mercredi 3 juillet 2013

Louis-Ferdinand CÉLINE : « En plein moment où tout palpite »

Céline par Sam DILLEMANS (2006)
C'est trop bête, je fais plus attention... je regarde les fleurs, les tombes autour... C'est l'épanouissement partout, les marguerites, les roses, jaunes, rouges... vraiment c'est la profusion... clématites, jacinthes... des beautés de couleurs fraîches comme ça n'existe qu'au coeur d'été, en plein moment où tout palpite, où la joie des plantes exhubère, tourne folle, entête, que les papillons, les piafs virent voguent à portée, ivres, posent, butinent, titubent en l'air d'odeur... Ah ! puis les lilas, y en avait encore de juin, des géraniums incarnat à pas croire ses yeux de violence... En pente tout ceci de l'inclinaison des allées... vous voyez ce que je veux dire... le couchant de la Butte... entre Caulaincourt et Joffrin... l'enclos des Troënes... cimetière privé presque... enfin mettons deux trois cent tombes... et tout à l'extrême, au Lapin, en bordure de rue, des peupliers des acacias, pas un arbre triste... juste un petit sapin dans un coin... mais tout en haut le vent passait, la moindre brise... C'était un bruissement, toute la voilure de Montmartre, tout un froufrou vert sur le bleu...

Louis-Ferdinand CÉLINE, Maudits soupirs pour une autre fois, 1985.
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