vendredi 30 mai 2014

INÉDIT : « Débâcle à Sigmaringen » - Europe-Amérique n°25 - 29 novembre 1945

Hebdomadaire belge paraissant sous divers titres entre 1944 et le début des années 1980 (Grande-Bretagne, Europe-Amérique puis Europe-Magazine), Europe-Amérique est un journal d'« images, enquêtes et reportages » classé à droite de l'échiquier politique puis à l'extrême droite. Dans la troisième partie d'un article sur « la vérité sur la mort de Doriot » publié dans son n°25 du 29 novembre 1945, le journal évoque les derniers jours de la présence de la délégation française à Sigmaringen. Avant d'évoquer le sort de Laval puis celui du Maréchal Pétain, l'auteur de l'article rend compte de l'atmosphère du réduit français avec « son train-train prétentieux et inutile, fait de potins, de fêtes galantes, de jalousies, d'intrigues et d'espionnage » et de brosser quelques scènes qui ne sont pas sans nous rappeler D'un château l'autre, où si certains connaissent la misère : « au buffet de la gare [...] c'était l'entassement indescriptible de soldats allemands permissionnaires, de paysans wurtembergeois embarrassés de paniers, de sacs et de colis, au milieu desquels les Français s'efforçaient de trouver une petite place pour poser un pied, allonger une jambe ou plier un bras. », d'autres tentent de l'oublier avec « les soirées littéraires ou artistiques, des soirées de music-hall ; [...] des récitals d'orgue ». Le plus ridicule restant « le véritable spectacle [...] des acteurs qui avaient été les maîtres de la France et qui, en dépit des déclarations du maréchal Pétain, en dépit de ses protestations, se prenaient encore au sérieux et se croyaient encore investis d'un pouvoir légal. » 
Nous reproduisons ici le passage consacré à Louis-Ferdinand Céline sous-titré « Voyage au bout de la nuit », semble t-il inédit, en tous cas non référencé, selon nos informations, dans la Bibliographie des articles de presse et des études en langue française consacrés à L.-F. Céline. 1914-1961 (Du Lérot, 2011).

VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT
Pendant ce temps, les troupes Alliées progressaient avec régularité sur tous les fronts. La machine de guerre allemande fonctionnait de plus en plus mal, et les fameuses armes secrètes ne faisaient toujours pas leur apparition.
Par contre, des nouvelles arrivaient à Sigmaringen qui n'étaient pas faites pour remonter un moral à zéro ! On apprenait que la fameuse division française SS « Charlemagne » engagée sur le front de l'Est près de Dantzig, avait été presque entièrement décimée.
Louis-Ferdinand Céline, pessimiste dès la première heure, ne cachait plus son dégoût. Il était à peine capable de révolte. Il était las d'avoir eu raison, d'avoir crié « casse-cou » à ses indolents compatriotes bornés. Sa fulgurante passion dévastatrice était éteinte. Pourtant, il avait encore des accès « céliniens », témoin ce monologue tenu devant un de ses amis où il se pastichait lui-même, tout en radotant : 
« C'est écrit... l'affaire est dans le sac... les allemands sont archi-foutus, emballez les os et plantez un saule, les tripes d'un côté, les gambilles de l'autre... Un drôle de bignolage, d'ailleurs, d'ailleurs, y comprennent rien à ce qui se passe... Mais les français de Sig... alors eux... bouchés, aveugles... y pigent pas que les américains et les anglais vont les cueillir comme des fleurs et les mettre au poteau... Valsez fantoches... à la ballade des fusillés... »
Tout cela dit d'un ton rogue, bourru, à la Céline, souligné par un regard d'un bleu profond, légèrement rêveur, terriblement intelligent et blasé.
Puis, continuant sur un ton de confidence sérieuse :
« Mais j'suis pas fou, je fous le camp ! Qu'ils crèvent s'ils veulent, ces révolutionnaires fonctionnaires... moi, je quitte le bled... Adieu Sigmaringen... J'en ai assez ; pour mon compte, terminé le ballet des crabes... J'fous le camp en Norvège... Là-bas je ne verrai plus leurs faces de pierrots et de jean-foutre... Adieu les gens de la Kollabo... je m'en vais au pays de Lacs... »
Et il s'éloignait dans son étrange accoutrement habituel : canadienne crasseuse, jadis blanche, gants de laine pendus à une longue ficelle autour du cou, une serviette de cuir à la main et, le plus souvent, sous le bras un curieux sac de caoutchouc, dans lequel était enfermé un petit chat noir qui sortait seulement la tête en clignant des yeux.
Un jour que tout Sigmaringen était allé à la « Deutsches Haus » écouter Léon Degrelle, qui faisait un discours sur l'Europe nouvelle et le redressement de la France, Céline, invité, arriva en retard à la conférence. Il chercha une place mais n'en aperçut une qu'au second rang de l'assistance. Placidement, de sa démarche de pachyderme, vêtu de son inséparable canadienne, le chat sous le bras, la serviette de cuir à la main, il traversait l'allée centrale pour aller s'asseoir, quand Degrelle dans le feu de sa péroraison et ne connaissant pas de vue l'auteur des « Bagatelles pour un massacre » s'écria : ... « la France pour se redresser a besoin d'un type d'homme nouveau, et ce n'est pas avec des pantouflards qui se baladent avec un chat sous le bras et une serviette à la main qu'on pourra refaire une Nation puissante... ». Céline s'arrêta, le regarda l'air étonné, haussa tranquillement les épaules et, tournant le dos à Degrelle qui continuait, il sortit l'air très digne...
N'ayant prévenu personne d'autre que Rebatet et l'ami à qui il avait fait la confidence rapportée ci-dessus, Céline, au milieu du mois de mars, quitta, un beau soir, Sigmaringen pour la Norvège, avec sa femme, sa canadienne blanche, ses gants et leur ficelle, et le chat dans le petit sac de caoutchouc...
C'était le premier départ de Sigmaringen. Sentant de loin... l'approche des troupes Alliées, « le prophète » Céline fuyait leur arrivée, avec une avance de plus d'un mois sur ses compatriotes.


