa pauvre vie dans cette monotonie torride, sans conditions, sans marchandage, sans intérêt que celui de son bon coeur. Il offrait à cette petite fille lointaine assez de tendresse pour refaire un monde entier et cela ne se voyait pas.
Il s'endormit d'un coup, à la lueur de la bougie. Je finis par me relever pour bien regarder ses traits à la lumière. Il dormait comme tout le monde. Il avait l'air bien ordinaire. Ça serait pourtant pas si bête s'il y avait quelque chose pour distinguer les bons des méchants.

Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932.