jeudi 31 juillet 2014

« Nos amours retardataires », objet célinien non identifié...

La curiosité de l'été. Nos amours retardataires, un film, ou plutôt une sorte d'expérience visuelle et sonore vient de sortir en DVD. Que vient faire Céline ici ? Il est au centre du scenario et traverse les 50 minutes de cet objet expérimental. L'histoire : « Un homme, traumatisé par la découverte de l'oeuvre de Louis-Ferdinand Céline, sombre dans une paranoïa destructrice allant jusqu'à s'identifier à l'écrivain. Deux femmes vont chercher, par amour, à le ramener à la réalité. N'est-il pas déjà trop tard ? ». Extrait : 



Nos amours retardataires, DVD, L'Harmattan vidéo, 2014.
Disponible sur Amazon.fr.

mercredi 30 juillet 2014

Louis-Ferdinand CÉLINE & Alfred DÖBLIN par Charline MALAVAL (2013)

« Un voyage au cœur de l'homme dans l'entre-deux-guerres : "Voyage au bout de la nuit" de Louis-Ferdinand Céline et "Babylonische Wanderung" d'Alfred Döblin », la thèse de Doctorat présentée et soutenue par Charline MALAVAL le 30 septembre 2013 à l'Université de Toulouse est disponible en format numérique :


 
Résumé
Dans les années d'entre-deux-guerres, de nombreux intellectuels ont voyagé afin de circonscrire l'amplitude de la crise qui secouait le siècle au lendemain de la guerre. Céline et Döblin ont apporté une interrogation particulière et inédite de cette problématique. Les deux auteurs dans "Voyage au bout de la nuit" et "Babylonische Wanderung" ont utilisé le roman pour interroger ce qu'est être un homme, désormais. Une crise de la littérature s'est fait l'écho du désenchantement qu'a connu le monde, et les deux auteurs l'ont traduite par le biais de jeux romanesques, par le détournement de motifs relatifs au voyage, et de libertés prises avec les conventions esthétiques de la représentation du réel. En ouvrant les frontières du réel par l'emprunt de tonalité burlesque ou fantastique à une sphère surréelle, Céline et Döblin ont interrogé la nature imparfaite de l'homme. Ce travail s'efforce de mettre en exergue la singularité du regard des protagonistes sur le monde sondant un dépassement du réel dans leurs nombreux voyages, traduisant l'esprit d'expérimentation au centre de la pensée des années d'entre-deux-guerres au niveau politique, idéologique, médical et scientifique, et a défini leur style. Face au spectre large des monstruosités que révèle l'expérimentation du réel et de la sphère surréelle, Céline et Döblin ont proposé la posture cynique. Deux options cyniques, d'un écrivain à l'autre, celle du cynique antique et celle du cynique moderne, émergent de leurs voyages et de leurs expérimentations. Il ressort de ce travail la mise en évidence de l'incarnation littéraire de la crise du roman par l'analyse de l'expérimentation de cet au-delà du réel prégnant des fondements d'une crise de l'humanisme.

mardi 22 juillet 2014

« La Bretagne de Céline » : deux photographies de la commission Rockefeller par Gaël RICHARD

Autour de « La Bretagne de Céline » : deux photographies de la commission Rockefeller de lutte contre la tuberculose en France
par Gaël RICHARD

Le 18 juillet 1947, Céline recommandait dans une lettre à Milton Hindus, « un jour si vous voulez rigoler vous trouverez à la Bibliothèque de Washington – (Qui se flatte d’avoir tous les livres du monde !) une thèse de Doctorat en médecine – français de la faculté de médecine de Paris – d’un dénommé Dr Alexandre Bruno – vers 1920. Cette thèse a trait à la mission Rockefeller contre la tuberculose en France de 1917 à 1920… Dans les pages de cette thèse (que vous trouverez sans doute aussi à la Bibliothèque de la Fondation Rockefeller à New York) vous trouverez une photographie, un groupe où je figure en Officier américain ! Avec un ordre de mission de Pershy [Pershing] s’il vous plaît ! Toute la farce ! J’étais le chef de ce groupe de propagandistes, conférenciers etc. Du Charlie Chaplin ! Mais me reconnaîtrez-vous ? J’avais 22 ans ! » (1)

