vendredi 29 mai 2009

In memoriam Pol Vandromme

In memoriam Pol Vandromme

"Il nous a quittés le 28 mai et sa mort, pourtant prévisible depuis de longs mois, plonge ses amis dans l’affliction. Né à Gilly, en Belgique, en mars 1927, Pol Vandromme était une des meilleures plumes de la littérature francophone. Il laisse une œuvre copieuse, variée : biographies, essais, pamphlets, articles de critique littéraires, mémoires, et même un roman, Un été acide. Plusieurs ont été couronnés, en Belgique et en France.

Son anti-conformisme, son indépendance l’empêchaient de respecter les tabous, même informulés. Ainsi fut-il le premier à consacrer en 1968 un essai à Rebatet, aux très sérieuses Presses Universitaires, et de récidiver avec un Drieu, un Céline, un Brasillach (ce dernier chez Plon). Sans compter deux Maurras, un Nimier, un Sagan, un Jacques Perret, un Le Vigan. Il avait l’art de saisir, dans une œuvre, l’essentiel de la personnalité de son auteur. De le camper dans sa vérité. Son style était étincelant, ses écrits parsemés de formules qui faisaient mouche.
Je lui dois, pour ma part, d’avoir préfacé mon recueil Livres propos (Dualpha, 2005).

Curieusement, son texte exprimait quelques réticences inattendues à l’égard de notre hebdomadaire… Sans doute n’étaient-elles pas étrangères aux sentiments mitigés que lui avait toujours inspiré son compatriote Robert Poulet. Quoi qu’il soit, avec cet homme courtois, civilisé au sens fort du terme, disparaît une conception noble de la littérature et de la critique. Elle implique une totale liberté, la rectitude du jugement. Le courage, parfois. Pol Vandromme va nous manquer."

P.-L. Moudenc pour Rivarol.

jeudi 28 mai 2009

Louis-Ferdinand Céline : "L'humanité ne sera sauvée que par l'amour des cuisses"

"Des cuisses, encore des cuisses. C'est mon seul plaisir. L'humanité ne sera sauvée que par l'amour des cuisses. Tout le reste n'est qu'haine et ennui."

Louis-Ferdinand Céline, Lettre à N..., 28 mars 1934 cité par Pierre-Marie Miroux dans Matière et Lumière, pp205-206.

La rencontre de N... avec Louis Destouches se situe à Paris début septembre 1932. Autrichienne d'origine juive, elle avait 27 ans et dirigeait des classes de gymnastique à Vienne. Ils font ensemble des sorties dans Paris et, quand elle tombe malade, le docteur l'installe dans la chambre d'Elisabeth Craig au 98, rue Lepic, où il la soigne avec dévouement. Ce n'est pas sans regrets qu'elle repart pour Vienne à la fin de son séjour. L'épisode aura duré une quinzaine de jours en tout. L'amitié qui en naît durera près de sept ans. Amitié surtout épistolaire, mais relancée de temps à autre quand N... et Céline se revoient: quelques jours à Vienne à la fin de décembre 1932, et encore en juin 1933; une semaine au mont Patscherkofel (près d'Innsbruck) en février 1935, une autre, en compagnie de Lucienne Delforge, à Salzbourg en juillet de la même année. C'est à la fin de 1938 que N... apprend que Céline a publié des livres antisémites. Quelques mois plus tôt, son mari est mort à Dachau et N... a connu toutes les horreurs de la fuite, toutes les difficultés de l'arrachement à une vie établie, toute la crainte de la quête d'un abri pour elle et son fils. Ce qui est étonnant, ce n'est pas qu'elle lui écrive alors pour rompre, mais qu'elle ait gardé de lui, envers et contre tout, un souvenir affectueux."

Cahiers Céline 5, Lettres à des amies, textes réunis et présentés par Colin Nettelbeck, Gallimard, 1979.


Photo : Karen Marie Jensen, danseuse danoise, amie de Céline.

A lire sur le sujet:
>>> Céline, la danse et les danseuses

mercredi 27 mai 2009

Louis-Ferdinand Céline - Frédéric Dard

"La troisième balise, je vais la choisir en fonction de mon métier: Louis-Ferdinand Céline. Pourquoi lui? J'ai eu des tas de chocs littéraires dans ma vie, mais je pense que Céline est vraiment l'écrivain qui m'a le plus télescopé."