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Nos remerciements les plus sincères à Jean-François DUVIOL qui a eu la gentillesse de nous transmettre ce document. 

« François GIBAULT, un fidèle de CÉLINE » (France Inter, 2014)

François Gibault répond aux questions de Jean Lebrun pour l'émission "La marche de l'histoire", à l'occasion de la sortie chez Gallimard de Libera me. Un programme diffusé sur France Inter le 18 avril 2014.



A écouter :
> Entretien avec François GIBAULT (LabTV, 2014)

> Louis-Ferdinand CÉLINE : « Une légende, une vie » (1976)

Échos céliniens...

> De nombreuses éditions originales de textes de Céline seront mises aux enchères, dont cette belle édition de L'Ecole des cadavres (estimée 1800-2200 €) et une lettre à Charles Deshayes de 1949, le mardi 10 juin 2014 à 14h30 à Drouot par Mathias, Baron Ribeyre & Associés, E. Farrando. Télécharger le catalogue de la vente ici.

>  Henri Thyssens publie « Une journaliste anti-célinienne virulente et méconnue : Lucienne Simmer », un article à lire sur www.thyssens.com.

> La librairie Henri IV (15, Bld Henri IV, 75004) organise le 5 juin 2014 à 19h une rencontre avec Henri Godard, à l'occasion de la sortie d'A travers Céline, la littérature ; les éditions des Saints-Pères présenteront leurs travaux et le comédien Stanislas de la Touche interprétera quelques extraits de D'un château l'autre. Entrée libre mais réservation souhaitée au 01 42 72 34 22.

> Bernabé Wesley communiquera le 2 juin 2014 à 14h sur « L'oralité de l'histoire chez Louis-Ferdinand Céline » lors des Deuxièmes rencontres de la sociocritique et de l'ethnocritique de Metz des 2 et 3 juin 2014 à l'Université de Lorraine. www.ethnocritique.com.

> Le site Autographe des siècles propose pour 3500 € une lettre de Céline à Evelyne Pollet datée d'août 1947 dans laquelle il raconte ses conditions de détention au Danemark. Une lettre éditée dans Lettres (Pléiade, 2009). www.autographes-des-siecles.com.

> Paraît dans la collection Folio de Gallimard La Grande Guerre des écrivains, D'Apollinaire à Zweig, anthologie d'une centaine de textes où Céline trouve sa place avec la publication de quelques lettres déjà connues à ses parents et à Simone Saintu. Un volume disponible sur Amazon.fr.

> Le presse allemande consacre un article à Céline à l'occasion des 120 ans de sa naissance : www.freitag.de.

> Rodolphe Dana sera sur la scène du théâtre de Chateauvallon le 12 juin 2014 à 20h30 pour Voyage au bout de la nuit. www.chateauvallon.com.

> Sylvain Pattieu, maître de conférences en histoire à l'Université de Paris 8, écrivain, militant de la gauche radicale, à propos de la sortie du roman de Silien LARIOS, L’usine des cadavres ou la fin d’une usine automobile du nord de Paris aux Éditions libertaires, 2013 :  « [...] Cette chronique de l’usine est aussi l’occasion pour Silien Larios d’un étonnant travail sur la langue. Son récit est foutraque, parsemé à n’en plus finir de points d’exclamation, phrases scandées, tournures orales reprises telles quelles, inventions langagières. Il y a du Céline, qu’il admire, dans sa prose. Le bon Céline, celui de l’irruption de la langue populaire dans la littérature. Il s’adresse au lecteur, à lui-même, ressasse, répète, revient en arrière, de façon complètement assumée : "Remboursez ! Il répète ! Ressasse !... Délire sans arrêt ! Tout pareil, pleine longueur de page ! Lecteur : tout se répète à longueur de temps ! Dans les journaux ! les radios ! les bistrots !... pourquoi je ferais pas pareil ? J’illustre en plein l’éternel retour qui tourne toute berzingue, roue libre ! Pas pour tous pareil qu’il tourne, je dis pas ! Je dis pas ! N’empêche que si le mécanisme est pas brisé ! Les méchancetés ! Saloperies ! Misères, reviendront ! Les déflagrations continueront ! Les chagrins ! Les malheurs !". Des passages entiers de ce que l’auteur appelle ses "délires" ou "névroses" constituent de véritables parenthèses du récit, bifurcations, intersections, voies parfois sans issues. L’univers décrit par Silien Larios est aussi un univers langagier, généré à force de malaxation du langage populaire mâtiné de références politiques et philosophiques. [...] Toutes ces critiques, Silien Larios semble les désarmer par avance en assumant une part d’autodérision : "L’ombre maléfique du docteur Destouches plane sur votre récit ! En plus de lasser le lecteur, vous démoralisez sec ! Y a rien d’objectif dans vos pages !". Il y répond sur le même ton : "Chez moi, c’est moi qui distribue les plats aux invités ! Ma petite musique, c’est moi qui la joue ! Dans l’ordre qui me plaît ! Chacun peut sortir sa cuisine ! Inviter qui il veut ! Si ça lui chante, qu’ils racontent posément ! Dans l’ordre ! Sur du velours pour que ses invités suivent bien ! Soient pas ébranlés ! Fassent la sieste après lecture ! Chez moi les événements sont racontés tels quels : vus… entendus… vécus !". A son crédit, on pourrait dire qu’il s’agit d’un roman, d’un narrateur-personnage qui ressemble peut-être à son auteur-inventeur, mais dans l’outrance et la provocation. Cela n’enlève rien à son talent littéraire. »
Source : « Voyage au bout de l’usine, roman célinien à Aulnay », Médiapart, blog du Séminaire ETAPE, 28 mars 2014.