Ce cliché avait en effet été publié par Alexandre Bruno dans Contre la tuberculose, la mission Rockefeller en France et l’effort français (1925), mais dans un si petit format qu’il était impossible d’y reconnaître Louis Destouches, qui venait de débarquer à Rennes comme conférencier, le 10 mars 1918. Une épreuve originale mais mal légendée (2) de ce cliché vient d’être retrouvée aux archives municipales de Rennes, et publiée en grand format dans la revue Place Publique Rennes (n° 28, de mars-avril 2014, page 100) : elle permet pour la première fois d’identifier les traits des personnalités qui posèrent ce jour-là devant l’hôtel-de-ville… Soixante-quinze personnes posèrent : outre le Dr Follet, président du comité local de lutte contre la tuberculose, futur beau-père de Destouches, le général d’Amade, commandant la Xe Région militaire, le préfet Juillard et le docteur Léon Bernard de l’Association nationale d’assistance aux anciens militaires tuberculeux, toutes les principales notabilités de la ville étaient réunies : Perrin de La Touche (encore directeur de l’école de médecine), Desgrée du Lou (Ouest-Éclair), les docteurs Le Normand, Perrier, Huchet et Camuzet, etc... Certains membres de la Mission se reconnaissent par leurs uniformes américains comme les docteurs Selskar Gunn et Alexandre Bruno au premier rang ; l’on peut également voir les représentants de la Croix-Rouge américaine, Frances Elisabeth Crowell, les docteurs Wing et Bakler, et surtout à la place d’honneur, à la droite du maire, Jean Janvier, le président de l’université du Colorado et directeur de la mission, Livingstone Farrand, accompagné de son épouse. Mais, hélas ! difficile d’identifier clairement Louis Destouches dans ce groupe compact, dont quelques visages à l’arrière-plan sont
Céline en mars 1918 à Rennes ?
occultés par les chapeaux… tout au plus, devine-t-on la silhouette du complice de Louis, Albert Milon, en haut au centre… mais que penser de cet autre individu, un peu en retrait, à gauche, visiblement peu concerné par la solennité du moment, et le regard distrait ?

Rien de bien convaincant, certes, mais Louis Destouches se tenait sans doute là, peut-être en uniforme, comme sur cet autre cliché fort connu [voir ci-dessous], mais qui n’a pas été reproduit dans la thèse signalée par l’écrivain à Hindus, trente années plus tard, dans son exil danois…

La bibliothèque et les archives de la Fondation Rockefeller, à New-York, renferment encore nombre de clichés inédits, au milieu desquels un chercheur qui ne déclare jamais forfait aura peut-être le bonheur de retrouver le portrait de groupe que décrit Céline. Nos maigres moyens ne nous ont permis que d’analyser les documents numérisés par la Fondation, et notamment les collections mises en ligne en 2013 à l’occasion de son centenaire, « 100 Years, The Rockefeller Foundation »(3). À défaut d’un portrait inédit de Louis, on peut y admirer celui de son compagnon de route, le modèle du grand Courtial des Pereires de Mort à crédit : Henry de Graffigny lui-même, posant fièrement devant son Guignol, à Clermont-Ferrand, en 1919 !

Raoul MARQUIS en juillet 1919 (portrait inédit)
Raoul Marquis (1863-1934), alias Henry de Graffigny, qui dirigeait alors à Paris la revue Eurêka, modèle du Génitron, n’avait rejoint l’équipe n°2 de la commission de lutte contre la tuberculose sur les routes de Bretagne que bien après la cérémonie rennaise : début octobre 1918, il remplaça le chauffeur-opérateur cinématographiste et ne mit au point son « Guignol prophylactique » qu’en avril 1919, après le départ de Louis Destouches, qui avait donné sa dernière conférence à Nantes en décembre 1918 (4). La première séance à l’attention des enfants des écoles de Clermont-Ferrand date, selon le journal tenu par un membre de la commission américaine, du 14 avril 1919. (5)

