vendredi 27 mai 2011

Christophe Malavoy : "Je ne participerai pas à la médiocrité ambiante"

L'acteur a décidé de prendre ses distances avec le grand écran pour se consacrer à des projets ambitieux et personnels. Explications.

Il est d'un autre temps, d'un autre monde. Christophe Malavoy, choisi pour mettre en scène en plein air l'opéra Madame Butterfly, n'est pas du genre à se taire. « Ce qui m'énerve dans la vie ? Une multitude de choses. Je ne pourrai jamais toutes les énumérer. Nous vivons dans le mensonge permanent. La télévision ? Elle nous plonge dans l'univers du faux. Il n'y a que la tendance qui compte. Ça ne m'intéresse pas de participer à la médiocrité ambiante. » Un constat qui explique pourquoi ce comédien, qui a connu son heure de gloire dans les années 1980 (La Femme de ma vie, Association de malfaiteurs) a décidé de prendre ses distances avec le grand écran. « Il est hors de question que je remette les pieds sur un plateau de cinéma si c'est pour faire ce que j'ai déjà fait. Pour moi, les grands metteurs en scène, ce sont des Fellini, des Jacques Audiard, des Bergman. Ce sont eux qui m'ont donné envie de faire ce métier. Depuis, le cinéma s'est appauvri. » Et d'ajouter : « La poésie a déserté nos écrans. Ce qui me plaît, c'est transposer nos émotions et non copier la réalité comme on le fait à l'heure actuelle. »

L'amour en chantant
Déçu par l'orientation qu'a pris le septième art, il l'a aussi été par l'attitude de Guillaume Canet, à qui il a contribué à mettre le pied à l'étrier dans la pièce La ville dont le prince est un enfant, en 1994. « Dans la vie, il y a des gens que vous aidez et qui finissent par vous oublier. Il aurait pu faire appel à moi pour certains de ses projets, mais il a décidé de voler de ses propres ailes. Qu'importe, je n'ai pas de rancune. Il a du talent, j'espère simplement qu'il ne se laissera pas happer par le système. » Toujours est-il que Christophe Malavoy n'est pas du genre à ressasser. Il n'hésite pas « à se battre pour ses projets ». Pas étonnant qu'il ait été choisi pour mettre en scène Madame Butterfly. « Je suis en train de vivre une belle expérience, lance l'intéressé. Diriger des chanteurs lyriques, c'est un sacré défi. La magie a immédiatement opéré. Il n'y a rien de plus beau que de déclarer son amour en chantant. » Il vient par ailleurs de finir l'écriture d'un livre sur Louis-Ferdinand Céline et espère le porter au cinéma. « Je me bats sans cesse pour mes idées. J'ai rencontré une vingtaine de producteurs, mais aucun ne veut prendre de risque. Il faut que les mentalités changent. » En attendant, c'est au théâtre Hébertot, à Paris, qu'il interprétera ce rôle. « Céline se retrouvera face au Professeur Y avec qui il s'entretiendra. » Christophe Malavoy l'a bien compris : son salut, c'est au théâtre qu'il le trouvera.

Par Ingrid BERNARD
France-Soir, 27/05/2011


- Madame Butterfly, opéra en plein air, au parc de Sceaux (Hauts-de-Seine), du 2 au 4 juin, à 21 h 30, puis en tournée tout l'été. Réservations : 0.892.707.920 ou www.operaenpleinair.com.

- Céline, même pas mort ! éd. Balland, 312 p., 22, 90 €.

1 commentaire:

  1. Je ne sais pas ce que va donner ce livre,mais jai entendu le comédien (qui ne m'a jamais vraiment enthousiasmé au cinéma)parler de céline sur radio classique:un sans faute!
    Modeste et courageux,parlant vrai,connaissant à fond "son "Céline,ne se laissant pas démonter par les petites piques lancées par l'animateur qui essayait de l'amener sur une pente savonneuse,défendant l'écrivain et l'homme...
    Enfin un comédien qui détonne dans le monde si conformiste du showbiz!
    Mais fera-t-il aussi bien à l'écrit qu'à l'oral?

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