samedi 5 mars 2011

Faut-il publier tout CÉLINE ? La réponse de Michel HOUELLEBECQ

"J'avais lu Bagatelles pour un massacre, ça m'avait bien plus - sans plus. Je suis partisan de tout publier, pour le principe; mais en l'occurrence, ça n'a quand même pas un intérêt énorme. Je n'ai jamais bien réussi à m'émouvoir du célèbre drame : "Un génie mais un salaud, Dieu que l'âme humaine est complexe !", simplement parce que je ne tiens pas Céline pour un génie, rien à voir avec Proust par exemple, mais pour un bon auteur un peu surfait, assez péniblement maniériste sur la fin. Il m'est même arrivé de me demander s'il avait été réellement antisémite, si tout cela n'était pas qu'opportunisme cynique pour s'assurer une position élevée auprès des autorités d'Occupation.
Je n'aime pas beaucoup en général les auteurs de pamphlets (Léon Bloy, Céline). Exhalant leur âme vindicative et mauvaise, ils sont souvent distrayants à la première lecture; mais on a rarement envie d'y revenir. Tout cela manque de miroitements, de mystère."

Michel Houellebecq
Les Inrockuptibles n°795 du 23 février-1er mars 2011.


Michel Houellebecq, prix Goncourt pour La carte et le Territoire, a aussi consacré un essai à H.P. Lovecraft, contre le monde, contre la vie.

22 commentaires:

  1. Cavana, Houellebecq, signes des temps... serait-ce dans ces boites crâniennes que s'est régugié ce qu'il reste d'esprit français - ou sont-ce ceux, les rares, que l'on autorise à parler au grand public ?

    (Amusant quand même de lire Houellebecq juger du talent et du génie de Céline)

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  2. Le H de Houellebecq suivi du I de Insignifiant.

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  3. "un bon auteur un peu surfait, assez péniblement maniériste sur la fin"...vraiment à mourir de rire...

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  4. "auteur un peu surfait"

    C'est à ce rouler dans la pisse quand on a lu La tentation d'un ile.

    "Opportunisme cynique pour s'assurer une position élevée auprès des autorités d'Occupation".

    Parle-t-il de Céline ou de sa petite guignolerie avec BHL ?

    Il me semble qu'au rayon collaboration avec le pouvoir occupant Houellebecq jute bien dans l'idéologie dominante, ce que Céline n'a jamais fait.

    Sacré baudruche le michel quand il fait son Sartre pour assassiner un auteur qui contrairement à lui est encore bien Vivant.

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  5. Faut dire que le grand homme n’a pas raté le Goncourt, lui! Alors, il peut tout se permettre à présent, surtout de rentrer dans le rang. Merde! Heureusement que Céline n’a jamais eu ce foutu prix… Voyez le pavaner! Faut aussi dire que depuis quelques semaines, Céline lui fait passablement de l’ombre. C’est vraiment pas beau la jalousie… Et le titre de son bouquin, la Carte et le territoire, il ne provient pas d’un titre de chapitre d’un roman de Dantec, Artefact?

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  6. A l'un des innombrables "Anonyme" (celui de 22 h 10) : l'antisémitisme était hélas, et pour la plus grande honte de ce pays, l'une des idéologies dominantes des années 30 (et même idéologie officielle, idéologie d'Etat de 40 à 44) et Céline a vraiment juté en plein dedans ! C'est le moins que l'on puisse dire...

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  7. à Jacques Razu

    Et Houellebecq qui jute dans l'anti-islamisme...

    Est-il bien placé pour faire la leçon?

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  8. Rassurez-vous, mon propos n'était pas de défendre
    "Ou est le bec" (il est assez grand pour le faire lui-même) mais simplement de relever une contradiction chez "Anonyme 22h10"

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  9. Le sens que je voulais donner à 22h10, c'est que Céline bien qu'antisémite n'a jamais activement collaboré. Alors que "Ou est le bec" patauge dans le système sans le moindre souci d'élégance.

    Ce que Céline n'a jamais fait.

    Comme quoi nous ne sommes pas en désaccord.

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  10. anonyme 12h21
    Je crois que Houellebecq, qui se veut poète, ne comprend pas que Céline, cet auteur surfait, a rendu la poésie lisible en créant un langage entre le vers et la prose. Houellebecq s'acharne encore sur le vers alors que celui ci n'a plus d'écho. Baudelaire parlait au gens de son époque, comme Villon, au travers du poème rimé (aujourd'hui on les lit mais on écrit plus comme ça, c'est ça que je veux dire). Maintenant c'est Céline qui a redonné toute ces lettres de noblesse à la poésie en l'actualisant. Pour moi Céline est avant tout un poète car il transpose tout, absolument tout. Triste Houellebecq, il rame et juge. Tant pis pour lui si il passe à coté de cette révolution littéraire qui aurait dû le réjouir en tant que poète.

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  11. Notre époque est bien en effet une époque de collaboration (active et passive) à l'irrespirable air libéral du temps, collaboration dans laquelle excelle le "putanat intellectuel" (Bloy)

    Avez-vous noté, d'ailleurs, le constant pullulement du terme "collaborateur" dans la novlangue managériale ? Pas une Entreprise qui n'aie les siens, zélés fanatiques prêts à mourir pour les "campagnes de Russie" (et de Chine !)de leurs zemployeurs !