Daté de juillet 1919, à l’usine Michelin de Clermont, ce portrait inédit est d’autant plus émouvant qu’il nous montre les traits de Graffigny à l’époque de ses premières déconfitures, après la mort d’un fils sur le front, après la fin de l’épopée d’Eurêka… au moment précis où Destouches le perdant de vue, va bientôt conseiller à leur ami commun Albert Milon de se défier de « cette vieille épave »… On sait que Céline, en décembre 1935, peu avant la parution de Mort à crédit, tenta de retrouver « ce vieux petit bonhomme pour lequel il a travaillé autrefois, auteur de petits manuels scientifiques », en demandant son adresse à Max Fischer, directeur littéraire chez Flammarion. Sans doute aurait-il aimé, alors, revoir le regard de celui qui avait accompagné ses premiers pas dans le cercle des petits inventeurs qui lui étaient si chers… En vain. Il ne trouva au cimetière de Septeuil que sa tombe : Raoul Marquis était mort et enterré, depuis août 1934…

Céline concluait dans une lettre adressée à Fischer le 7 janvier 1936 : 
« Il m’a donné de bien cocasses leçons de vivre et de ne pas vivre. Il était bas et universel, astronome et mesquin, inventif et désespérément maladroit. Il avait tout pour lui et tout contre lui. À présent c’est fini. » (6)
Quatre mois plus tard, avec le retour de Courtial des Pereires dans Mort à crédit, tout recommençait…


Gaël RICHARD
Le Petit Célinien, 22 juillet 2014. 


Louis DESTOUCHES & Raoul MARQUIS


Notes
1 - Cahier Céline, N.r.f., n°11, p. 80, cité par G. Richard, La Bretagne de L.-F. Céline, 2013, page 39.
2 - L’auteur de cette découverte, David Bensoussan, a daté par erreur ce précieux document du 29 octobre 1911, de l’inauguration de la statue célébrant l’union de la Bretagne à la France, alors qu’il s’agit bien de la cérémonie d’accueil de la commission américaine le 10 mars 1918, comme l’a signalé l’historienne rennaise Sophie Chmura dans le numéro suivant de Place publique Rennes (n° 29, mai-juin 2014, page 103) et dans son article « Patriotisme et hygiénisme, la carte postale outil de propagande », également dans Place publique Rennes (n° 30, page 35).
3 - RF War Relief Commission, “Michelin factory in the province of Auvergne,” 100 Years: The Rockefeller Foundation. http://rockefeller100.org/items/show/1980. Voir également le dossier consacré à Selskar M. Gunn, http://rockefeller100.org/biography/show/selskar-m--gunn.
4 - Voir G. Richard, « Henry de Graffigny », dans L’Année Céline 2009, et La Bretagne de Céline, 2013, pages 42-45.
5 - « About 300 school girls ; forceful lesson by Miss Villain ; Mr. Graffigny gave Guignol show. This was the first introduction of the Guignol into the educational program; made a great impression on the children ; emphasized each of the points brought out in the preceding lecture. Mr Milon held conference for boys ; the Guignol introduced again with great success ». Rockefeller Foundation records, officers' diaries, RG 12, Box 415, Reel M Ros 1, Frame 295. 
6 - Etudes céliniennes, n°8, printemps 2013, page 123.

dimanche 20 juillet 2014

Le Petit Célinien - Lettre d'actualité n°55

Pour recevoir gratuitement par courriel à chaque parution notre lettre d'actualité, laissez-nous votre mail à l'adresse habituelle : lepetitcelinien@gmail.com.

Le Petit Célinien - Lettre d'actualité n°55.
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Vient de paraître : L'Année Céline 2013

La dernière livraison de L'Année Céline vient de paraître aux Éditions du Lérot. Cette publication 2013 nous réserve à nouveau un copieux sommaire...

Jean-Paul Louis ouvre le numéro de cette année avec un hommage à Serge Perrault disparu le 13 mars dernier en nous proposant les notes inédites du danseur et ami de Céline qui viennent faire le point sur quelques évènements de la vie de l'écrivain, sa mort et de quelques « confidences de Lucette ». Vient ensuite la correspondance découverte ou passée en vente en 2013 et 2014, avec notamment des lettres à Jean-Gabriel Daragnès, Thorvald Mikkelsen et Mme Bailles. Ces lettres à Mme Bailles, vendues en juillet dernier, sont plus précisémment datées que ce que nous vous proposions alors et s'étaleraient de juin 1947 à 1950.

