vendredi 15 juillet 2011

Les livres qui tuent : enquête sur la mort mystérieuse de l'éditeur Robert DENOËL

France 2 diffuse ce soir à 22h10 le téléfilm de Denys GRANIER-DEFERRE "Les livres qui tuent", adaptation du livre de A. Louise STAMAN, Assassinat d'un éditeur à la Libération : Robert Denoël (1902-1945). Avec Lorànt Deutsch, Blanche Gardin, Eric Prat, Hubert Saint-Macary et Michaël Abiteboul :




Résumé
En décembre 1945, l'éditeur Robert Denoël est assassiné en plein Paris. L'enquête est bâclée et conclut à un crime crapuleux. Deux ans plus tard, un jeune journaliste liégeois, Léon Lenoir - alias Léo Schwartz - reprend les investigations et suit une piste qui le conduit à des ouvrages sulfureux, brûlots antisémites, mis à l'index à la Libération. Mais dans la France de l'épuration d'après-guerre, toute vérité n'est pas bonne à dire ni à entendre...


A lire :
A. Louise STAMAN, Assassinat d'un éditeur à la Libération : Robert Denoël (1902-1945), Editions E-dite, 2005..

Présentation de l'éditeur
Assassinat d'un éditeur à la Libération : une histoire d'ambition, de cupidité, d'infidélité et de trahison dans le Paris de l'Occupation et de la Libération. Tableau foisonnant et sans fard de l'édition française, quand Robert Denoël, dandy et aventurier, décide de se tailler un royaume face à l'empire Gallimard. Robert Denoël se compromet. Il n'est pas le seul, les autres ne peuvent que l'imiter. Il ne manque pas d'audace, surtout en un moment critique où son poulain le plus prestigieux,
Céline a abandonné les fourgons vichyssois, en déroute, à Sigmaringen, pour traverser l'Europe en feu et se réfugier au Danemark où il connaîtra les affres des geôles scandinaves. Mais Denoël a confiance : il a de solides atouts, quelques amitiés et de l'argent. Mieux de l'or. On retrouvera son cadavre, près de sa voiture, abattu par balles, quelques jours avant l'ouverture de son procès. L'enquête piétinera, classée et instruite à plusieurs reprises. En 1950, on rouvre une dernière fois l'enquête. Mais le mystère demeure entier.
A. Louise Staman, universitaire américaine, a mené l'enquête en écrivant une manière de biographie de Robert Denoël, qui est aussi un modèle d'investigation criminelle, se lisant comme un roman. Elle a réussi les portraits de personnages hors du commun, tout en brossant des tableaux du monde des arts et de l'édition durant deux décennies tourmentées.

Internet : Robert Denoël, éditeur : thyssens.com

10 commentaires:

  1. Avant même sa projection sur A2, Télérama écrit : « Sur le papier, Les Livres qui tuent avait tous les atouts pour être programmé à 20h35 avec succès d'audience à la clé. Et pourtant... Le téléfilm de Denys Granier-Deferre, terminé début 2009, est resté plus de deux ans sur les étagères de France 2. Il est finalement relégué en deuxième partie de soirée au cœur de l'été, vendredi 15 juillet. Une telle attente est, sans doute, liée à l'instabilité chronique des équipes dirigeantes de France Télévisions : Les Livres qui tuent a été commandé par un premier directeur de la fiction, livré à un deuxième, sans doute peu pressé de mettre à l'antenne un programme dont il n'avait pas eu l'initiative, et diffusé par un troisième, qui semble résolu à faire place nette avant d'imprimer sa marque. Le scénariste Jean-Claude Grumberg avance une autre explication : « J'ai voulu parler d'un épisode historique d'une manière très personnelle. Peut-être trop personnelle pour la télévision telle qu'on la produit désormais. »

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  2. L'article de Télérama se trouve ici :

    http://television.telerama.fr/television/voyage-au-bout-de-l-envie,70901.php

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  3. Mathilde Immelmann18 juillet 2011 à 19:37

    Cher Monsieur Thyssens.
    J'ai regardé avec intérêt ce téléfilm, bien qu'il fut programmé assez tardivement. L'article paru dans le magazine Télérama apporte par ailleurs un éclairage intéressant sur les coulisses d'une telle diffusion.
    Que pensez-vous, en tant que spécialiste de l'éditeur belge, de ce programme de vulgarisation ? J'ai l'impression, pour ma part, qu'un tel sujet méritait plus de rigueur, aussi bien dans l'interprétation, désinvolte, que dans le propos, survolé.
    Qui, en somme, a pu trouver son compte en visionnant ce programme ? Je suis resté sur ma faim, avec le sentiment d'avoir assisté au sacrifice d'une bonne idée, bâclée et gâchée.

    Bien cordialement.

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  4. Chère Madame,

    Dans son « docu-fiction », Jean-Claude Grumberg s’est appuyé sur une trame historique crédible, pour y broder ses fantasmes juifs personnels. Le fil conducteur n’est ni Denoël, ni Céline : c’est George Montandon, auteur du manuel « Comment reconnaître le juif », publié en 1940 par Denoël, éditeur de Céline.

    En février 2009, alors que le tournage du téléfilm de Granier-Deffere venait de se terminer, il déclarait : « Je viens aussi d'écrire pour la télévision Les Livres qui tuent, une sorte d'enquête sur l'assassinat, resté mystérieux, de Denoël en 1945. Il fut l'éditeur de Céline, et de ce George Montandon exécuté en 1944 dont je parle dans Mon père. Inventaire. Les livres destinés à nous tuer ont fini par tuer Montandon, Brasillach... et Denoël, à mon avis. »

    Son reporter liégeois Schwartz-Lenoir porte, comme un « sésame » qu’il exhibe à plusieurs reprises, le manuel de Montandon dans la poche intérieure de son veston. Et c’est bien Montandon que « Samy » exécute froidement, en août 1944, à Clamart. Pas Denoël : on ne le lui a pas demandé.