> Michel Duchemin a lu Voyage au bout de la nuit, des extraits de La main coupée, de Blaise Cendrars, et de lettres de poilus le 23 mai 2014 à l'abbaye de Maillezais (Vendée) dans le cadre du centenaire de la Grande Guerre.

mardi 27 mai 2014

Pierre de BONNEVILLE évoque Louis-Ferdinand CÉLINE (Radio Notre-Dame, 2014)

En ce jour anniversaire des 120 ans de la naissance de Céline, Radio Notre-Dame a invité Pierre de Bonneville pour évoquer l'auteur de Voyage au bout de la nuit pour l'émission "Le grand témoin" animée par Louis Daufresne :


 

En kiosque : Spécial Céline n°13 - Enquête sur un génie à plusieurs têtes

Le trimestriel Spécial Céline sort son treizième numéro (juin, juillet, août 2014). En vente en kiosque, 19,50 €.

Au sommaire :


Étude
Chimiste le matin, écrivain l'après-midi, docteur le soir, par Éric Mazet
Analyse
Le silence et le cri... ou les points de suspension dans l'oeuvre de L.-F. Céline, par Agnès Hafez-Ergaut
Lecture
Céline au Septentrion, un voyage aux îles Saint-Pierre-et-Miquelon, par Matthias Gadret
Opinion
Dentelle blonde, danse d'apocalypse, par Luc-Olivier D'Algange
Lecture
Retour au Paraz du Gala des vaches, par Francis Bergeron
Entretien
Émile Brami « Les grands artistes sont des monstres », par Joseph Vebret
Agenda
Actualité célinienne & actualité personnelle, par David Alliot
Anthologie
D'un Céline musicien, quelques notes sans musique, par Éric Mazet


> Consulter le sommaire des anciens numéros.

samedi 17 mai 2014

Les Entretiens du Petit Célinien (XII) : Pierre-Marie MIROUX

Agrégé de Lettres modernes, Docteur ès-Lettres et Professeur honoraire en classes préparatoires aux Grandes Écoles, Pierre-Marie Miroux a publié en 2006 Matière et lumière : la mort dans l'oeuvre de L.F. Céline aux éditions de la Société d'études céliniennes, dont il est un membre actif. Il nous présente aujourd'hui son nouvel essai, Céline : plein Nord, une anthologie d'articles sur les liens de Céline avec cette région française.


Dans un premier article, vous retracez très précisément la généalogie nordiste de Céline, finalement peu connue. Céline n'a donc pas inventé son ascendance flamande ? 
Céline n'a absolument pas inventé son ascendance nordiste. Par contre il l'a confondue avec une ascendance flamande, mais tout le Nord de la France et toute une partie de la Belgique ne se réduisent pas aux Flandres, même si une partie du département du Nord et une partie de la Belgique sont flamandes. La famille de Céline est originaire du sud du département du Nord, à l'entrée de la région dite de l'Avesnois, région de bocage que l'on appelle parfois localement « la petite Suisse du Nord ». On n'est donc pas du tout dans le plat pays flamand néerlandophone. D'où vient cette confusion ? Est-ce que dans la famille de Céline, on assimilait déjà Nord et Flandres ? Est-ce parce qu'il a découvert le Nord à travers les Flandres, en Belgique, à Poelkapelle, là où il fut blessé, puis à Hazebrouck, ville de Flandre française où la langue populaire était le flamand (comme le prouve le surnom donné au frère d'Alice David, Maurice, surnommé Mau'tje - le tje étant un diminutif flamand caractéristique) ? Ou parce que ça l'arrangeait pour pouvoir se rapprocher de peintres correspondant à ses goûts comme Brueghel ou Jérôme Bosch ? Le plus probable est qu'il n'a jamais recherché vraiment ses origines nordistes et que le nom même de la ville du Quesnoy était oublié dans la famille : il s'est donc contenté de cette assimilation entre Nord et Flandres. Si Céline avait su qu'il avait eu des trisaïeuls ayant vécu à Valenciennes, nul doute qu'il n'aurait pas manqué de les évoquer en rapport avec la dentelle de cette ville dont il parle à plusieurs reprises dans ses romans : l'occasion aurait été trop belle ! 

