samedi 21 mai 2011

Vient de paraître : Céline, un antisémite exceptionnel d'Antoine Peillon

Vient de paraître aux éditions "Le bord de l'eau" Céline, un antisémite exceptionnel d'Antoine Peillon. Nous reproduisons ici l'avant-propos d'une lecture qui ne nous paraît pas indispensable...

Avant-propos

En mai 2001, Georges Charpak m'avait fait l'honneur de me demander une note documentaire sur l'antisémitisme de Louis-Ferdinand Céline. Invité par Bernard Pivot à participer à la dernière émission de Bouillon de Culture (France 2), programmée à la fin juin, et sachant que l'acteur Fabrice Luchini, adorateur de l'écrivain, serait aussi présent sur le plateau, il souhaitait ne pas laisser passer l'occasion d'exprimer sérieusement l'horreur que lui inspirait l'auteur des Bagatelles pour un massacre, ainsi que sa révolte contre la complaisance d'un certain nombre de personnalités de la vie culturelle française vis-à-vis des dérives racistes particulièrement ignobles de celui-ci.
Malgré une forte pression exercée sur lui par l'animateur de Bouillon de culture (loyalement averti de son intention) pour qu'il renonce à s'exprimer sur ce sujet, Georges Charpak s'en est tenu à son projet. Aujourd'hui, les images de cette séquence mémorable sont aisément visibles par l'Internet (voir la vidéo ci-dessous). Elles montrent avec quelle dignité le grand physicien rend justice à l'Histoire.
Les pages qui suivent, et qui constituent aujourd'hui un petit livre, sont une reprise revue et augmentée de la note que j'avais rédigée il y a presque dix ans. Leur publication, sous cette nouvelle forme, représente, en premier lieu, un hommage affectueux à celui auquel elles étaient initialement destinées. Cet abrégé sur l'ignominie célinienne entend, de plus, confirmer une indignation sans partage face à la persévérance d'une sous-culture haineuse, très « idéologie française (1) », qui vire trop souvent au culte suspect d'un mauvais écrivain (2) qui n'était en vérité qu'un raciste délirant. Il s'agit, enfin, d'une synthèse qui n'est qu'une introduction - que j'espère efficace - aux travaux autrement considérables de Philippe Alméras, Yves Pagès, Jean-Pierre Martin, Émile Brami, Annick Duraffour, Pierre-André Taguieff, André Rossel-Kirschen...

Paris, le 25 janvier 2011.

Antoine Peillon, Céline, un antisémite exceptionnel, Ed. Le bord de l'eau, 2011.
Commande possible sur Amazon.fr.

1- Cf. Bernard-Henri Lévy, L'Idéologie française, Grasset, 1981, dont je ne partage pas certains amalgames abusifs, notamment à propos d'Emmanuel Mounier.
2- André Breton ne s'y était pas trompé : « Avec Céline, l'écœurement, pour moi, est venu vite : il ne m'a pas été nécessaire de dépasser le premier tiers du
Voyage au bout de la nuit, où j'achoppais contre je ne sais plus quelle flatteuse présentation d'un sous-officier d'infanterie coloniale. » (Réponse à l'enquète du Libertaire, au moment du « procès Céline », en janvier 1950, citée par Philippe Aiméras, dans son Dictionnaire Céline, Plon, 2004, p. 144.)



2 commentaires:

  1. Séquence mémorable ? On n'en avait jamais entendu parler jusqu'ici.
    Pression sur le Monsieur pour qu'il ne dénonce pas Céline alors que c'est un sport national, qu'on ne prononce son nom dans les émissions grand-public qu'avec une infinie précaution, avec toute la vaseline inutile en préalable ?
    C'est ça la Justice face à l'Histoire ?
    Un jugement aussi sérieux que celui de Breton, que l'on somme d'invoquer un auteur immense alors qu'il n'en a lu qu'un petit bout et s'est cogné lui aussi à sa morale.
    Cela dit, cela rappelle que Voyage est au moins aussi subversif que les pamphlets. Il fait peur aux gens bêtes.

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  2. André Breton disait aussi que tout admirateur d'Anatole France avait un cerveau dégénéré...Quelle référence !!!

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