La rubrique des « Études » est cette année construite autour de deux textes. Dominique-René Simonot offre les bonnes feuilles d'un ouvrage à paraître avec un texte sur le thème de la couleur dans l'oeuvre de Céline. La première partie d'un article-fleuve sur Céline et le cinéma, « Céline et le septième art. Gros plans et flash-back », signé Éric Mazet, apporte de précieuses contributions historiques et biographiques sur les nombreux protagonistes croisés par Céline dans ses tentatives d'adaptation au cinéma de ses romans et scénarios.

Au delà des frontières hexagonales, c'est le Danemark qui est mis à l'honneur dans ce numéro avec trois articles de la presse danoise de 1949 et 1950 exhumés par Heinz Frellesen et ici traduits par François Marchetti, qui est aussi à l'origine de la traduction de plusieurs extraits du livre d'Ole Seyffart Sorensen, Le géant, le professeur - et l'enfant, monographie [uniquement disponible en danois] sur la rencontre entre Céline et l'universitaire américain Milton Hindus.

Revue de presse, actualités, adaptations théâtrales et éditions sont répertoriés en fin de volume, auquel vient s'ajouter un nouveau Complément au Dictionnaire de la correspondance, allongeant ainsi la liste des correspondants connus de l'écrivain. 
M.G.
Le Petit Célinien, 20 juillet 2014

L'Année Céline 2013, Éditions du Lérot, 224 pages, 2014.

Le volume 35 € franco à 
Du Lérot, éditeur
  Les Usines Réunies
16140 TUSSON
05.45.31.71.56 - www.dulerotediteur.fr
> Table des matières
> Retrouvez le sommaire des anciens numéros ici.

Le Petit Célinien dans la presse...

La presse nous a accordé cette année une petite place dans ses colonnes. L'Année Céline, dans son édition 2012 sortie en début d'année, a ouvert le bal en mentionnant nos productions ; la revue Lectures Françaises, « Revue de la politique française », se fait l'écho de nos activités dans son numéro 684 de juin 2014. Le Bulletin célinien évoque notre présentation d'A l'agité du bocal dans son article « Le retour de l'agité du bocal » paru dans son numéro de juin.
L'adresse du site est donnée aux lecteurs de La Dépêche du Midi du 1er août 2014 à l'occasion d'un article sur les compères Mazet et Kanony, qu'on ne présente plus...
Robert Lévesque, écrivain et critique littéraire canadien, évoque Le Petit Célinien dans un article paru sur son blogue de la revue 24 Images, dans lequel il se définit comme un « abonné présent, aussi fidèle qu’un petit Bruxellois, dans les années de l’entre-deux-guerres, pouvait l’être aux livraisons du Petit Vingtième... »
Enfin, vous trouverez dans les références internet retenues par Le Monde pour son numéro hors-série consacré à Céline (« Une vie, une oeuvre » n°22, juillet-août 2014) l'adresse de votre site préféré jugé « très complet, régulièrement mis à jour ».

> L'Année Céline
2012 & 2013

n°684, juin 2014

n°364, juin 2014

 > Revue 24 Images
Blogue de Robert Lévesque, 24 juillet 2014

> La Dépêche du Midi
1er août 2014

> Le Monde
Hors-série « Une vie, une oeuvre » n°22, juillet-août 2014

> Philippe Sollers, www.pileface.com
« Céline. La genèse du "Voyage" enfin publiée », 19 septembre 2014

> L'Obs
« Luchini, Gallienne, Balmer, Podalydès... qui dit le mieux Céline ? », 8 mars 2016

samedi 12 juillet 2014

« L'Enfant chez Céline » : XXème colloque international Louis-Ferdinand Céline (3-5 juillet 2014)

Les 3, 4 et 5 juillet 2014 à Paris, la Fondation Singer-Polignac accueillait le vingtième colloque international Louis-Ferdinand Céline de la Société d'études céliniennes. Plus d'une quinzaine d'intervenants ont disserté sur le thème retenu cette année : « L'Enfant chez Céline ». 


