samedi 2 juillet 2011

L’hommage à Céline, enterré à Meudon - Le Parisien - 1er juillet 2011

Le Parisien des Hauts-de-Seine du 1er juillet 2011 a consacré une page de son cahier central à Céline. Voici les trois textes publiés :

L’hommage à Céline, enterré à Meudon
La Société d’études céliniennes rendra hommage ce midi à l’écrivain controversé, décédé le 1er juillet 1961 à Meudon, où il vécut les dix dernières années de sa vie.

Louis-Ferdinand Destouches, plus connu sous le nom de Céline, a achevé son voyage à Meudon dans la plus grande discrétion. C’était il y a tout juste cinquante ans, le 1er juillet 1961, dans sa maison de la route des Gardes. Le décès de l’écrivain, sulfureux pour les uns, exceptionnel pour les autres, ne sera annoncé officiellement que le 4 juillet, après son inhumation au cimetière de la ville.

« Il m’avait fait promettre de ne pas appeler le médecin quand le moment viendrait, confiait sa femme Lucette dans un entretien aux Nouvelles Littéraires paru en 1969. Après, je ne savais qui prévenir. J’avais peur, nous avions tant d’ennemis! Le curé de Meudon n’a pas voulu venir. Céline souhaitait être jeté dans la fosse commune. Mais je n’ai pas eu le courage. J’ai mis sur sa tombe une petite pierre de Bretagne… »

Si Lucette habite encore aujourd’hui la maison cachée des regards par une imposante grille — elle y fêtera ses 99 ans en juillet —, elle ne pourra être présente ce midi au cimetière pour l’hommage intime qu’a décidé de rendre à son époux la Société d’études céliniennes. Cette association, fondée il y a trente ans, a pour but d’approfondir la connaissance de son œuvre. « Mon chemin a croisé celui de Céline par hasard, lorsque j’ai rencontré son épouse en 1962, presque un an jour pour jour après sa mort », explique François Gibault, à l’origine de la création de la société d’études. Cet avocat, qui a publié une biographie de 1300 pages sur Louis-Ferdinand Céline, se rend encore deux fois par semaine à Meudon pour rendre visite à Lucette Destouches, dont il dit qu’elle est « d’une fraîcheur intellectuelle intacte ». « Quant à la maison, poursuit-il, il y règne une atmosphère très particulière. Céline a marqué les lieux de son empreinte. »

C’est en 1951, de retour de son exil au Danemark, que l’écrivain accusé de collaborationnisme pour ses écrits antisémites trouve refuge dans cette maison d’allure modeste. Il y vécut en reclus, travaillant à ses derniers romans, dont l’ultime « Rigodon », achevé la veille de sa mort. Le plus souvent mal fagoté et solitaire, il vit entouré de ses chiens et de son perroquet Toto. De rares fidèles comme Marcel Aymé lui rendent visite. Peu à peu, les lecteurs et journalistes s’intéressent de nouveau à lui après la parution en 1956 de « Voyage au bout de la nuit » en poche.

Parmi les derniers visiteurs de l’écrivain, un jeune auteur et étudiant en médecine, Christian Dedet. « J’avais 24 ans, se souvient celui-ci. Une de mes amies, également auteur et grande admiratrice de l’œuvre de Céline, avait rêvé qu’il allait mourir. Alors nous sommes allés chez lui, un peu au culot. C’était trois jours avant sa mort. Il était devant nous comme dans un autre monde. Je garde un souvenir très ému de cette furtive rencontre. » Un demi-siècle s’est écoulé, mais Christian fera le voyage depuis l’Auvergne pour lui rendre hommage aujourd’hui. Une commémoration privée, alors que Céline figurait parmi les personnalités pour qui le ministère de la Culture souhaitait, en 2011, des célébrations nationales. Le ministre, Frédéric Mitterrand, a finalement décidé de le retirer de cette liste, estimant que « les immondes écrits antisémites » de l’écrivain empêchaient la République de lui rendre hommage. « Céline n’a pas besoin de célébrations officielles, ce n’est tout simplement pas un écrivain d’académie », estime François Gibault. Sa tombe, à l’écart, en témoigne encore aujourd’hui.

Anne-Sophie DAMECOUR


Sa vie à Meudon en photos dans un livre
Sorti il y a quatre ans aux Editions Ramsay, le livre « Céline à Meudon - Images intimes, 1951-1961 » prend tout son relief en cette année anniversaire de la mort de l’écrivain. Signé David Alliot, spécialiste de Louis-Ferdinand Céline, l’ouvrage retrace à travers des photos en noir et blanc signées François Pagès, Lipnitzki-Violet, Daniel Frasnay ou Laborie entre autres, la retraite meudonnaise de l’écrivain lors des dix dernières années de sa vie.
Des images saisissantes, agrémentées de textes-témoignages de Lucette Destouches, veuve de l’écrivain, qui vit toujours dans la maison de Meudon. Néanmoins, David Alliot n’en a pas fini avec Céline. Son septième ouvrage vient de sortir en avril. Intitulé « D’un Céline l’autre » et préfacé par Me François Gibault, biographe de Céline (lire ci-dessus), ce livre regroupe 200 témoignages à travers journaux intimes, mémoires ou correspondances, retraçant la vie de l’écrivain de sa jeunesse, passage Choiseul, jusqu’à sa mort à Meudon.
« Céline à Meudon - Images intimes, 1951-1961 », Editions Ramsey, 2007, 29,90 €.


Ses années à Clichy
Né à Courbevoie, Céline a également passé une dizaine d’années à Clichy. En novembre 1927, il emménage au premier étage de la rue d’Alsace avec sa maîtresse, la danseuse américaine Elizabeth Craig, rencontrée à Genève l’année précédente. Louis-Ferdinand Destouches, son nom de naissance et de médecin, ouvre alors un cabinet privé de « médecine générale, maladies des enfants ».
Le 8 janvier 1929, à la suite de l’échec de son cabinet, la direction de la médecine d’hygiène populaire lui propose une vacation de médecine générale, au nouveau dispensaire de Clichy, situé au 10, rue Fanny. Il y travaillera jusqu’en décembre 1937. C’est entre Clichy et Genève qu’il écrira « Voyage au bout de la nuit » (prix Renaudot). Il y décrit La Garenne-Rancy en référence à la rue d’Alsace, la rue Simmoneau et le boulevard Victor-Hugo, ainsi que les habitants du quartier Victor-Hugo.

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