vendredi 18 mars 2011

Fabrice Luchini fait le bonheur des libraires

Les lectures, par le comédien, de La Fontaine, Céline ou Philippe Muray au Théâtre de l'Atelier, à Paris, incitent les spectateurs à se précipiter sur les livres de ces auteurs.

Fabrice Luchini joue La Fontaine et Céline à guichet fermé au Théâtre de l'Atelier, à Paris. Prévu jusqu'à fin mars, ce spectacle est d'ores et déjà prolongé de deux mois. L'an dernier, même succès quand il avait lu les textes du pamphlétaire Philippe Muray. Jean-Louis Trintignant, lui aussi, casse la baraque avec trois «poètes libertaires», Prévert, Vian et Desnos. L'an dernier, Sami Frey avec Premier amour de Beckett et Dominique Blanc avec La Douleur de Marguerite Duras refusaient du monde.

Ces «lectures», celles de Luchini en tête, ont un effet chez les libraires. «Les ventes, toutes éditions confondues, proposées chez Gibert Joseph, de Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit de Céline sont en forte hausse, presque le double par rapport au début d'année 2010. L'actualité autour de l'auteur y est pour beaucoup, mais la médiatisation du spectacle de Fabrice Luchini y a sûrement contribué», signale Renaud Vaillant, responsable du marketing du libraire. La tendance est également à la hausse sur les ventes de certains recueils des Fables de La Fontaine, vendus à la fois en poche et en édition brochée: 5 à 10 % de ventes supplémentaires par rapport à la même période en 2010. Il est vrai qu'il y a aussi les achats scolaires.

En tout cas, Fabrice Luchini au théâtre fait toujours vendre. Chaque soir, pendant un an, les spectateurs ont acheté plus d'une quarantaine d'exemplaires d' Exorcismes spirituels IV, Moderne contre moderne de Philippe Muray à la sortie du Théâtre de l'Atelier. «Quand cet ouvrage est sorti en septembre en 2005, nous en vendions 300 par mois. En 2009, seulement 30 par mois, puis en 2010, avec le spectacle de Fabrice Luchini, on a augmenté progressivement les ventes, jusqu'à atteindre 552 exemplaires par mois, explique-t-on aux Éditions Les Belles-lettres. Il y a eu un impact sur tous les autres titres de Philippe Muray. Ses Essais, sortis en septembre 2010, ont été écoulés à 3277 exemplaires par mois. Normalement, ses livres tournent en moyenne à cinquante par mois. Nous avons accéléré la réimpression de ses œuvres. Désormais, tous ses ouvrages sont disponibles chez nous. Le spectacle de Luchini a permis de toucher un plus grand nombre de personnes et de tous bords.»

Beckett et Koltès aussi
«L'an dernier, la dernière réimpression du Céline de Muray, qui aurait dû durer plusieurs années est presque épuisée. Il était sorti à 3000 exemplaires, nous sommes déjà en train de le réimprimer», indique-t-on chez Gallimard.

Henri Causse, directeur commercial des Éditions de Minuit constate le même phénomène pour Premier amour, de Beckett, dit par Sami Frey en 2010. «On est passé , détaille-t-il, de 2000 livres à 4 000, avec Cap au pire, du même auteur, aussi lu par Sami Frey, en 2007, de 400 à 450 volumes vendus en moyenne, on a atteint les 2000 exemplaires. Les gens ont découvert ce texte difficile.»

Et de citer un autre exemple: La Nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès, également publié aux Éditions de Minuit, et interprété actuellement au Théâtre de l'Atelier par Romain Duris. «En deux mois, nous avons vendu ce qu'on aurait vendu en une année, soit 1600 exemplaires, indique Henri Causse. La force du théâtre, c'est que le public se retrouve face à un acteur, tant mieux si ça encourage la lecture.»

Nathalie SIMON
Le Figaro.fr, 11/03/2011

Fabrice Luchini (La Fontaine, Baudelaire Céline…) et Romain Duris (La Nuit juste avant les forêts) au Théâtre de l'Atelier (01 46 06 49 24). Jean-Louis Trintignant, Trois poètes libertaires, en tournée. À lire: Le Figaro Hors-Série «Céline, une saison en enfer», en vente le 15 mars. 114 p. 7,90 €.

1 commentaire:

  1. D'ailleurs, dommage qu'il ait arrété ses lectures du Voyage....il transcende l'oeuvre, en rend les personnages vivants là, sous nos yeux...Des années aprés, ses prestations marquent encore le spectateur....du grand art.

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