L'expérience de la guerre va profondément bouleverser la vie de Céline. Et c'est dans le Nord, à Poelkapelle, qu'il sera blessé en octobre 1914 et transporté à l'hôpital d'Hazebrouck jusqu'en décembre 1914. Vous dites que c'est à cet endroit qu'il vivra les scènes de bombardements, de flots de réfugiés, ces visions apocalyptiques que l'on retrouvera notamment dans Voyage au bout de la nuit ? 
Hazebrouck était tout près de la ligne de front. Il évoque le bruit du canon qu'il entend de son lit d'hôpital. C'est également une ville qui a vu arriver un nombre considérable de réfugiés belges, ou d'autres villes du département du Nord, comme Lille : la sœur d'Alice David, Angèle, était réfugiée de Lille, ville occupée par les Allemands pendant toute la durée de la guerre. De même, on voit que M. Houzet qui s'est occupé de lui, à la demande de son père, pendant son séjour à Hazebrouck, s'inquiète pour sa mère, âgée, bloquée à Lille jusqu'à la fin des hostilités. Céline a sûrement ressenti tout cela, bien que l'hôpital où il se trouvait ait été un cocon protecteur. Ce qu'on peut trouver dans Voyage au bout de la nuit sur ce thème, vient de là et des combats des Flandres en 1914. Mais les grandes visions apocalyptiques de la trilogie allemande viennent bien sûr de son expérience de réfugié en Allemagne en 1944 - 1945. 

C'est à Hazebrouck qu'il fera des rencontres signifiantes. Le Docteur Sénellart, qui sauvera son bras, mais surtout l'infirmière Alice David, dont vous nous faîtes découvrir la vie. Quelle type de relation a t-elle entretenu avec Céline ? 
J'ai essayé d'éclairer au maximum la relation d'Alice et du jeune cuirassier Destouches. Pour cela nous avons les lettres d'Alice qui montrent clairement qu'elle a éprouvé des sentiments amoureux pour Céline, ou, au moins, des sentiments d'amitié amoureuse. Est-ce allé plus loin ? Y aurait-il eu une vraie liaison, d'où serait née une petite fille ? 
Tout le mystère est là. Des rumeurs en ont circulé apparemment pendant la guerre, et encore longtemps après, s'il faut en croire Mme Cauwel, infirmière comme Alice en 14-18. En même temps, la petite nièce d'Alice affirme que, d'après les souvenirs qu'elle a gardés de sa grand tante, cela est inconcevable, mais elle n'a connu Alice que beaucoup plus tard, quelques années avant sa mort. 

Dans leur correspondance, on sent une femme amoureuse, malgré ce qui peut les séparer ; d'abord leur âge, elle a vingt ans de plus que le jeune soldat Destouches. Céline a t-il été aussi attaché à elle, qu'elle à lui ? 
Céline n'a sûrement pas été attaché à Alice autant qu'elle à lui. Cependant il faut être prudent car l'évolution de Céline est très rapide à partir de 1915. Son séjour en Angleterre, ses fréquentations d'alors, son mariage même, puis ensuite son épopée africaine, vont le transformer très vite. Mais dans le court moment où il fut à Hazebrouck, le réconfort d'une femme comme Alice, et l'affection qu'elle lui portait, lui ont sans doute été très précieux : il n'avait que 20 ans, il sortait de quelques mois d'horreur des combats, il était sérieusement blessé : il y avait donc de quoi être véritablement perturbé. Je pense que l'amour d'Alice a alors compté pour lui  et qu'il ne l'a jamais oubliée : la preuve en est qu'à travers toutes les pérégrinations de sa vie, il a toujours conservé ses lettres. 

Une relation qui se retrouve bien sûr dans les romans. Pouvez-vous nous parlez de cet épisode de Greenwich dans Guignol's band ? 
Le court passage de Guignol's Band que je cite où Céline raconte ses escapades en bateau de Londres à Greenwich est très révélateur de sa manière de faire. Céline, avec ses romans, n'a pas écrit ses Mémoires. Il choisit des épisodes de sa vie, les assemble, le plus souvent dans un ordre dont nous savons qu'il n'a rien de chronologique, et reconstruit une oeuvre personnelle avec ces matériaux. Il a choisi de ne pas parler explicitement d'Alice et de son séjour à Hazebrouck auquel il ne fait que quelques allusions dans toute son œuvre. Seule la connaissance d'éléments extérieurs au texte m'a permis de relier cet épisode féerique des promenades en bateau de Londres à Greenwich aux visites, rares sans doute, rendues aux enfants d'Angèle David réfugiés chez les Ursulines de Greenwich (chez lesquelles était religieuse une autre sœur d'Angèle et d'Alice), pendant que leur mère était à Hazebrouck et leur père à Lille où il exerçait son travail de marbrier. Le thème féerique de l'eau se comprend encore mieux ainsi puisqu'il était, dans la réalité, relié à des enfants, autres êtres de la féerie chez Céline. 

