
C'est ce que l'on voudrait faire avec Céline, dont le cinquantenaire de la mort avait été inscrit cette année sur la liste des commémorations nationales. Une liste et un nom qui n'avaient jusqu'ici soulevé aucune objection jusqu'au jour où Serge Klarsfeld, le "chasseur de nazis", a sommé le ministre de la Culture de la nettoyer. Au nom des Fils et Filles de déportés juifs de France, il a menacé d'en appeler à Sarkozy si le Mitterrand du jour n'obtempérait pas. Bien joué, car s'il en a les initiales, Frédéric n'a pas les c... de son oncle François. Le tonton avait un penchant pour les jeux d'alcôve le neveu, lui, se couche. Car personne ne résiste plus à ceux qui voudraient que l'on eût été résistant dès 1930.
Et pendant ce temps, saint Genet...
Céline, vu d'aujourd'hui et d'ici, a certes écrit des horreurs. C'était un temps, c'était un ton. Qu'on relise la presse d'alors, les discours, les échanges fleuris dans les travées de l'Assemblée. On ne peut pas juger d'hier avec la morale ou l'amoralité d'aujourd'hui. Et Céline a payé : emprisonné au Danemark au lendemain de la guerre, rapatrié en France et condamné, pour collaboration, à un an d'emprisonnement, 50 000 francs d'amende, la confiscation de la moitié de ses biens et l'indignité nationale. Il a vécu le reste de sa vie à Meudon, écrivain et médecin.
Personne, aujourd'hui, ne peut lire —et n'a sans doute lu— les écrits "indignes" pour la bonne raison qu'ils sont depuis longtemps introuvables. Pour en juger, et pour instruire puisqu'il paraît que c'est le but, encore faudrait-il savoir de quoi l'on parle. Mais au train plombé où vont les choses, on peut même imaginer que le seul fait de les avoir dans sa bibliothèque pourrait conduire demain devant un tribunal.

Dans cette nouvelle affaire Céline, on retiendra pour finir les propos de bon sens d'un Frédéric Vitoux, biographe du Dr Destouches et auteur de nombreux livres sur son oeuvre. De la polémique du jour, il dit : "Cent le mot "célébra6ons"qui est ambigu. Il ne s'agit pas de tresser des lauriers à l'écrivain. Le cinquantenaire de sa mort est une occasion de s'intéresser à son oeuvre, d'examiner à nouveau ses zones d'ombre. On ne peut tout de même pas nier que c'est l'un des plus grands écrivains français." Non, on ne peut pas, mais la littérature n'a rien à voir là-dedans.
Marie-Claire ROY
Flash, 10/02/2011
Bien vu et bien écrit. Bravo !
RépondreSupprimerjean Genet ne rêvait pas de sodomiser des SS aussi
RépondreSupprimerdistingués soient-ils, pas plus que des miliciens musclés; non, relisez-le et vous découvrirez que c'est lui qui voulait se faire sodomiser... et ardemment qui plus est !...
Amicalement