samedi 24 septembre 2011

Pierre-André Taguieff ouvre la chasse aux céliniens (2011)


Février 2017 :
Parution de CELINE, LA RACE, LE JUIF (Fayard, 1180 pages, 35 €) 
de Pierre-André TAGUIEFF & Annick DURAFFOUR
Revue de presse (2017)


Le philosophe va publier avec l’historienne Annick Duraffour, un portrait décapé de Céline en militant pro-nazi de l’Ordre nouveau.

La chasse aux céliniens est ouverte, et le fusil est redoutable. C’est une menace et une promesse : "Constatant à quel point les débats sur le « cas Céline » baignaient dans une empathie colorée de vénération, nous avons mis en lumière les omissions, les naïvetés ou les arguties des habituels défenseurs de Céline. Le temps était venu d’en finir avec la complaisance, virant parfois à la connivence, à l’égard de cet antijuif fanatique doublé d’un propagandiste sans scrupules." Signé Pierre-André Taguieff.

"Dans cet ouvrage à deux voix, nous nous proposons tout d’abord de replacer Céline dans l’histoire de la littérature antijuive en France de la fin du XIXe siècle aux années trente, où apparaissent comme décisives les années 1936-1938", avance le philosophe qui, en novembre prochain, publie aux éditions Mille et une nuits (filiale Fayard), avec la collaboration de l’historienne Annick Duraffour, un Céline : l’autre face. Celle beaucoup moins consensuelle du "pamphlétaire anti-juif". Les deux chercheurs tentent d’expliquer comment l’auteur du Voyage au bout de la nuit s’est quasi converti à "l’antisémitisme de combat", puis à "l’engagement pro-nazi".

Céline jubilait devant l’Ordre nouveau qui s’installait en Europe et voulait clairement la victoire de l’Allemagne nazie.
A l’issue du Front populaire, incarné par "le Juif Blum", l’antisémitisme culturel s’est combiné à l’antisémitisme politique pour se cristalliser en propagande nazie, éclaire les auteurs, qui dénudent ainsi le soi-disant mystère Céline. "Nous nous appliquons ensuite à montrer, sur la base de faits souvent ignorés ou mal interprétés, que les activités politico-littéraires diverses de Céline sous l’Occupation obéissaient à une logique d’engagement dénuée d’ambiguïté. Céline jubilait devant l’Ordre nouveau qui s’installait en Europe et voulait clairement la victoire de l’Allemagne nazie. Dès juillet 1942, il apprenait d’une « âme légère » l’entreprise d’extermination des Juifs d’Europe.", rappelle Pierre-André Taguieff. Les errements céliniens n’avaient rien d’une mauvaise grippe : après-guerre, le grand génie se reconnaissait bien volontiers dans la nébuleuse du « révisionnisme historique », approuvant un Paul Rassinier, qui dès 1950, met en doute l’existence de la « magique chambre à gaz », selon son expression.

Rappelons que "le grand écrivain" devait être célébré par la république en 2011, pour le cinquantenaire de sa mort, le 1er juillet dernier. Le 19 janvier, une intervention de Serge Klarsfeld au nom du FFDJF (association des fils et filles de déportés juifs de France) a fait capoter le projet de célébrations nationales sous l’égide du ministère de la culture, mais n’a pas pour autant freiné l’intense effervescence autour de l’écrivain. Qu’on en juge : colloque international les 4 et 5 février, semaine spéciale sur France Culture, hors série de Télérama, tables rondes en tous genres, rééditions et relookages... Peu de livres ont mis en exergue, l’antisémitisme à mort et surtout la nazification de Louis-Ferdinand Céline.

Par ailleurs, au même moment, et comme s’il n’avait pas assez d’ennemis idéologiques, le boulimique incorrigible Pierre-André Taguieff publiera un Wagner contre les juifs (Berg International), exhumant les textes et les oeuvres du compositeur les plus violemment antisémites.

Emmanuel LEMIEUX
Les Influences, 21/09/2011.

Février 2017 : Parution de CELINE, LA RACE, LE JUIF (Fayard, 1180 pages, 35 €) 
de Pierre-André TAGUIEFF & Annick DURAFFOUR


A écouter :

13 commentaires:

  1. A quand un Voltaire antisémite ( et j'en passe )?

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  2. Emeric Cian-Grangé25 septembre 2011 à 10:06

    Lire à ce sujet l'étude intitulée "Céline, un antijuif fanatique", rédigée par Annick Duraffour, sous la direction de Pierre-André Taguieff, et publiée dans "L'antisémitisme de plume : 1940-1944, études et documents" (Berg International Editeurs, 1999).

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  3. Après tout, pourquoi pas ? Taguieff apporte une autre vision du "cas Céline"... en en attendant d'autres...
    La question qu'il faut se poser : pourrait-on publier aujourd'hui une thèse diamétralement opposée à celle de Taguieff ? J'en doute.
    La thèse de Taguieff c'est parler de ce que les gens veulent entendre... pour que "ça vende"... C'est du commerce en fin de compte... rien de plus...

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  4. Pour ceux qui ont lu les pamphlets et la correspondance de Céline, Taguief n'apporte rien de nouveau. Il enfonce des portes ouvertes depuis 1937. La pédagogie de Targuief repose donc sur la bonne recette de la répétition. Pourquoi pas ? Mais réduire Céline à ses pamphlets et à ses idées sur la question juive, c'est très réducteur, à moins d'expliquer tout le génie du style et des romans ou des chroniques par cette prise de position, en faire une prise de position esthétique et pas seulement historique, lecture que Bellosta avait amorcée, il y a quelques vingt ans...

