samedi 4 janvier 2014

Louis-Ferdinand CÉLINE : « d'un sexographe démoralisateur, dégrammeur pareil »

Buste en bronze de Céline par Christine Larivière
« c'est des gens qu'écoutent la radio... ils savent tout par la radio !... de travers !... de travers tout !... et puis elle marche plus la radio !... "on l'a dit à la radio !..." c'est pas vrai ! ils mentent !... la radio a dit des choses, mais pas ce qu'ils racontent !... je l'ai écoutée, moi, la radio, si les Allemands perdaient ? gagnaient ?... j'en sais pas plus... mais eux là, savent !... et positifs ! et encore plus !... que "Londres" a donné mon adresse ! voilà ce qu'ils racontent... et pas que Londres ! aussi Brazzaville !... et que j'étais un sale pornographe... libidineux en plus de traître, le plus outrageant du siècle !... à faire rougir les pissotières ! qu'il fallait nettoyer la France et la langue française d'un sexographe démoralisateur, dégrammeur pareil qui souillait la Patrie sacrée et son patrimoine littéraire !... que jamais ça serait plus la France si on égorgeait pas ce porc ! moi, le porc ! Tout ça, ils avaient entendu !... »

Louis-Ferdinand CÉLINE, Féerie pour une autre fois II, Romans IV, Pléiade p. 393. 
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