mercredi 15 septembre 2010

Vient de paraître

Sortie aujourd'hui 15 septembre aux éditions Ecriture de « L'accueil critique de Bagatelles pour un massacre » d'André Derval.

Présentation de l'éditeur
Un « pogrom de papier » face à la critique. Censuré depuis 1945 par son auteur et jamais republié depuis, Bagatelles pour un massacre sort le 28 décembre 1937 chez Denoël, en même temps que L’Espoir de Malraux. Ce n’est certes pas le premier pamphlet antisémite, mais c’est le plus violent, le plus grossier et –circonstance agravante – le plus talentueux jamais paru en France. Récompensé par d’excellentes ventes, il est aussitôt traduit en Allemagne. L’espace d’un pamphlet truffé d’épisodes narratifs, Céline abandonnait le roman pour s’égarer en politique et sceller son destin.
L’ambivalence de Bagatelles – essai polémique ou œuvre littéraire ? – est au cœur de la réception critique du livre. André Gide, dans la NRF, préfère croire à une énorme rodomontade (sans quoi Céline serait « complètement maboul ») ; tandis que Lucien Rebatet, dans Je suis partout, le félicite d’avoir « allumé le bûcher ». À gauche mais aussi à droite, on souligne souvent l’obscénité et la malhonnêteté du raisonnement, inspiré voire bassement recopié des prospectus de propagande, certains reprochant même à Céline de discréditer l’antisémitisme. Mais tous ou presque soulignent la truculence rabelaisienne de Bagatelles, dont l’extrême nocivité est rarement dénoncée, si ce n’est par la presse juive.
Ce dossier critique, souvent déroutant pour le lecteur moderne, regroupe soixante articles parus de janvier à décembre 1938, sous la plume de Marcel Arland, André Billy, Robert Brasillach, Léon Daudet, André Gide, Emmanuel Mounier, Lucien Rebatet, Jean Renoir, Victor Serge... On y voit avec effarement, explique André Derval en avant-propos, « la réalité virer au cauchemar, et des voix que l’on entendait sensées et mesurées verser dans les pires partis pris et dans l’outrance – épousant en cela le mouvement plus général de l’intelligentsia française au sujet des réfugiés juifs dans les années 1930».

L'auteur
Docteur en lettres, André Derval est responsable du fonds d’archives Céline à l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine (IMEC) et édite les Études céliniennes au sein de la Société d’études céliniennes. A cet auteur d’études sur Wells, James, Lovecraft, Lamennais ou Gourmont, on doit un dossier critique de Voyage au bout de la nuit 1932-1935 (10/18-IMEC, 2005), ainsi que le dossier de presse d’En attendant Godot (10/18-IMEC, 2006). Il reprend en 2010, à la suite d’Émile Brami, la direction de la collection « Céline & Cie » , aux éditions Écriture.

André Derval, L'accueil critique de Bagatelles pour un massacre, Ed. Ecriture, 2010.
Commande possible sur Amazon.fr.

1 commentaire:

  1. Passionnante cette revue critique de Bagatelles, d'un temps où certaines frontières n'étaient pas nettement dessinées pour beaucoup. Pour certains, elles l'étaient, par des barbelés allemands ou espagnols, pour d'autres elles avaient les couleurs de lendemains qui chantent ou celles du carpe diem du café Flore. Qu'un Gide ou que certains de l'équipe Canard enchaîné aient pris un certain plaisir à lire Bagatelles, voilà qui fait réfléchir sur cette époque où une certaine liberté d'esprit, une certaine légèreté d'esprit pouvaient aveugler les plus lucides et les plus instruits. L'Histoire, l'atroce Histoire, donnera raison aux un et tort aux autres. Mais l'Histoire était déjà en marche, ce que rappelle le préfacier. Céline "crippled giant" alors ? prophète aveuglé par ses prophéties ? Nostradamus illisible aujourd'hui ? ou en avance de deux siècles ? au bout de la nuit... de la nuit de bien de pauvres gens aujourd'hui sur la boule ronde qui tourne de moins en moins à l'endroit pour eux... Voir les infos télé du soir et de ce qui se passe à New York, en Palestine, au Sahel, en Iran... Que de massacres ! pour un ruisseau, un mur, des cailloux, des idées... des fables aurait dit Voltaire... surtout des idées que certains se font d'eux-mêmes, de leur mission sur terre ou de leur destin au ciel... Un livre qui pose bien des questions : il y avait des loups et des renards, des brutes sadiques et des victimes, et Céline qui a cru à la force de son verbe en se trompant de siècle, en se prenant pour un poète du beau moyen-âge, alors que le monde s'en retournait au pire du moyen-âge...

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