Vous réunissez de nombreux éléments, d'abord biographiques puis littéraires (Voyage, Guignols band II et III), qui permettent de penser à la naissance d'une fille, fruit de cette relation. Vous allez même jusqu'à montrer que la vérité romanesque deviendrait plus vraie que la vérité biographique. Pouvez-vous nous en dire plus ? 
Au risque de paraître très prétentieux, je pense que l’idée que la vérité romanesque serait plus vraie que ce que nous pensons savoir de la vérité biographique est une idée qui ouvre des voies à la recherche célinienne. Il n'y a aucune trace retrouvée jusqu'à présent de la naissance d'une fille de Céline en 1915, et pourtant il y a des allusions troublantes à un tel phénomène dans son œuvre, notamment dans les ébauches de ce qu'on appelle Guignol's Band III. Je pense que, chez Céline, tout est vrai - il dit suffisamment qu'il est un chroniqueur - mais qu'il a transposé la réalité, et du même coup crypté son œuvre, d'une façon que nous commençons seulement à entrevoir vraiment. Je suis persuadé qu'il y a encore beaucoup de recherches à faire dans ce domaine. 

Une hypothèse intéressante aussi est celle d'une Alice David sous les traits d'Alcide, le fameux personnage de Voyage au bout de la nuit. 
Évidemment mon hypothèse selon laquelle Acide pourrait n'être que l'anagramme d'Alice D., façon dont elle signait ses lettres, peut paraître fantaisiste. Cependant Céline ne forme pas au hasard les noms de ses personnages : le général des Entrayes, l'errant perpétuel Robinson, la famille Henrouille (en rouille), Mme Hérote (nom qui fait écho à Eros) qui fournit du plaisir sexuel aux soldats, tout cela nous montre que ces noms sont signifiants. Et que l'on se demande pourquoi Marcel Aymé devient Marc Empième, un empyème étant un terme médical désignant une accumulation de pus dans une cavité du corps : on comprendra peut-être l'ambigüité des sentiments de Céline envers cet écrivain, qui est resté son ami, mais dont il a soupçonné qu'il aurait pu être lié à Gen Paul dans la brouille qui les ont opposés après la guerre. Mon hypothèse selon laquelle Alcide pourrait être une allusion masquée à Alice David paraîtra peut-être alors moins farfelue, tous deux incarnant la bonté désintéressée, si rare aux yeux de Céline. 

Le Nord est le lieu de découverte de la médecine pour Céline avec les soins qui lui seront apportés par l'équipe de l'hôpital d'Hazebrouck et ceux d'Alice David en particulier. Mais il y fera aussi son retour en 1925 en tant que médecin de la Société des Nations pour y étudier ce qui le passionne, les questions d'hygiène sociale et les conditions ouvrières. Que va t-il tirer de ce voyage ? 
De ce voyage d'accompagnateur de la mission SDN, Céline a dû tirer le même enseignement que les médecins qu'il accompagnait : l'importance de l'hygiène comme moyen de prévention des maladies. On est alors en plein héritage pasteurien. La visite à l'Institut Pasteur de Lille, fondé par Pasteur lui-même, est significative à cet égard, ainsi que celle de l'Hôpital maritime de Zuydcoote. L'hygiène fut d'ailleurs, à la même époque, le thème médical de sa thèse de médecine sur Semmelweis, car Semmelweis a montré que c'est le manque d'hygiène des médecins eux-mêmes qui entraînait la fièvre puerpérale. Céline avait d'ailleurs commencé par la prévention de la tuberculose avec la fondation Rockefeller. Tout ce qui touche à la médecine touche à l'hygiène chez lui. Ce voyage avec la mission SDN n'a pu que le conforter dans le choix de cette voie après l'échec de son installation comme médecin libéral à Clichy. 

Le dernier texte de votre livre, « Le Nord, ma marotte ! », aura particulièrement retenu notre attention. Il traite du Nord « rêvé » par Céline, d'un Nord « de fantômes et de légendes », d'un monde de l'émotion, par delà la mort. À travers ce Nord qu'il fantasme comme une véritable quête des origines, ne serait-ce pas ses propres racines que Céline recherche ? 
Absolument, c'est du moins la thèse que je défends. Pour Céline, rappelons-le, « c'est naître qu'il aurait pas fallu », car la vie n'est le plus souvent que misère, méchanceté et souffrance. Pour trouver une vie vivable, si je puis dire, il faut donc retrouver une vie d'avant la vie réelle, une vie fantasmée à travers des origines féeriques d'un autre temps : peut-être est-ce un des sens des origines flamandes liées à la peinture d'un Jérôme Bosch ? Mais ce thème est décliné de nombreuses façons par Céline : ce peut-être aussi bien à travers l'évocation de la Belle Époque, époque d'avant l'apocalypse de la guerre 14, époque de la dentelle « façon Valenciennes », qu'à travers l'évocation de la retraite de Russie à l'envers, celle où la Bérésina n'existerait plus avec son massacre et son fameux passage - lequel passage, dans la géographie parisienne de Céline, devient une « pissotière sans issue ». Le rapprochement que j'ai établi entre la sirène de Scandale aux Abysses, venue du grand Nord s'échouer au Havre, et la grand-mère paternelle de Céline, née dans le Nord et arrivée, elle aussi, au Havre par une mutation de son père, me paraît assez significatif : cela fait partie, selon moi, de ces éléments cryptés que Céline sème, consciemment ou inconsciemment, je ne sais, dans son œuvre. 