JEUDI 3 JUILLET 2014

14 h - Ouverture du colloque par François GIBAULT, Président de la Société d'études céliniennes :




Présidence : François GIBAULT
Johanne BÉNARD, Lire Shakespeare dans Guignol's band : un jeu d'enfants ? :




Anne SEBA-COLLETT, Céline : d'une enfance abjecte vers une poésie du dépouillement :




16 h 30
Anne BAUDART, Céline - Fellini : l'enfance des visionnaires :




Isabelle BLONDIAUX, La danse des mots ou l'étrange maladie de Céline :




VENDREDI 4 JUILLET 2014

10h - Présidence : Alice STAŠKOVÁ
Ana Maria ALVES, Souvenir d'enfance dans Mort à crédit : le décès de la grand-mère :




Véronique FLAMBARD-WEISBART, De l'éducation de Ferdinand et de ses traces dans l'oeuvre
Non disponible 

Pierre-Marie MIROUX, « Bébert et Bébert » :




14 h - Présidence : Pierre-Marie MIROUX
Émile BRAMI, L'enfant comme enjeu politique dans Les Beaux-Draps de L.-F. CÉLINE :




François-Xavier LAVENNE, « L'enfance, notre seul salut » : les utopies contre-éducatives céliniennes :




16h
Pascal IFRI, L'école dans l'oeuvre de Céline : de Mort à crédit aux Beaux draps :




Florence de MÈREDIEU, Artaud/Céline. Destins croisés : la « guerre continuée » :

Partie 1 :




Partie 2 :



SAMEDI 5 JUILLET 2014

9 h 30 - Présidence : Isabelle BLONDIAUX
David FONTAINE, Céline et le conte pour enfants :




Sven Thorsten KILIAN, Un imaginaire du début de siècle : La Légende du roi Krogold et L'Homme-orchestre :




11 h
Christine SAUTERMEISTER, Entre apocalypse et utopie : les scènes d'enfant dans la trilogie allemande :




Alice STASKOVA, La poétique du geste dans Nord et la question de la théâtralité :




14 h
Bianca ROMANIUC-BOULARAND, Jeux de cache-cache au pied de la lettre dans Voyage au bout de la nuit :




François GIBAULT, Céline dans la correspondance Morand - Chardonne :



16h
Débat entre Christine SAUTERMEISTER et Pierre ASSOULINE animé par François GIBAULT :


18 h Fin du colloque 


 Sociétés d'études céliniennes
3, rue Monsieur
75007 PARIS

Fondation Singer-Polignac
43 avenue Georges Mandel
75116 Paris

mercredi 9 juillet 2014

« Discours aux asticots » : le nouveau spectacle de Stanislas de la Tousche en Avignon

Après plusieurs représentations parisiennes, Stanislas de la Tousche s'installe en Avignon jusqu'au 27 juillet avec son nouveau spectacle « Discours aux asticots », joué en alternance avec « Y en a que ça emmerde...? ». Deux spectacles construits à partir de Féerie pour une autre fois, Guignol's band, D'un château l'autre, Rigodon et des derniers entretiens. Mise en scène Géraud Bénech. Lumières Rémy Chevillard. 


Théâtre du Bourg-Neuf
5-7 bis rue du Bourg-Neuf
84000 Avignon

Salle rouge - 12h30
Réservations
04 90 85 17 90 


Jours pairs : « Discours aux asticots »
L'abominable homme des lettres reçoit ! Céline en médecin misanthrope passe de l'ironie féroce à la compassion profonde pour l'homme souffrant. Un portrait inouï de l'écrivain, en un va-et-vient passionnant entre fiction et interviews, illuminé par une incarnation totale.

Jours impairs :  « Y en a que ça emmerde...? »
L'ermite de Meudon nous entretient en consultation : tout y passe, la clique germanopratine, les souvenirs burlesques et poignants de prison, l'hommage aux femmes de sa vie.




lundi 7 juillet 2014

Échos céliniens...

Dédicace de Céline à Mr Weinmann
> Théâtre : du 8 au 20 juillet 2014 en Avignon, au Théâtre La Condition des Soies, Philippe Calvario, Jil Caplan et Seb Martel interpréteront des textes des auteurs Raymond Carver, William Burroughs, Allen Ginsberg, John Fante, Henry Miller et Céline. www.laconditiondessoies.com.

 > En Italie, les éditions Einaudi rééditent une traduction de Nord par Giuseppe Guglielmi. www.einaudi.it.

