mardi 1 mars 2011

Faut-il publier tout Céline ? - Les Inrocks - 27/02/2011

Il y a cinquante ans mourait Céline mais pas les polémiques à son sujet. Sait-on seulement de quoi on parle ? Difficile puisqu’une partie de son oeuvre reste tronquée : ses pamphlets antisémites, écrits entre 1937 et 1941, sont interdits depuis l’après-guerre. N’est-il pas temps de les republier pour voir ce que fut une époque, ce que fut vraiment Céline, l’homme et l’écrivain confondus ?

Louis-Ferdinand Céline est mort le 1er juillet 1961. Cinquante ans après, on ne sait toujours qu'en faire. L'avocat Serge Klarsfeld, président des Fils et filles des déportés juifs de France (FFDJF), a récemment exigé et obtenu qu'il soit exclu du programme des célébrations officielles de 2011. Jusqu'à cet été, toute la presse rendra hommage à l'écrivain de génie que fut Céline. Même Nicolas Sarkozy clame qu'il s'agit de son auteur favori : "On peut aimer Céline sans être antisémite, comme on peut aimer Proust sans être homosexuel !" Et Carla aurait fait le pèlerinage jusqu'à Meudon pour baiser la bague de Lucette Destouches, la veuve de l'écrivain.

Mouton noir, auteur sulfureux devenu accessoire chic, écrivain maudit, incompris ou bien salopard, Céline reste la plaie qui fait tache sur le visage de la littérature française. Certains l'adulent en minimisant son abjection, d'autres le vouent aux gémonies en oubliant son style. Car la figure de Céline n'en finit pas de poser une question qui semble encore insoluble pour l'esprit français cartésien : peut-on être à la fois un écrivain révolutionnaire et une ordure antisémite ?

Le problème, c'est qu'aujourd'hui encore, on ne peut en juger : l'oeuvre publiée de Céline est en grande part tronquée. Ses pamphlets nous sont cachés. L'écrivain génial de Voyage au bout de la nuit (1932) et de Mort à crédit (1936) a commis quatre pamphlets, dont trois sont interdits de réédition : Mea culpa (1936, le seul à avoir été republié après la guerre), une charge anticommuniste à la suite d'un voyage de Céline en Union soviétique, et les violemment antisémites Bagatelles pour un massacre (1937), L'Ecole des cadavres (1938), Les Beaux Draps (1941). Bagatelles... étant le plus virulent, le plus abject.

Une interdiction exigée par Céline lui-même
D'aucuns disent que si les idées sont insoutenables, le style de Céline y est magistral. Sauf que comme disait Sartre, on peut aimer un roman écrit par un antisémite, pas un roman antisémite. Mais comment savoir ce que contiennent ces pamphlets puisqu'ils sont interdits ? Contrairement à ce que beaucoup pensent, ils ne sont pas frappés d'une "censure d'Etat" mais d'une interdiction de réédition exigée après la guerre par Céline lui-même, et depuis sa mort, par son ayant droit, sa veuve Lucette Destouches.

A 98 ans, Lucette Destouches vit toujours dans le pavillon de Meudon que Céline avait acquis en 1951 après que Gaston Gallimard lui eut acheté les droits de son oeuvre pour cinq millions de francs. Elle refuse de parler aux journalistes. On rencontre donc son ami et avocat François Gibault, auteur d'une bio imposante de Céline (trois tomes), qui gère les affaires de madame Destouches depuis 1962 :

"Face à l'exigence de Serge Klarsfeld, la réaction de Mme Céline a été d'y voir un événement typiquement célinien : en 1932, le jury Goncourt avait décidé de lui attribuer le prix et une semaine plus tard ils ont changé d'avis ; on a voulu classer la maison de Céline, puis on a décidé le contraire ; enfin on l'inscrit dans la liste des célébrations officielles puis on l'en retire. De toute façon, Céline n'avait rien à faire sur cette liste. Ce n'est pas un écrivain pour musées et autres célébrations. Il a toujours fait cavalier seul."

