jeudi 2 octobre 2014

Louis-Ferdinand CÉLINE par Michel ONFRAY (2014 & 2017)

Mais alors : que faire de la vie de Sade qui fut le contraire d'une fiction et qui coïncide exactement avec la définition du sadisme : le plaisir pris à la souffrance infligée à autrui ? Ou bien encore : pourquoi jeter l'anathème sur la littérature d'un Brasillach ou les pamphlets antisémites de Céline, interdits de réédition, et porter au pinacle des éditions Gallimard les œuvres du marquis ? Si la littérature n'a rien à voir avec la vie, alors pourquoi Bagatelles pour un massacre ne se trouve pas édité en Pléiade ? Ni L'École des cadavres ? Danger de la littérature antisémite de Céline, mais innocuité de la littérature de Sade ? Je tiens pour ma part d'une même dangerosité des livres qui jouissent du mal et y invitent.

Michel ONFRAY, La passion de la méchanceté, Éd. Autrement, 2014.
Disponible sur Amazon

« Je me souviens que, jeune étudiant arrivant tout frais émoulu de ma campagne ornaise à l'université de Caen, j'avais acheté dans une librairie qui, aujourd'hui n'existe plus, La Librairie de l'Université, un paquet de livres pour essayer de comprendre ce qu'avait été la collaboration avec les nazis. […] J'avais donc acheté Gilles, Rêveuse bourgeoisie et Un homme à cheval de Drieu la Rochelle, Notre avant-guerre et Les Sept Couleurs de Brassilach, puis Guignol's band de Céline. Céline me fut un coup de foudre littéraire, mais je ne compris rien à son passé de collabo avec ce livre ; quant aux autres ouvrages, bien sûr, rien ne permettait de répondre à ma question. Plus tard, lors de leur réédition, je lus Les Décombres et Les Mémoires d'un fasciste de Rebatet. Avec mon premier salaire, j'achetais les deux volumes de Céline en Pléiade, puis, plus tard, le Cahier de l'Herne qui lui est consacré. Je fis même des dépenses qui grevèrent mon budget d'étudiant en acquérant sur les quais de la Seine Bagatelles pour un massacre, puis Les Beaux Draps. La question Qu'est-ce qu'un collaborateur ? ne trouva pas sa réponse avec ces seules lectures. »

Michel ONFRAY, Miroir du nihilisme, Houellebecq éducateur, Galilé, 2017. 
Disponible sur Amazon.fr.


A écouter
> Michel ONFRAY : RABELAIS, CÉLINE, HOUELLEBECQ, littérature & édition (2017)

2 commentaires:

  1. "Je tiens pour ma part d'une même dangerosité des livres qui jouissent du mal et y invitent." Et que dire de la passion du lieu commun?

    RépondreSupprimer