Vous dîtes que Céline connaissait très peu ses racines nordistes. Ce flou lui aurait-il permis d'investir ce vide et de donner ainsi libre cours à sa fantaisie ? 
Comme je l'ai dit plus haut, je pense que dans la famille du père de Céline, on avait le souvenir de ces origines nordistes, mais un souvenir vague, l'épisode du passage par Le Havre ayant éclipsé cette mémoire. On voit par contre que le père a bien le souvenir des ses origines havraises à travers son goût pour les bateaux et leurs manœuvres. Le flou qui entourait les origines nordistes n'a pu que mieux permettre à Céline d'en faire ce qu'il voulait. Il n'était pas prisonnier de dates ni de circonstances précises et n'a d'ailleurs jamais cherché à en savoir plus sur ce sujet. Ce qu'il en connaissait lui suffisait tout-à-fait pour ce qu'il voulait en faire. 

Vous interviendrez lors du prochain colloque de la Société d'études céliniennes qui se tiendra à Paris en juillet. Quelle sera le thème de votre communication. Et avez-vous d'autres projets en cours concernant Céline ? 
Le thème du prochain colloque de la S.E.C. est l'enfance. Je ferai donc une communication sur Bébert, le Gavroche de Voyage au bout de la nuit, en le rapprochant du chat de Céline, auquel celui-ci avait donné le nom de Bébert en souvenir de ce personnage, et dont il a fait un héros littéraire à part entière. Enfant et animal sont tous deux des êtres féeriques. Quant au projet que j'aimerais réaliser, c'est une étude la plus exhaustive possible du thème de la dentelle chez Céline : je resterai encore ainsi dans le Nord, puisque la dentelle est une des grandes formes d'expression artistique des Flandres. 


Propos recueillis par Matthias GADRET 
Le Petit Célinien, 17 mai 2014

> Télécharger cet entretien (pdf, 7 pages)


Céline : plein Nord est disponible en librairie ou à la librairie Les Autodidactes (38€ franco), 53 rue du Cardinal Lemoine, 75005 Paris, 01 43 26 95 51, autodidactes@gmail.com.

A écouter :
Céline avant Céline, colloque "Autour de Céline" (2011)

> Bébert et Bébert, colloque "L'enfant chez Céline" (2014)

Vient de paraître : Céline : plein Nord de Pierre-Marie MIROUX

La Société d'études céliniennes édite Céline : plein Nord, une anthologie d'articles de Pierre-Marie Miroux qui revient sur les liens peu connus de Céline avec cette région française. La généalogie nordiste est ainsi clairement établie par l'auteur suivi par le récit détaillé de son passage et de son hospitalisation en novembre 1914 à Hazebrouck. Céline, alors Maréchal des Logis, revient blessé du front. Il y fera la rencontre d'une mystérieuse Alice David. Pierre-Marie Miroux revient enfin sur le voyage de Céline dans le Nord en 1925 en tant que médecin de la Société des Nations pour terminer sur un texte passionnant qui nous plonge dans le Nord « féerisé » par Céline, un Nord « qui nous emmènerait de l'autre côté du réel ». Pierre-Marie Miroux a bien voulu répondre à nos questions dans un entretien à lire ici. 

 Disponible en librairie ou
38 € franco à : 
Librairie Les Autodidactes
53 rue du Cardinal Lemoine
75005 Paris
01 43 26 95 51

Présentation de l'éditeur
Le Quesnoy, Valenciennes, Lille, Hazebrouck… mais aussi le Brandebourg ou le Danemark, autant de points qui jalonnent le parcours des ancêtres de Céline et son propre périple à travers les deux guerres mondiales du 20e siècle. Le Nord, qu’il évoque souvent dans ses œuvres, que ce soit pour revendiquer ses origines « flamandes » ou pour dire l’aimantation qui l’attire vers cette destination féerique, est, pour Céline, un lieu essentiel, à la fois des origines de la vie et de destination de « l’outre-là ». Lieu de naissance et lieu d’une mort qui nous ramènerait aux origines d’avant la vie et son horrible réalité, le Nord est aussi le lieu de l’écriture qui, seule, peut accomplir cette boucle fantasmatique. D’où le fait que Céline donne le titre de Nord à un roman qui une des bornes de cet itinéraire. En quatre articles consacrés aux origines familiales nordistes de Céline, à son séjour, en 1914, à l’hôpital d’Hazebrouck et ses amours avec l’infirmière-chef, à sa mission pour la SDN qui, en 1925, le mène de Lille à Zuydcoote en passant par Douai, et, enfin, à tout ce que signifie le Nord dans l’écriture de Céline, Pierre-Marie Miroux s’attache à le suivre dans ce voyage vers un pôle aimanté que Céline accomplit avec, comme il l’écrit dans sa dernière œuvre, sa « boussole autour du cou » !


A écouter :
Céline avant Céline, colloque "Autour de Céline" (2011)

jeudi 8 mai 2014

Le Petit Célinien - Lettre d'actualité n°53

Pour recevoir gratuitement par courriel à chaque parution notre lettre d'actualité, laissez-nous votre mail à l'adresse habituelle : lepetitcelinien@gmail.com.