A la disparition de Lucette Destouches, c'est probablement François Gibault qui deviendra le légataire de l'oeuvre de Louis-Ferdinand Céline. "Comme Mme Céline, je suis contre la réédition de ces pamphlets. Ce serait même de la provocation, car ce sont des livres de circonstance écrits à une époque donnée. Je ne défends en rien les idées de Céline mais il faut rappeler le contexte historique très particulier. La majorité des Français et beaucoup d'écrivains étaient antisémites, il était très courant de l'être et d'exprimer ce type d'opinions. Céline naît avec l'affaire Dreyfus et il a toujours entendu ses parents tenir ce type de propos contre les Juifs. Lucette, qu'il rencontre en 1935, lui a toujours dit qu'il avait tort d'écrire ces pamphlets, qu'il aurait dû se consacrer à ses romans. Quand il les a écrits, Céline ne connaissait pas l'existence des camps de concentration. Il n'en aura connaissance qu'après la guerre, comme la majorité des Français."

"Pour bien rire dans les tranchées"
Pourtant, il avait connaissance de la rafle du Vél' d'hiv', et devait bien se douter qu'on n'arrêtait pas les Juifs pour organiser un bridge. Or c'est dans ce contexte, après la rafle, qu'il autorisera non seulement la réédition de Bagatelles... deux fois pendant l'Occupation, en 1942 et 1943, chez l'éditeur antisémite et collaborationniste Robert Denoël, mais ira même jusqu'à écrire personnellement à un occupant allemand, Karl Epting, lui demandant du papier pour la réédition de ses pamphlets. Bagatelles... sera un succès commercial effarant, se vendant à 86 000 exemplaires. "Difficile de mesurer exactement l'influence qu'a eue Céline sur l'esprit des Français avant et pendant la guerre, explique l'historien Zeev Sternhell, spécialiste du fascisme en France. Cette influence peut se mesurer au nombre d'exemplaires vendus, d'autant que Céline jouissait déjà du statut de grand écrivain depuis la publication de Voyage au bout de la nuit. Les gens ont voulu lire ses pamphlets. Sa responsabilité est donc très grande. En revanche, il avait une place spéciale parmi les autres écrivains antisémites. Ses pamphlets étaient d'une virulence peu commune, même par rapport aux grands classiques de l'antisémitisme, de Drumont à Maurras."

En se plongeant dans le passionnant recueil de la réception critique de Bagatelles pour un massacre, on plonge aussi dans une France effrayante, inimaginable aujourd'hui, où tous, de gauche comme de droite, encensent le livre ; on y découvre aussi que les pires auteurs antisémites l'adulent mais sans le prendre tout à fait au sérieux. Robert Brasillach dans L'Action française : "Avouons-le tout net : on peut s'en choquer, on peut s'en fatiguer, on peut le déclarer illisible ou idiot, il est impossible qu'un Français n'en lise pas quelques pages avec soulagement."

Quant à André Gide, dans La NRF, il croit à une farce grotesque, d'autant que le livre sort accompagné d'un bandeau "Pour bien rire dans les tranchées" :

"(...) Alors quand Céline vient parler d'une sorte de conspiration du silence, d'une coalition pour empêcher la vente de ses livres, il est bien évident qu'il veut rire. Et quand il fait le Juif responsable de la mévente, il va de soi que c'est une plaisanterie. Et si ce n'est pas une plaisanterie, alors il serait, lui Céline, complètement maboul."

Drôle, Céline ? Difficile de rire aux nombreux appels au meurtre contre les Juifs dans Bagatelles... : "Alors tu veux tuer tous les Juifs ?/Je trouve qu'ils hésitent pas beaucoup quand il s'agit de leurs ambitions, de leurs purulents intérêts... (10 millions rien qu'en Russie)... S'il faut des veaux dans l'Aventure, qu'on saigne les Juifs ! C'est mon avis ! Si je les paume avec leurs charades, en train de me pousser sur les lignes, je les buterai tous et sans férir et jusqu'au dernier ! C'est la réciproque de l'Homme."