> Le 17 juin 2014 à Paris la maison Millon a passé en vente publique une lettre autogaphe de Céline à Gaston Paymal, « secrétaire du docteur Destouches », et des exemplaires de Voyage, L'Eglise et Mea culpa dédicacés au couple Paymal. Télécharger le catalogue et les résultats de la vente.

> Ce même 17 juin 2014, l'étude Bailly a proposé à Drouot de nombreux documents et éditions originales dédiées à Elisabeth Craig, Karen Marie Jensen, Eugène Dabit, des exemplaires dédicacés à Mr Weinmann (ci-contre), au libraire parisien Tschann, à Germaine Constant, etc... Télécharger le catalogue et les résultats.

>  Arthur Larrue, ancien professeur de littérature à l'université d'état Herzen de Saint Petesbourg a disserté sur Céline le 18 juin dernier à la librairie La Manoeuvre à Paris : www.youtube.com.

> La RTBF propose "Les artistes sur le front", un extrait de l'émission "14-18" de Michel Franssen (1966) : www.rtbf.be.

>  Philipp Roth évoque Céline dans un entretien paru dans The Paris Review No. 93 Fall 1984 : www.theparisreview.org.

> Les céliniens lui doivent, entre autres, les deux volumes des Cahiers de l'Herne consacrés à Céline. L'équipe du Méridien Zero revient sur le parcours de Dominique de Roux en compagnie de Pierre-Guillaume de Roux, son fils, lors d'une émission diffusée le 5 juillet 2014 disponible à la réécoute sur www.meridien-zero.com.

>  Théâtre : Le jeudi 3 juillet 2014, dans le cadre du Festival de la Correspondance de Grignan, François Deblock et Denis Lavant ont proposé "Céline, par le cuirassier Destouches", une lecture spectacle composée à partir de Voyage au bout de la nuit et de la correspondance du jeune soldat à sa famille. Adaptation libre Nathalie Levy et Gérald Stehr, mise en lecture Jean-Philippe Puymartin. www.grignan-festivalcorrespondance.com.

dimanche 6 juillet 2014

Voyage au bout de la nuit par Raphaël Enthoven (France Culture, 2014)

Raphaël Enthoven dissèque Voyage au bout de la nuit pour "Le Gai savoir", émission diffusée en deux parties sur France Culture les 29 juin et 6 juillet 2014. Avec Paola Raiman. Lecture de Denis Podalydès. Réalisation : François Caunac.





jeudi 3 juillet 2014

Louis-Ferdinand CÉLINE : « Il partira quand je serai plus... »

