jeudi 3 mars 2011

D'abord les pompiers, Céline après par Cavanna

[...] Louis-Ferdinand Céline n'a pas fini d'emmerder le monde. Il faut dire, aussi, que le monde apporte une certaine complaisance à se laisser emmerder. Nous voici à nouveau figés devant le fameux paradoxe : faut-il honorer Céline, écrivain français de tout premier ordre, faut-il vilipender Céline, minable pousse-au-crime, lèche-cul du monstre?
Eh oui, bonnes gens, on peut tout à la fois déborder de talent au point d'enthousiasmer une génération tout entière et profiter de ce qu'on assassine ses voisins pour leur cracher à la gueule et rêver qu'on les assassine une deuxième fois.
Le débat est passionné, mais reste confiné dans les règles de la saine logique, sans lesquelles il n'est point de justice possible.
Ce qu'écrivait Céline était fort beau. Et libérateur. Ça dégoulinait de sang, de pisse, de foutre et de merde. Bon. Zola aussi, en des temps où c'était plus dangereux. Et puis, ce n'est pas pour ses gros mots qu'on vilipende Céline. Zola non plus. Zola pensait mal. La bourgeoisie gavée n'aimait pas qu'on remarque les gosses à poil dans les rues, toussant à tout vent leurs bacilles. Céline n'en avait rien à foutre. Il écrivait de façon sublime parce que c'est comme ça qu'il écrivait, si c'était sublime tant mieux, il chiait sur la tête des pauvres parce qu'il aimait bien chier sur la tête des gens, si on voulait voir là-dedans un sens politique il ne vous contrariait pas. Un homme de lettres parfait.
Venus les temps de la Grande Prostitution, il fit avec enthousiasme le don de son cul à la France, s'asseyant sur sa figure, à la pauvre vieille, pour qu'elle aille plus vite au fond. Cependant son écriture progressait dans la sublimité. Il récoltait les fruits de son labeur jusqu'au moment où il dut joindre son baluchon au tas de bagages frappés de la hache à deux têtes.
Passé l'orage, on le jugea, on le condamna, on interdit la vente de ses livres. Que voulez-vous, il avait parié sur le mauvais cheval, fallait payer, normal.
A-t-on le droit de punir le génie ? Qu'importe le sujet, l'écriture est divine. Cela seul compte. Dans le cas Céline, qu'en était-il du sujet? Oh, fort simple et bien délimité: les Juifs. Il ne l'avait d'ailleurs pas inventé.
Mais que vois-je ? Le sujet a été traité la semaine passée par Charb, et avec cruelle efficace concision : « Faut toujours se réjouir qu'un vieux collabo soit crevé. » Qu'ajouter à cela? Rien.
Bien le bonsoir, M'sieurs-dames.

CAVANNA
Charlie-Hebdo, 2/2/2011

4 commentaires:

  1. Vieux clown enfilant les métaphores usées archi rhétoriques. Il fut un temps où il se réclamait de Céline, puis un temps où il disait ne rien lui devoir, puis aujourd'hui ce méli-mélo de métaphores qui se veulent pétaradantes et qui ne sont que pétards mouillés. Cavana collabo de la bêtise ! qui sait qu'on ne retiendra rien de lui... qui gigote comme oeuf sur jet d'eau...

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  2. Je sais pas trop quoi penser de Cavanna. Le seul truc que je connaisse de lui, c'est son intervention à Apostrophes pour tenter de faire taire le grand Bukowski. Pas très glorieux.

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  3. Nabe en parle très bien ici :

    http://www.harakiri-choron.com/img/interviews/m-e_nabe/JInabe1-003-15mai1984.jpg

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  4. Après avoir mis Choron sous le tapis, le voilà qui nous fait la danse du ventre. C'est vrai que le confort rend con.
    "Ça dégoulinait de sang, de pisse, de foutre et de merde." AH bon? Finkelkraut aurait dû l'invité dans son émission "réplique" sur Céline. Tout à fait au niveau. Bon pour France Culture où j'y ai surtout appris que les lecteurs de Céline ont envient de gerber en le lisant (50mn pour bien rentrer ça dans le crane, même Godard s'y ai mis, pffff).

    Heureusement il y a Philippe Bordas, sur site, qui m'a donner du bonheur. Mais il ne sera réserver aux initier. Bravo France cul.

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