Un fou qui hurlerait des obscénités racistes
Car Céline aurait écrit Bagatelles... par "pacifisme", marqué qu'il fut par la Première Guerre mondiale où il fut grièvement blessé et qui lui servit d'argument pour ses deux premiers romans : "Je veux pas faire la guerre pour Hitler, moi je le dis, mais je veux pas la faire contre lui, pour les Juifs... On a beau me salader à bloc, c'est bien les Juifs, et eux seulement, qui nous poussent aux mitrailleuses..."

Céline, maboul, comme le supposait Gide ? Ce serait encore trop le déresponsabiliser, même si Bagatelles... ressemble, à force d'invectives haineuses, obsessionnelles contre les Juifs, à un long monologue ratiocineur proféré par un fou qui parlerait tout seul dans la rue en hurlant des obscénités racistes avec rage.

Bagatelles... n'est pourtant pas un simple délire. C'est un livre de propagande criminelle, avec à l'origine la vengeance de Céline contre une critique "enjuivée" qui n'a pas aimé Mort à crédit - comme quoi, on peut être un grand écrivain et un petit Français acariâtre qui règle ses comptes de boutiquier -, mais aussi un texte d'une faiblesse littéraire inouïe. Bric-à-brac illisible débordant de sottises, mensonges, de clichés antisémites, misogynes, de points d'exclamation, de points de suspension, avec au début un argument de ballet des plus étranges, qu'on ne peut comprendre que comme l'installation de la scène sur laquelle le prophète antisémite va monter pour faire entendre sa voix, ou plutôt la dégueuler.

Ne pas publier les pamphlets de Céline, c'est le blanchir
Il n'y a pas deux Céline, l'écrivain génial, puissant, du monumental Voyage au bout de la nuit d'un côté et la faiblesse crasse du Céline de Bagatelles... de l'autre. Il faut peut-être cesser de croire que c'est l'intelligence, la raison qui sont derrière une oeuvre (auquel cas Céline resterait à jamais une énigme insoluble). C'est avec autre chose, une face plus sombre, que travaille l'écrivain. Dans le cas de Céline, il s'agirait de sa haine, à la base des romans comme des pamphlets. D'un côté, elle prend forme en devenant une langue ; de l'autre, elle se réduit à une voix - qui bafoue la forme, l'excède, pour le pire.

Ne pas publier les pamphlets de Céline, c'est donc aussi blanchir l'écrivain littérairement, ne donner à lire que la prose où il excelle. Idéologiquement, "Céline s'est bien rendu compte qu'il n'aurait jamais dû écrire ces pamphlets", souligne François Gibault. Il n'a plus eu, alors, qu'à procéder à leur effacement, pour mieux se blanchir politiquement.

"Il y a beaucoup de livres censurés en France, explique l'avocat Emmanuel Pierrat, spécialiste de la censure en littérature. Mais la plupart des auteurs antisémites des années 1930 et 1940 ont procédé à leur propre "censure" en demandant eux-mêmes que leurs livres ne soient pas réédités, en les retirant de leur catalogue, espérant que ceux-ci tomberaient dans l'oubli."

Sur le site de l'INA, on trouve un entretien avec un Céline hallucinant de déni, réalisé par Pierre Dumayet en 1957 pour la sortie D'un château l'autre. Dumayet interroge Céline sur le fait d'avoir eu beaucoup d'ennuis à cause de la publication de Voyage au bout de la nuit en 1932 (alors qu'il sait bien que les pires ennuis, dont la prison et l'indignité nationale, sont arrivés à Céline à cause des pamphlets) et la violence de son écriture. Céline répond :

"Je me suis permis de m'occuper de politique et ce fut le signal d'une maladie qui me poursuit encore. (...) je n'ai jamais été violent (...) les livres très fâcheux que j'ai pu écrire étaient faits justement contre la guerre. (...) j'étais comme une chienne de traîneau, je prévenais des dangers."