D'abord par le courage, ou l'inconscience, qu'il a eu dans sa démesure. Maintenant, personne ne sourcille plus. Mais à l'époque, cela a été un coup de tonnerre dans les Lettres: il y avait les pro-céliniens et les anti-céliniens. C'était nettement tranché. Il y avait ceux qui le conspuaient, qui le vouait aux gémonies, et puis ceux qui voyaient se lever une aube nouvelle. Moi, j'étais de ceux-là.

C'est vers seize ans que j'ai rencontré un type formidable, un peu fou, un peu démesuré, très célinien d'ailleurs, qui m'a fait découvrir Céline. C'est lui qui, un jour, m'a mis «Le voyage» entre les mains, et qui m'a dit: «Lis-le. Tu verras, on n'avait jamais écrit ça auparavant. Cela doit chambouler ta vie». Et effectivement, ça a chamboulé ma vie.

Il y a quelque chose de très curieux... J'ai habité Paris pendant une quinzaine d'années, et chaque jour qui passait, j'avais envie d'aller voir Céline. Il habitait Meudon, et moi je vivais également dans la banlieue ouest. J'avais vraiment envie de m'armer de courage, et d'aller sonner à sa porte. Et puis je pensais: «Je vais lui dire quoi? Que je l'admire?... Il y en a d'autres qui doivent le lui dire! Il va voir un petit jeune homme timide, qui va bredouiller, il va me prendre pour un connard! J'irai plus tard».

Et j'attendais toujours, jusqu'au jour où on a annoncé sa mort. Alors je me suis senti frustré, un peu cocu. Maintenant, je me demande ce que cela m'aurait apporté. J'aurais peut-être été déçu, il aurait peut-être dit des choses qui aurait un peu mutilé ce que sa littérature m'a donné. C'est-à-dire beaucoup: une espèce de notion de l'écriture, mais aussi de la vie, de la dérision universelle. La vie, il y a une certaine façon de la voir, sans se prendre au sérieux: comme dans Céline.

Qu'est-ce qui vous a encore frappé chez Céline, au point de le considérer comme une balise aujourd'hui ?
Avant même son style, c'est l'outrance. C'est ce bonhomme qui se met à écrire au goudron sur les murs, en caractères d'affiche! Rien ne lui résiste: c'est un vociférateur, un imprécateur! Et puis, dans un deuxième temps, il se passe un phénomène qui est vachement étrange: c'est le charme. C'est gros, c'est énorme, et puis brusquement, lisez-le, lisez-le bien, enfoncez-vous dans la lecture, vous entendrez, il y a une musique qui naît de ces petites phrases courtes, de ces petites phrases tronquées, une musique qui vous emporte. Il y a un sortilège: vous découvrez un grand littérateur, un type qui a une vraie puissance évocatrice, un type qui sait vous investir d'une façon fabuleuse. Là, chapeau! Vous vous sentez infiniment petit, et vous vous demandez qui peut faire mieux.

Vous disiez que le jeune Frédéric Dard n'osait pas aller sonner chez Céline. Comment le Frédéric Dard reconnu, respecté, réagit-il face à de jeunes inconnus qui viennent le voir parce qu'il représente pour eux une forme de modèle ?
Oh, vous savez, quand cela m'arrive, c'est la gêne qui l'emporte. Je leur dis: «Vous vous méprenez, vous me grandissez, vous me faites plus beau et plus talentueux que je ne suis!» Restez calmes, quoi! Gardez votre raison. J'ai envie leur dire: «Restez chez vous, ça n'en vaut pas le coup!»

Cette pudeur, elle sera toujours en vous? Vous n'aurez jamais l'impression d'être un grand écrivain? Tout le monde ou presque le reconnaît pourtant!
Mais non, enfin, tant mieux... J'ai l'impression d'un immense malentendu qui se propage, et je me demande ce qui s'est passé pour que ce malentendu perdure ainsi, et même, qu'il s'affirme! Non, je ne sais pas... Non, je ne comprendrai jamais! Mon cas est quelque chose qui m'échappe. C'est une bienveillance d'En-haut, je crois!