Le Petit Célinien - Lettre d'actualité n°53.
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Louis-Ferdinand CÉLINE à Copenhague : le témoignage du journaliste SAMUELSON

Céline à Copenhague (été 1945)


« C'est le plus acharné de mes chacals – il voyage entre Paris et Copenhague exprès pour me harceler »



1944. Céline et Lucette, qui viennent de se marier, partent le 14 juin de la gare de l’Est pour l’Allemagne. Baden-Baden, Berlin, Kraenzlin, Sigmaringen seront les passages obligés pour atteindre le but premier de cette fuite : le Danemark, où Céline avait caché avant-guerre chez une amie danoise ses économies converties en pièces d’or. Le couple arrive à Copenhague le 27 mars 1945. Il y occupe un appartement mis à disposition par une amie, Karen Marie Jensen, situé au 20 Ved Stranden.

Le premier journal a révéler la présence du couple à Copenhague est l'hebdomadaire Samedi-Soir dans un article daté du 15 décembre 1945. Le 16, c'est au tour du journal danois Politiken de relayer l'information. Le journaliste qui a confirmé l'information à la presse française, c'est Mr Samuelson, correspondant danois de l'Agence France-Presse. En confirmant la présence de Céline à ses collègues parisiens, il va jouer un rôle important dans les poursuites judiciaires que devra affronter l'écrivain, son arrestation et son emprisonnement pendant 18 mois. 

À partir de cette date, les autorités françaises, qui découvrent ou feignent de découvrir la présence de Céline dans la capitale danoise s'activent... et demandent l'arrestation et l'extradition de l'écrivain. Le 18 décembre 1945, Guy Girard de Charbonnière, envoyé extraordinaire à Copenhague, officialise par lettre la demande d'arrestation demandée par téléphone la veille en fin d'après-midi au cabinet du Ministre des Affaires étrangères, Gustav Rasmussen1. La police danoise arrête Céline le 17 décembre 1945 vers 20h.

La France envoie un dossier d’accusation si faible que les services danois tergiversent et refusent d’extrader l’écrivain. Il sera libéré en juin 1947 sans être autorisé à quitter le pays et sera logé par son avocat Thorvald Mikkelsen à Klarskovgaard sur les bords de la mer baltique. Il y restera jusqu’à son retour en France en 1951.

Voici le témoignage de É. Samuelson diffusé sur les ondes de la radio suisse R.T.S. en avril 2012 à l'occasion de la programmation d'une série de cinq émissions consacrées à Céline2






Céline, avec toute la mesure qu'on lui connaît, fera de ce journaliste un portrait savoureux :

« J'ai refusé comme cela au début avant mon arrestation de recevoir un journaliste danois nommé Simonsen [sic] – depuis il ne me lâche plus. C'est le plus acharné de mes chacals – il voyage entre Paris et Copenhague exprès pour me harceler. Cette gent journaliste est infect »3

« On vous rapporte l'incident du subordonné congédié tout de travers. Il s'agit en réalité d'un journaliste danois, représentant ici une agence de presse et nommé Simonsen [sic] – qui s'était présenté chez moi – la veille de mon arrestation. J'ai refusé de le recevoir – il comptait énormément vous le pensez sur un [sic] interview – Déçu il m'a voué une haine absolue. Il la reporte sur Charbonnière qu'il engueule quand il le peut, publiquement – lui faisant grief de Vichy, prétendant, tout de travers, que nous sommes complices etc... Ce Simonsen est aussi un imbécile »4

Dans ce dernier extrait, Céline fait référence aux attaques du journaliste contre Guy Girard de Charbonnière publiées dans Franc-Tireur le 27 juin 1946 et dans lequel il accuse le diplomate d'être complice avec Céline et de faire son possible pour empêcher toute extradition en dévoilant ses prétendues sympathies vichystes. Alors qu'il gardera longtemps l'image du féroce persécuteur de Céline, Charbonnière aura à cette époque été largement dénoncé pour sa mollesse. Son manque de zèle pour cette affaire Céline lui vaudra notamment les attaques de L'Humanité en février 1946 et novembre 1947. Gustav Rasmussen, Ministre des Affaires étrangères, enverra pour le soutenir un démenti à la presse et lui affirmera « au cours d'une conversation privée : "Il est vraiment injuste de vous faire supporter le poids de nos propres péchés." »5 

Malgré la réception de quelques éléments nouveaux envoyés par la justice française et en invoquant auprès des autorités danoises « l'intérêt très vif que l'opinion publique française porte à l'affaire Céline », Charbonnière restera très étonné de la faiblesse du dossier d'accusation :

« Je suis même surpris que, s'agissant d'un collaborateur aussi notoire que Céline, il n'ait pas été possible au Juge d'Instruction de rassembler des témoignages plus convaincants. »6

Samuelson continuera pour sa part à s'intéresser à cette affaire. Le 9 mars 1947, il signe un article dans le journal Social Demokraten7 dans lequel il s'interroge sur les tergiversations de la justice danoise et les conséquences d'une extradition :

« Il y a bientôt deux ans que les autorités danoises tiraillent pour prendre une décision sur une affaire qui dans son ensemble présente un caractère inaccoutumé et dont le dénouement pourrait arriver à établir un précédent si le Danemark, en tant que nation alliée, allait refuser de donner suite à une demande officielle d'extradition d'un ressortissant appartenant à une autre nation alliée, accusé dans ce pays d'activité nazie pendant l'occupation allemande. »

À son grand dam, Céline ne sera pas extradé et évitera probablement le sort de son premier éditeur, Robert Denoël, assassiné à Paris le 2 décembre 1945.