Jamais, entre Céline et Dumayet, les titres des pamphlets ne seront mentionnés. Les deux hommes continuent de faire comme s'ils parlaient de Voyage....

Pire encore, dans un entretien avec Céline datant de 1960, diffusé dans A voix nue sur France Culture récemment, l'écrivain se lance dans un monologue délirant où il pose en victime, en martyr, sans qu'aucun des deux journalistes ne le contredise. La machine de blanchiment de Céline par Céline est lancée. Et, aujourd'hui, il y a quelque chose de pesant, d'insoutenable à penser que la non-publication de ces textes participent encore d'une forme de "négationnisme" par omission, dans un pays où l'amnésie est encore de bon ton.

Et puis les lettres de Céline - dont certaines clairement antisémites - ont été publiées en Pléiade, éditées par le célinien Henri Godard. "Je ne souhaiterais pas que les trois pamphlets soient republiés séparément chacun sous son titre, nous répond Godard. J'imagine une publication collective en un seul volume sous le titre Ecrits polémiques, qui y adjoindrait quelques autres textes polémiques courts comme A l'agité du bocal. Les pamphlets eux-mêmes devraient faire l'objet d'une annotation qui éclaire les circonstances et allusions à l'actualité et mette en évidence les emprunts de Céline aux publications antisémites du moment diffusées par la propagande allemande. Cette annotation est d'ores et déjà largement réalisée par le travail de plusieurs chercheurs."

D'autant que cette interdiction de réédition est une tartufferie : Bagatelles... se trouve aujourd'hui dans les librairies d'extrême droite, et sur le Net, réédité et rediffusé depuis 2009 par les Editions de la reconquête dont le siège social se trouve au Paraguay et qui vendent aussi, en ligne, des objets de culte catholique et des textes de Lucien Rebatet. Ambiance.

"Je publie Bagatelles... depuis 2009, Les Beaux Draps depuis 2008, L'Ecole des cadavres depuis 2009. Je publie également la première édition de Bagatelles... en anglais, Trifles for a Massacre, depuis 2010, nous répond par mail le directeur de ces éditions, Philippe Régniez. Il est difficile de dire combien j'en vends par an. Chaque ouvrage est tiré à 5010 exemplaires et les tirages ne sont pas encore épuisés. Le pays le plus demandeur est la France, puis les pays francophones à travers le monde. Viennent ensuite des clients de pays aussi variés que le Japon, la Thaïlande, le Mexique, les Etats-Unis, Hong Kong, la Roumanie, le Qatar, etc."

Jusqu'à ce jour, il n'a pas été inquiété par l'ayant droit. De toute façon, Céline tombera dans le domaine public dans vingt ans et Gallimard pourra s'il le souhaite publier les pamphlets. "Sauf que s'ils étaient largement réédités, ils tomberaient immédiatement sous le coup de la loi de 1972 et pourraient être d'emblée censurés pour incitation à la haine raciale. Seulement si une association le demande...", précise Emmanuel Pierrat. Qu'en pense Serge Klarsfeld, président des FFDJF ?

"Je serai contre une publication des pamphlets. Si nous étions dans un monde pacifié, il n'y aurait pas de problèmes. Mais ces textes sont trop nocifs. Les republier serait dangereux."

Fin de la discussion ?

Nelly KAPRIELIAN
LesInrocks.com, 27/02/2011


- André Derval, L'Accueil critique de Bagatelles pour un massacre (Ecriture)
- François Gibault, Céline, 1894-1932 : Le Temps des espérances ; Céline, 1932-1944 : Délires et persécutions ; Céline, 1944-1961 : Cavalier de l'Apocalypse (Mercure de France)
- Emmanuel Pierrat, 100 livres censurés (Chêne).
- Louis-Ferdinand Céline, Lettres (La Pleiade).