Source

Propos recueillis par Bernard Léchot
05.12.94



>>> Frédéric Dard (1921~2000), alias San-Antonio, documentaire :



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mardi 26 mai 2009

Yann Moix :"Louis-Ferdinand Céline : le génie absolu"

Yann Moix, Le Figaro Littéraire, Mai 2009 : "Louis-Ferdinand qui ? Louis-Ferdinand Céline : le génie absolu. On pourra, jusqu'à la fin des fins, retourner la question dans tous les sens, sur sa saloperie, son ignominie, son ceci, son cela («Je suis un vivant reproche ») : le lire est toujours une déflagration. Dans la moindre de ses lettres, il explose. La moindre de ses remarques, de ses réflexions, le plus inconséquent de ses agacements embrasent tout. Avant lui, on n'imaginait tout simplement pas la puissance de feu que recelait la langue française : jusque-là, on frottait les mots entre eux toujours plus ou moins de la même façon, c'était des silex, c'était l'âge de pierre (ce qui n'a évidemment pas empêché les chefs-d'œuvre).

Ici, nous avons un Céline déchu, (en)terré à Copenhague, attendant de pouvoir rentrer chez lui, mais il n'a plus de chez lui : on lui a tout pris, confisqué, ses livres, son appartement, tout. Il s'en plaint abondamment à Albert, écrivain de quatrième zone totalement oublié aujourd'hui, auteur d'un obscur Gala des vaches et d'un Valsez saucisse ! sans grand intérêt, à ceci près que dans ses livres Paraz aimait à intégrer les lettres reçues de Céline. J'aurais pu m'appesantir sur l'incroyable, inouïe, faramineuse missive datée du 17 mars 1948 dans laquelle l'auteur de Bagatelles pour un massacre se considère, messianisme oblige, comme un... juif : « Vive les Youtres!». Mais je voudrais me concentrer sur ce qui m'a toujours rendu amoureux fou de Céline : son humour. Je veux dire : sa subversion. Ce laser qui, chez lui, comme chez Proust, dont il est évidemment si proche, perçoit l'humain comme personne.

Céline, quand il ne fait pas de politique, a raison sur tout, est génial sur tout, est puissant sur tout. Allons-y. En vrac (c'est tellement mieux). Le sexe : « Comme ils mouillent bichent y croyent les sapajous! En font-ils des pataquès avec leurs 3 misérables secondes de reproduction !» Franco : «Le dernier petit Hitler vivant... » Le succès : «J'aime mieux le succès des autres que les miens. Je suis l'anti-envieux » L'avenir : « L'espoir même, ça me fait dégueuler... » Les céliniens orthodoxes : «Je ne veux pas faire d'adeptes, de secte, de parti. Rien -Pas de martyrs pour moi -pas même d'inquiétés. » L'écriture (j'adore ce passage, monumental, fabuleux, tellement vrai, tout y est, tout est là, il a tout compris, tout!) : «Je n'aime pas et je n'ai jamais aimé écrire. Je trouve d'abord la posture grotesque - Ce type accroupi comme sur un chiotte en train de se presser le ciboulot d'en faire sortir ses "chères pensées" -! Quelle vanité! Quelle stupidité! Ignoble! Rien que le mot écrire me fait vomir, ce prétentieux vocable. "Il écrit" - à fesser! immonde! ».

Continuons : Cendrars : « Il n'arrivera jamais à faire tenir un livre debout. » Fofana (avec cinquante ans d'avance) : « J'ai fréquenté bien des assassins. D'une manière absolue ils ne regrettent rien s'ils ont leur photo dans le journal. » L'exil (attention, ce qui suit est éblouissant) : « La monstruosité impardonnable précisément est qu'on me tienne hors de la langue française. » Le délit d'opinion : « je voudrais avoir un "passeport animal" pour être bien certain qu'on ne s'inquiétera plus jamais de ce que je peux ou ne peux pas penser!» L'inspiration : « Si je vais "m'inspirer" comme on dit ce n'est certainement pas dans les lectures ! choses mortes ! mais dans des éléments vivants.» Ses livres : «ils ressemblent plutôt aux chansons de geste. Ils sont chansons nullement prose. Je me sers du langage parlé, je le recompose pour mon besoin - mais je le force en un rythme de chanson - je demeure toujours en danse. Je ne marche pas. » Péguy est le génie de la marche, Céline celui de la danse. Céline adore les ballets et sa femme, Lucette, est une danseuse.