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  5. Là où Taguief se plante, c'est qu'il connaît mal le monde des chercheurs céliniens, car je n'y connaît nul antisémite. Son propos est donc diffamatoire. Chapeau s'il trouve un seul texte dans tous les actes et communications de la Société d'études céliniennes portant à croire qu'un seul participant a des sympathies ou indulgences ou connivences fascistes, nazies ou racistes !
    J'espère qu'il nous dira si les pamphlets sont nés de la lecture de Drumont, de Voltaire, de Proudhon, de Renan, ou d'Hitler.
    Qu'il nous dira contre qui Céline souhaita la victoire d'Hitler et pourquoi.
    Qu'il apportera des preuves sur la jubilation de Céline à l'entreprise d' extermination des Juifs d'Europe, ce qu'il savait sur ce sujet.
    Qu'il nous expliquera qui était Rassinier et ce qu'il prétendait, si Céline approuvait ou se posait des questions, ce qu'il voulait dire par "magiques" à propos des chambres à gaz, auprès de qui, en quelle année.
    Bref, j'espère que Taguief répondra à beaucoup de questions.
    Il le plante encore quand il affirme que Céline

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  6. La fin de votre message a semble t-il été "mangé" par la technique...

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  7. OK Mazet.Nous verrons bien en novembre si le "fusil redoutable" Taguieff-Duraffour c'est du gros calibre ou un coup foireux. "L'autre face", ça veut sûrement dire qu'il en existe une claire, à côté du côté obscur. Céline aurait approuvé: noircir et se noircir...
    Question subsidiaire à un lecteur philosophe parisien éclairé pour l'information d'un pauvre anomyme provincial : Taguieff est-il sartrien ou l'a-t-il été?

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  8. ... Il se plante encore s'il oublie que Céline admira Sorel, Peguy, Freud, Bergson, Metchnikoff, Rajchman, et l'homme de gauche Elie Faure (ses études comparatives sur le génie des races!..) avant d'écrire Voyage, ce qui mériterait peut-être d'être étudié pour connaître l'autre face du "salaud"...

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  9. Il y a un mot tout à fait pertinent dans le premier message d'Eric Mazet : réducteur... Autrement dit le réductionnisme, cette véritable plaie de l'esprit, appliqué à Céline : nos anti-Céline fanatiques n'ont que faire de la littérature et encore moins de ce qu'un Céline a pu lui apporter. Ils ne voient QUE l'antisémite, leur seule obsession (et raison d'être). Le réductionniste est généralement un obsessionnel à manies (et cela vaut pour ceux qui réduiraient...la littérature à Céline leur idole). Philippe Muray dans son "Céline" avait bien vu la chose : " Le nom de Céline appartient à la littérature, c'est à dire à l'histoire de la liberté. Parvenir à l'en expulser afin de le confondre tout entier avec l’histoire de l'antisémitisme, et ne plus le rendre inoubliable que par là, c'est le travail particulier de notre époque(...) En fin de compte, ce n'est pas seulement Céline qui sera liquidé, mais aussi de proche en proche, toute la littérature, et jusqu'au souvenir même de la liberté".

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  10. Emeric Cian-Grangé30 septembre 2011 à 22:34

    Conclusion de l’étude rédigée par Annick Duraffour, « Céline, un antijuif fanatique », sous la direction de Pierre-André Taguieff, et publiée dans "L'antisémitisme de plume : 1940-1944, études et documents" (Berg International Editeurs, 1999).

    " Dire, plus de cinquante ans après, que Céline est un très grand écrivain français qui fut prohitlérien, c'est blesser la belle mémoire collective. (...) Reconnaître enfin que Céline est indiscutablement un grand écrivain français raciste et antisémite, cela ne va pas de soi dans le cadre d'une « culture républicaine », qui a valorisé la littérature comme moyen privilégié du progrès moral et social. (…) On ne peut, considérant l’écriture seule, postuler la présence obligée de ces valeurs dans un grand style poétique et libérateur. A l’inverse, les choix politiques de Céline n’obligent pas à l’absurdité : à faire de son œuvre ou de son style l’expression du fascisme ! Ses grands romans disent la révolte contre l’acharnement aux massacres, la bêtise patriotique, le colonialisme, l’horreur du travail mécanisé… Mais la révolte – hélas – n’offre aucune garantie de lucidité dans les rationalisations idéologiques qui la suivent. A l’image du XXe siècle, Céline incarne la conjoncture possible entre la culture, la création littéraire et la barbarie. L’interrogation tragique lancée par George Steiner demeure : « Quelle lassitude blasée, quelle saturation de pensée abstraite se développe pari les peuples les plus civilisés et les prépare aux déchainements de la barbarie ? » "

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  11. Belles réflexions, justes questions, éternels problèmes, les mêmes que se posaient les royalistes en lisant les écrivains "républicains", héritiers des massacres, des destructions, des décapités, ou de l'interdiction d'une religion, en espérant une aube nouvelle.

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  12. 3 mars 2016, italie: http://www.lastampa.it/2017/02/03/cultura/cline-antisemita-fatti-non-parole-5qkK1NiEoMFRJlPtase1jL/pagina.html

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