Henri Godard publiera une biographie de Céline en mai chez Gallimard.

6 commentaires:

  1. De qui est cet excellent dessin de la tête de mort lisant Bagatelles ? Ce n'est as dans la revue des Inrock.

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  2. Effectivement, rien de fracassant.
    Par ailleurs, ouf ! Degrelle, Brasillach, Maurras, Abel,de Corte, Laubreaux,... n'ont pas été mentionnés, Les Editions de La Reconquête s'en tirent bien.

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  3. Une circulaire ministérielle du 15 janvier 1945 a bel et bien fait retirer de la vente Bagatelles pour un massacre, L'Ecole des cadavres et Les Beaux Draps. A ma connaissance, cette mesure n'a jamais été rapportée. Mea Culpa, qui ne figurait pas sur la liste des ouvrages proscrits, est réédité depuis 1967.

    Rappelons encore que si les ouvrages « indésirables » figurant sur les listes Otto avaient été sélectionnés par les autorités d'occupation, cautionnées par le syndicat du livre français, ceux qui ont figuré sur les quatre listes adressées en 1945 aux libraires par l'Office professionnel du livre, émanaient d'un organisme dépendant du Contrôle des Informations, c'est-à-dire du ministère de la Guerre, devenu en 1948 ministère de la Défense nationale.

    Il est vrai que ces listes paraissent avoir été établies hâtivement et sans trop de discernement (Guignol's Band figure sur celle du 15 mars 1945 !) mais une directive ministérielle non abrogée reste exécutoire.

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  4. Le véritable « patron » de la France
    (Enfin, de la chose culturelle, artistique, littéraire… ce qui n’est déjà pas si mal)

    L’équivalent de « Salut les copains », le magazine à la mode d’aujourd’hui Les Inrocks vient de publier un long article intitulé (voir ci-dessus) : Faut-il publier tout Céline ? L’article ne contient rien de fracassant, on y fait le tour de la question vue du côté des révoltés bon ton, et surtout vue « du bon côté », de celui du manche.
    Cet article révèle cependant une vérité évidente comme le soleil, tellement évidente qu’on n’y fait plus attention : à savoir qui est le véritable patron de la France.
    Citons : « De toute façon, Céline tombera dans le domaine public dans vingt ans et Gallimard pourra s'il le souhaite publier les pamphlets. "Sauf que s'ils étaient largement réédités, ils tomberaient immédiatement sous le coup de la loi de 1972 et pourraient être d'emblée censurés pour incitation à la haine raciale. Seulement si une association le demande...", précise Emmanuel Pierrat [Avocat, spécialiste de la censure en littérature] Qu'en pense Serge Klarsfeld, président des FFDJF ? ………………….. ………………..
    "Je serai contre une publication des pamphlets. Si nous étions dans un monde pacifié, il n'y aurait pas de problèmes. Mais ces textes sont trop nocifs. Les republier serait dangereux." » …………………………………….. …………………………………………….
    Et l’article de conclure juste après avec, on ne sait si c’est un certain humour ou une inconscience inquiétante : « Fin de la discussion ? »
    Parce que, Oui ! Eh bien, Oui ! Fin de la discussion. Que cinquante millions de personnes, que cent millions de personnes réclament la publication des pamphlets, ou le droit à cette publication, ne servirait à rien. Un seul homme en a déjà décidé, maître Klarsfeld, et la réponse est non ! Et il y en a encore et toujours qui viennent nous distraire de cette vérité en nous parlant des fameux Droits d’Auteur.

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  5. Très amusant, et plus que cela, et très bien dessiné ce Bagatelles par Loïk Rocques.

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