Je continue mes citations : Edmond Rostand : « Il aurait moins fumé, moins coïté il aurait vécu son siècle. » Son testament (à mourir clé rire) : «À Aragon mes silences... À Triolet un poil de nez... » Les banlieues (pensons aux bandes, aux gangs, au rap) : «Les Banlieusards veulent de l'américain ni, bandent qu'à l'américain. » Je finirai en vous laissant méditer ceci, que je crois fondamental : « Le Diable sait ce qu'il fait, il est subtil, il s'attaque à la musique des peuples qu'il veut supprimer. "Ils n'auront plus de chanson ils périront". Voilà ce qu'il pense le Diable, il est pas bête. » Sollers et moi savons bien de quoi il retourne. Il ne s'agit pas de lire entre les lignes. Mais de lire. Qui saura lire?

Merci à M. Mouls.

lundi 25 mai 2009

Le Petit Célinien n°5

Le Petit Célinien n°5:

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Le Petit Célinien n°5 - Semaine du 18/5/2009.

Au sommaire:
- Assises du roman : Céline en self-service
- Dans le texte...
- Plaidoyer pour Louis-Ferdinand Céline (En avant FFI n°13, 16/12/1944)
- Louis-Ferdinand Céline - Marcel Aymé : Avenue Junot
- Vient de paraître

mardi 19 mai 2009

Le Petit Célinien n°4

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Le Petit Célinien n°4 - Semaine du 11/5/2009.

Au sommaire:
- Quand j'ai rencontré Céline par Jacques Ovadia
- Sur notre site...
- Dans le texte...
- Diam's, Céline et l'art de l'insulte
- Siegmaringen : "quel pittoresque séjour!"
- Des timbres à l'effigie de Céline
- Lettre à Henri Poulain, 15 juin 1942
- Vient de paraître

Le Petit Célinien n°3

Le Petit Célinien n°3:

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Le Petit Célinien n°3 - Semaine du 4/5/2009.

Au sommaire:
- Céline, Sarkozy et le grand Paris
- Céline par le peintre Ibara
- Céline par Léon Trotsky
- Dans le texte...
- Personnages céliniens : Hervé Sosthène de Rodiencourt
- Vient de paraître

Le Petit Célinien n°2

Le Petit Célinien n°2 (10 pages):

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Le Petit Célinien n°2 - Semaine du 27/04/2009.

Au sommaire:
- Souvenirs par Jacques d'Arribehaude
-Louis-Ferdinand Céline par Pierre Perret
- Céline au théâtre
- Dans le texte...
- Céline au Cameroun
- Vient de paraître

Le Petit Célinien n°1

Le Petit Célinien n°1 (11 pages):

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Le Petit Célinien n°1 - Semaine du 20/04/2009.

Au sommaire:
- Pas d'or pas de révolutions!
- Un long-métrage en préparation
- "Céline et ses musiques" (France-Culture)
- Dédicace de Céline à Karl Epting
- Céline-Hergé, le théorème du perroquet par David Alliot
- "Cette gaieté paradoxale et prodigieuse" par Robert Poulet (Rivarol, 4/7/1957)
- Céline dans les archives du journal Le Temps
- Vient de paraître

dimanche 10 mai 2009

Le Bulletin célinien

Le Bulletin célinien est une publication mensuelle, créé en 1981 par Marc Laudelout, entièrement consacrée à Louis-Ferdinand Céline.

Abonnement 1 an, 11 numéros : 50 €.
Pays hors Europe : 70 €.

Marc Laudelout
Bureau St Lambert
BP 77
1200 BRUXELLES
Belgique

Courriel : celinebc@skynet.be

Adresse française :
Le Bulletin célinien
Rue Pierre et Jean Dervaux 25
B. P. 90015
59331 Tourcoing Cedex