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  12. "C'est effrayant ce que j'ai d'ennemis et outrageants à qui peu le plus! Ils sont comme à bout de crachats...Corniauds, vous avez tout gaffé ! Vous avez pas traqué le vrai monstre, le Céline bouzeux ! il s'en fout !...C'est beau la chasse au fantôme, vous voir, c'est nanan..."

    Féerie pour une autre fois

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  13. Pierre CHALMIN7 mars 2011 à 20:05

    D'accord avec les commentateurs qui m'ont précédé, anonymes ou pas. Houellebecq ne sait tout simplement pas de qui ni de quoi il parle. La suffisance de cet histrion si parfaitement imperméable au style laisse quand même un peu pantois… Et d'où sort cette invocation de "l'âme" chez un tel mécréant ?

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  14. Extraordinaire tour de force de cet avorton souffreteux d'Houellebecq qui ne dévie de l'opinion autorisée ("Céline, génie mais salaud") que pour insulter un peu plus le cuirassé Destouches en niant son talent et son apport à l'histoire littéraire du pays! Même pas un auteur marquant, mais simplement un salaud médiocre et arriviste! "Rien à voir avec Proust" qu'il ose ajouter, comme si le fond de sa pensée n'était pas assez clair! Ah le rat!

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  15. Entièrement d'accord avec Pierre Chalmin pour l' "imperméable au style" et imperméable...au stylo ! Cela me rappelle, par association d'idées, cet excellent film de Duvivier, "L'Homme à l'imperméable" avec un Blier veule, cauteleux et sournois à souhait ! Tout le sale air des créatures du temps dans ce rôle !

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  16. En fait, la vraie question, c'est de savoir si le trop fameux houellebecq a lu l'oeuvre de Céline ou, s'il s'est contenté, comme la plupart de ses pairs, de surfer sur le net pour prendre le pouls de l'opinion publique et de bêtement, pour ne pas dire béatement, reproduire celle-ci par quelques phrases choc et délirantes.
    Bonne chance à toi, sacré farceur et plagieur de hoeullebecq ! Désolé pour toi, mais tu ne passera malheureusement jamais à la postérité...

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  17. Ah ça c'est pas gagné ! La Postérité est rusée, maligne, insaisissable, et surtout...totalement imprévisible. Tenez, prenez ce Jean Fontenoy par exemple, exhumé par Elle du plus profond de ses oubliettes...Cela me donne (presque) envie de lire son bouquin de jeunesse sur Shanghai. C'est vous dire Sa force, à la Déesse Postérité !

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  18. A propos de postérité littéraire, cette sentence de Montherlant, en 1950 (je cite de mémoire): "Dans cinquante ans, on ne parlera plus de Louis-Ferdinand Céline"...

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  19. réponse à Jacques Razu,
    Pour la postérité, très rares sont ceux qui l'ont atteinte, affublés d’un style déplorable, voire dépourvus de style !
    Le houellebecq en question pourrait-il faire partie de ceux-ci ? J’en doute… Il me fait immédiatement penser à ce Mazeline concurrent-vainqueur de Céline en 1932. Que reste-t-il de l'oeuvre de Mazeline, comme des innombrables prix goncourt, fémina, médicis etc,.. attribués au cours du XXème siècle ? Rien ou pas grand chose en tous cas, une petite dizaine d’oeuvres ! Une immense proportion de ces romans sont passés au pilon depuis belle lurette, et leurs auteurs ne sont même plus dans la mémoire de leurs lecteurs !
    Ces remarques sont à rapprocher de l'art pictural qui, à l'identique du littéraire, a laissé une production féconde au siècle précédent, fécondité qui n'a d'égale que la nullité de ces "oeuvres" !
    Oser dire que Céline est très surfait démontre à l’évidence que ce gougnafier n’a pas lu trois pages de cet immense écrivain.

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  20. Je pense même qu'il n'a pas pu seulement en lire une page ! Cela dépasse visiblement ses capacités de lecteur. Mais même sans aucun style, et contrairement à Mazeline, ses (premiers) romans rendent compte de la veulerie des "classes moyens" (leur impuissance historique aussi), et plus particulièrement celle des travailleurs intellectuels salariés. De ce point de vue, il est un très bon document sur l'époque et les créatures innommables qu'une telle époque est capable d''engendrer, surtout dans l'im-"monde du travail". S'il "reste", ce sera à ce seul titre. Sinon, entièrement d'accord avec votre analyse sur les gloires éphémères du siècle précédent (A qui viendrait-il en effet l'idée de lire un Mazeline aujourd'hui et mille autres qui encombrent les caisses de livres des brocantes du dimanche matin ?)

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  21. Je n'ai sans doute pas assez lu ces deux auteurs pour avoir un avis pertinent. Cependant dans Mort à crédit il y a un ton ce qu'il faut d'acide pour être divertissant à souhait, et il faut le reconnaître, assez unique. Soumission de Houellebecq, m'a été assez désagréable à lire, cynique, névrosé, il ne fait pas rire, et est rance, rance. La sauce est moins bonne, clairement.

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  22. C’est de bonne guerre!! Celine lui même n’était pas très élogieux au début à propos de Proust. Sauf qu’ à la fin il a reconnu la dimension unique.Houellebecq ne reconnaîtra pas l’importance de Céline, on appelle ça de la mauvaise foi jalouse.c’est finalement très humain.

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