    C’est une affaire Grumberg-Montandon, qui se joue en plusieurs actes, dont Les Livres qui tuent n’est que le dénouement.

    Pour ce qui est du téléfilm : c’est « Tintin au pays des fascistes ». Une bluette ridicule qui se termine dans une colonie pour enfants juifs située à Middelkerke, à 8 km de chez moi ! Dérisoire...

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  5. Mathilde Immelmann20 juillet 2011 à 00:33

    Cher Monsieur Thyssens,

    J'ai dans ma bibliothèque une édition originale du livre de Louis-Ferdinand Céline, « Les Beaux draps » (33ème édition !?), un ouvrage publié aux Nouvelles Editions Françaises.

    Au dos :

    CHEZ LES MEMES EDITEURS
    Une collection d'intérêt national
    LES JUIFS ET LA FRANCE
    "Le public français est très mal informé de la question juive. Certes, il existe de nombreux ouvrages qui traitent ce sujet d'une éternelle actualité. Il nous manquait encore une publication méthodique où le lecteur pût trouver une information exacte, des textes et des références authentiques, des précisions de lieu et de dates, des statistiques, des répertoires dont l'ensemble forme le tableau de l'incroyable activité d'Israël en France. La collection que nous inaugurons aujourd'hui comble cette lacune."

    Parmi les volumes parus, le manuel du Dr Montandon : « Comment reconnaître le Juif ? » D'autres ouvrages sont annoncés sous presse et en préparation. D’après les informations disponibles sur votre site, tous n’ont pas vu le jour…

    Je ne suis pas une spécialiste en matière d'antisémitisme "de plume" mais je m'interroge sur les raisons d'une telle collection. Pourquoi Robert Denoël a-t-il pris la décision de créer les Nouvelles Editions Françaises afin de publier, pour l’essentiel, des études consacrées à l'influence supposée des Juifs en France ?

    Vous écrivez que les ouvrages disponibles étaient imposés par l’occupant. Pourtant, seuls quatre livres ont fait l’objet d’une parution, jusqu’en 1941. Ce qui laisserait à penser, dites-moi si je me trompe, que les Allemands auraient cessé d’imposer la publication d’ouvrages à Robert Denoël ?

    Je suis désolée d’avoir légèrement débordé du sujet qui nous préoccupait. Mais si les ouvrages antisémites publiés par les Nouvelles Editions Françaises ne se sont vendus qu’à très peu d’exemplaires, convenons néanmoins que Robert Denoël en connaissait le contenu éditorial et pouvait à tout le moins imaginer les conséquences que de telles lectures pouvaient engendrer. Qui plus est avec Céline en « faire-valoir ».

    Loin de moi la présomption de juger Robert Denoël : je cherche à comprendre les motivations intimes d’un tel homme.

    Pour un revenir au téléfilm, j’ai vraiment apprécié votre formule « Tintin au pays des fascistes », drôle et pleine d’à-propos.
    Encore que… Si on avait laissé le choix à Tintin, peut-être aurait-il préféré exercer ses talents de détective au pays des fascistes ? Mais c’est une autre histoire… belge.

    Bien cordialement.

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  6. A Thyssens,

    Qu'entendez-vous par "fantasmes juifs personnels" ?

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  7. Mathilde Immelmann20 juillet 2011 à 22:14

    Les commentaires sont-ils filtrés ?

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  8. Grumberg a consacré 4 livres et 2 scénarios au drame de la déportation de son père : c’est ce que j’appelle un fantasme, plutôt qu’une fixation , ou une obsession, car il a fini par imaginer que Céline ou Montandon ont écrit tout spécialement leurs libelles racistes pour tuer son père. C’est la police française qui l’a arrêté : cela n’a pu être possible qu’en raison des écrits néfastes de ces gens-là, qui ont créé un état d’esprit criminogène en France.
    C'est une simple opinion.

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  9. Chère Madame,
    Je pense que Denoël a créé les N.E.F. pour y publier des ouvrages - imposés ? - qui n’avaient pas leur place au catalogue des Editions Denoël. Il avait édité avant la guerre nombre d’ouvrages et revues anti-allemands : il convenait sans doute de montrer sa « bonne volonté ». Au cours de son procès, il déclara avoir arrêté la collection « Les Juifs en France » en apprenant les arrestations de juifs étrangers à Paris. Comme je ne possède pas les archives Denoël, j’en suis réduit à des suppositions. Et je m’efforce de comprendre, moi aussi, le cheminement de cet éditeur - le seul qui ait payé de sa vie son activité éditoriale, rappelons-le.

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  10. A Thyssens :

    Entièrement d'accord avec vous quant à la création d'un état d'esprit criminogène en France par voies "littéraire" ou, surtout, de presse ("Je suis partout", "Au pilori" etc). Ce téléfilm, malgré ses maladresses et ses imperfections, rend très bien compte de cet "armement idéologique" : légitimer, encourager, couvrir en pleine Occupation les forfaits d'Etat, commis aussi bien par les polices françaises qu'allemandes. Quant à Lorant Deutsch, c'est vrai qu'il a un petit côté "Tintin", mais c'est plutôt un compliment je trouve.

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