C'est le mouvement sa nature... elle m'étourdit même je dois le dire... elle rebondit, pirouette en lutin... dans la pièce tout autour de moi... Quels jolis cheveux !... quel or !... quelle gamine !... Si je dis un mot, elle me regarde... elle me prend pas au tragique... je voudrais être tragique... je vois une malice dans ses yeux !... Je voudrais qu'elle sourie toujours !... même de ma bêtise... Je suis idiot avec mon complet !... Que je suis sorti exprès pour ça !... je me rends ridicule... avec le mercure en plus ! quel effet tout de même ! Voleur ! Que j'ai honte... je suis sur des charbons... Je rougis... je pourrais rien dire... je l'écoute elle... son babillage... c'est de l'oiseau anglais... je comprends pas tout... Elle parle un peu vite... c'est capricieux l'anglais, c'est joueur, c'est espiègle, celui des fillettes... ça rebondit aussi... tinte... rit d'un rien... cabriole... palpite... Quelle gaieté !... Quels bleus reflets clairs et puis mauves... ses yeux me prennent tout... C'est vite fait ! j'oublie... je ne vois plus rien... elle est trop agréable fleur ! oui fleur !... je respire... bleuet !... oiseau j'ai dit... j'aime mieux oiseau... tant pis ! Je suis ensorcelé... bleuets ses yeux... une fillette... et ces jupes courtes !... Ah ! c'est trop d'attirance cochon ! les cheveux blonds éparpillés... quand elle bondit, illumine l'air... Ah ! c'est trop beau !... je vais défaillir... C'est adorable !... Ah je me tranquillise !... merde tant pis !... Je devrais pas... Il nous laisse seuls l'autre biscornu !... Puisqu'on est là tous les deux !... Ah ! je me trouve trop bien dans le fauteuil... ça me fait un bien effrayant... Je palpite ! palpite !... Ah ! qu'elle est belle cette petite môme... ah ! que je l'adore !... Je la croquerais... Quel âge qu'elle a ? Je lui demande là voir chiche ?... Eh puis non ! j'ose plus !... je prends encore du thé... je mange peu... toujours pour la discrétion... je me souviens de l'autre fois. C'est affreux de mâcher sous son regard... là mastiquer, engloutir, sous ses beaux yeux adorables... je pourrais jamais... j'en mourrais ah !... une délicatesse qui me ronge... je ne veux plus, pendu pour pendu j'aurais pas mangé !... je serais mort délicat voilà !... tout par ferveur pour Virginie !... C'est bien son nom Virginie ?... Il faut que je lui demande si j'ose ?...
« Virginia ?... You Virginia ?
- Yes ! Yes !... »
Ah ! trop belle... tout est trop beau ! son regard ! son sourire ! ses cuisses ! Je les vois quand elle saute ses cuisses... elle se gêne pas... musclées là roses et brunies... sa robe est trop courte... Ah ! elle me tient bien compagnie... ou tout simplement elle me surveille... Ça faut pas que j'oublie quand même... c'est des hypocrites... mais j'ai pas envie de m'en aller... je suis pris !... elle m'a pris !... Ah ! j'ose plus bouger du tout... Elle aurait peut-être appelé « au secours » si j'avais bougé ?... quel tête-à-tête ! Je demeure bien sage... Je me fais charmer, je l'écoute, c'est des petits mots bien amusants, ses petites remarques merveilleuses à propos de tout... de rien... Je refuse les petits gâteaux... elle est pas contente... elle me gronde... je boufferais tout pour un sourire... tous les gâteaux, le plateau, la table... je suis déjà son prisonnier... dans la plus belle prison du monde !... Ah je resterais là immobile... Je fais :
« Oui ! Oui ! Yes !... Yes !...  »
Je veux bien tout ce qu'elle veut. Elle veut que je reprenne du thé... Je me remplis, je me gave... mais c'est elle qui me fait lever... elle me fait venir à la persienne... Elle veut me faire voir quelque chose... là dans la persienne... dans le lierre... Ah ! oui ! je vois dans la lueur... l'interstice... le tout petit oeil du moineau... Ah ! il guettait bien lui aussi !.. couii !... coui... si il la voit ! ça c'est vraiment extraordinaire ! un gros moineau ébouriffé et hardi en somme ! comme elle !... il attendait... il épiait... il nous jetait son petit oeil rond à travers la fente... minuscule oeil tête d'épingle... tout noir luisant et couic ! couic ! couic !...
« Il attend aussi »
Elle me renseigne... Ça c'était pour que je comprenne... que je soye aussi patient que le piaf. Elle rit.
C'est drôle à tant de payes de distance, de l'autre siècle pour ainsi dire, j'y pense toujours à ce piaf... C'est elle qui me l'a fait voir... Quand je vois une persienne, du lierre, j'y pense toujours à son petit oeil... Ah ! il vous reste pas grand-chose, quand on réfléchit, de toute une vie de micmacs, foires et promesses à se rappeler, je veux dire de choses agréables... c'est infime en somme... les occasions fourmillent pas... Chacun peut se rendre compte... Moi ce petit piaf-là c'est quelque chose que je me souviens toujours heureux... je voudrais pas qu'il s'envole... il partira quand je serai plus...

Louis-Ferdinand Céline, Guignol's band II, Pléiade, pp. 334-335.
Disponible sur Amazon.fr.


mercredi 2 juillet 2014

Le Bulletin célinien n°365 - juillet/août 2014

Vient de paraître : Le Bulletin célinien n°365. Au sommaire :

- Marc Laudelout : Bloc-notes [Société des études céliniennes]
- Frédéric Saenen : Les Entretiens avec le Professeur Y au miroir de Sainte-Beuve
- Philippe Alméras : « La littérature à travers Céline » ou les bonheurs et les tourments du célinien discret
- Éric Mazet : Voyages [mars-décembre 1926]

Le Bulletin célinien, c/o Marc Laudelout, Bureau Saint-Lambert, B. P. 77, BE 1200 Bruxelles.
Abonnement annuel : 55 € (onze numéros). Courriel : bulletinlfc@gmail.com