Matthias GADRET
Le Petit Célinien, 8 Mai 2014



Notes
1- Cf. Gaël Richard, Le procès Céline, Du Lérot, 2010, p. 90.
2- « Céline, écrivain et pamphlétaire », RTS, 23-29 avril 2012. Un enregistrement disponible sur www.lepetitcelinien.com.
3- Lettre à Marie Canavaggia du 13 mai 1947, Cahiers Céline 9, Gallimard, 2007, p. 300.
4- Lettre à Canavaggia, 30 mai 1947, Cahiers Céline 9, Gallimard, 2007, p. 307.
5- François Gibault, Céline, Tome III, Mercure de France, 1985, p. 99.
6- Lettre à Georges Bidault du 21 septembre 1946.
7- Reproduit dans Gaël Richard, Le procès Céline, Du Lérot, 2010, p. 135-138.

> Korsør 1948 : Georges de Caunes rencontre Céline
> Les différentes demeures de Céline à Klarskovgaard

Théâtre : Un voyage à Athènes avec Akis Vloutis...

Akis Vloutis jouera Voyage au bout de la nuit sur la scène du théâtre Apo Michanis –Syn-Epi d'Athènes du 3 au 30 mai 2014. Création et mise en scène Akis Vloutis d'après une traduction de Cécile Inglessis Margellos (éditions Hestia).

Pourquoi adapter au théâtre le Voyage au bout de la nuit, roman paru en 1932 ? Akis Vloutis a reconnu dans la langue du texte son oralité aussi bien que sa dureté. Les mots semblent égorger nos illusions, mettre a nu l’absurdité sombre de notre discours rationnel. Les phrases sont théâtrales et frappent comme des couteaux. Ferdinand, le héros, est un peu l’incarnation du comédien errant qui endosse tous les rôles, depuis le roi Lear jusqu’à celui qui fait rire, même s’il reste quant à lui une sorte d’ombre sans consistance, sur scène et dans la vie…C’est ainsi que la fascination de l’oeuvre et du personnage a conduit Vloutis à créer, mettre en scène et jouer ce texte magistralement traduit par Cécile Inglessis Margellos aux éditions Hestia.

Apo Michanis Theatre
13 Akadimou Street Metaxourgeio
Athens

mardi 6 mai 2014

Présence célinienne...

> Ce portrait de Céline par Gen Paul sera mis en vente le 14 mai 2014 à Drouot (Lot n°60). Il s'agit d'une huile sur toile de 41 x 33 cm datée de 1936 estimée entre 15 000 et 20 000 €. Le catalogue de la vente est disponible ici.

> Pierre de Bonneville, auteur du récent Et Céline créa Céline, sera l'invité le 27 mai 2014 de Paul Daufresne pour l'émission Le grand témoin de Radio Notre-Dame. 

Dédicace à Florent Fels
> Le 13 mai 2014 à Paris sera mis en vente un exemplaire hors commerce sur alfa de l'édition originale de Voyage au bout de la nuit dédicacé au journaliste et critique d'art Florent Fels estimé entre 17 000 et 20 000 €. Plus de détails sur www.cornette.auction.fr. Dans la même vente, une édition originale numérotée sur alfa de L'Eglise estimée 200-300 € ; un des 35 exemplaires sur hollande van Gelder numéroté de Mort à crédit version expurgée (5000-7000 €) ; un des 15 exemplaires sur hollande à grande marge numéroté de Mea culpa estimé entre 4000 et 6000 € ; un des 85 exemplaires sur pur fil Lafuma numéroté de Bagatelles pour un massacre (1200-1500 €) ; un des 42 exemplaires sur vélin d'Arches d'une édition du Voyage avec 15 dessins de Gen Paul estimé entre 3000 et 4000 € ; un exemplaire sur Arches du tirage de tête numéroté de Guignol's band (1500-2000 €). Le catalogue est disponible en version numérique ici.

> Jean-François Balmer jouera "Voyage au bout de la nuit" les samedi 24 mai 2014 à 20h30 à Angers et 31 mai 2014 à 20h à Tomblaine. Présentation du spectacle et toutes les dates ici.

> Akis Vloutis jouera Voyage au bout de la nuit sur la scène du théâtre Apo Michanis –Syn-Epi d'Athènes du 3 au 30 mai 2014. Création et mise en scène Akis Vloutis d'après une traduction de Cécile Inglessis Margellos (éditions Hestia).

lundi 5 mai 2014

Louis-Ferdinand CÉLINE : François GIBAULT sur France 2 (2014)

A l'occasion de la sortie de Libera me chez Gallimard, François Gibault était l'invité de Laurent Ruquier pour l'émission "On n'est pas couché" samedi 3 mai 2014 sur France 2 :


Le Bulletin célinien n°363 - mai 2014

Vient de paraître : Le Bulletin célinien n°363. Au sommaire : 

- Marc Laudelout : Bloc notes (In memoriam Serge Perrault — Vera Maurice)
- M. L. : François Gibault, notable hors norme
- Arina Istratova & Marc Laudelout : Rencontre avec Serge Perrault
- Eric Mazet : Le docteur Destouches à l'école de la Société des Nations
- M. L. : Jean Guenot

Le Bulletin célinien, c/o Marc Laudelout, Bureau Saint-Lambert, B. P. 77, BE 1200 Bruxelles.
Abonnement annuel : 55 € (onze numéros). Courriel : celinebc@skynet.be.