samedi 25 juin 2011

Jean-Pierre Marielle : Ah Céline ! Il a été pompé et sur-pompé...

Il y a un moment, à partir du début des années 70, où vous incarnez un personnage dans les films où vous êtes en tête d'affiche, de Séria ou de Blier, un personnage qui reviendra pendant une dizaine d'années, celui d'un Français pur jus, franchouillard et un peu beauf sur les bords...
(Interrompant) Ah bon ? Alors très bien, j'apprends des choses au moins (grand et long rire sonore) ! Vous savez, c'est très difficile : moi, je fais mon truc, j'exerce mon art mineur. Je veux dire que je ne m'en rends pas bien compte. Les gens de l'extérieur peuvent le dire, mais moi...

Il y'a quand même quelque chose qui se cré, qu'on retrouve de Sex Shop à Pétrole, pétrole, avec des réalisateurs qui semblent écrire spécialement pour vous.
Oui, oui, on me distribue un peu comme ça dans des personnages de GRAND CONNARD, extravagants... Des personnages un peu louches... J'aime bien quand ça dérape.

C'est plus que ça parfois. Il y a ce personnage un peu anar', un esprit libre et bon vivant que l'on retrouve dans vos films avec Séria. Dans votre livre, vous dites de lui : "Ni faiseur ni metteur en scène classique, il a un ton presque célinien dans sa liberté quasi-anarchiste", un ton qui vous a permis "d'abandonner les personnages plus conventionnels que l'on me faisait alors jouer". On sent que la folie qui se dégage de ces rôles a été quelque chose d'important pour vous.
Oui c'est ça, c'était des rôles plus proches de moi, avec ce côté célinien... Oui, oui, Louis-Ferdinand... Ah, ah (grand cri "je bande") ... Ben oui. Y'a pas un mec qui prend une plume comme lui maintenant... Ah Céline ! Il a été pompé et sur-pompé...

Entre deux Séria, Les Galettes de Pont-Aven en 75 et Comme le lune en 76, vous jouez dans le Calmos de Blier (1976). A voir le film aujourd'hui, on est stupéfait, non seulement par son originalité et la liberté qui s'en dégage, mais aussi par ce qui le rapproche des films de Séria : cette truculence un peu machiste, qui arrive juste après les grandes heures de gloire du MLF... Vous vous parliez, entre vous, de l'aspect "politique" de ces films ?
Ah non, jamais !... Je connais plein de jeunes gens qui sont fanatiques de Calmos, nous on a adoré le tourner. Je travaillais pas avec les metteurs en scène les plus célèbres et les plus connus, c'était quand même des gens, comment dirais-je ?, qui étaient en dehors... Et moi, j'étais un peu en dehors, aussi : j'étais pas pris dans le monde du cinéma de l'époque. Je venais de la Galerie 55 (Cabaret de Saint-Germain-des-Prés où il se produisait avec son camarade de la rue Blanche, Guy Bedos - NDLR) où on faisait des improvisations quoi, j'étais pas non plus dans l'ordre établi du théâtre habituel. J'ai toujours été un peu en marge comme ça, dans des lectures et tout ça : j'ai jamais été typiquement acteur bourgeois.

Extrait de l'entretien réalisé par Christophe Ernault & Laurence Rémila pour le n°1 de la revue Schnock (été/automne 2011). En vente en librairie.
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>>> A lire : Jean-Pierre Marielle évoque Louis-Ferdinand Céline



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