jeudi 2 décembre 2010

Sur une petite thérapeutique des acouphènes par le son et par transmission osseuse par le Dr. Louis Destouches

Voici la plus ancienne des contributions médicales de Louis Destouches connues à ce jour, antérieure à sa thèse de doctorat, présentée par Henri Thyssens:

En février 1923, Le docteur Louis Destouches, qui habite alors quai Richemont à Rennes, où il termine ses études de médecine, publie dans L'Union Pharmaceutique, mensuel destiné à la profession, une communication assez singulière sur le traitement des acouphènes, c'est-à-dire les bourdonnements d'oreilles, dont lui-même est affligé depuis une blessure reçue en 1914.

Il a, apparemment, inventé un petit cornet métallique, semblable à un sifflet, qu'on maintient entre les dents et dans lequel on souffle, déclenchant une vibration de l'anche qui se trouve à l'intérieur et qui interrompt les bourdonnements durant quelques heures, parfois même définitivement, assure-t-il.


Sur une petite thérapeutique des acouphènes par le son et par transmission osseuse
par M. Louis DESTOUCHES (de Rennes)

Cette méthode thérapeutique consiste dans l'émission d'un son aigu par un petit cornet métallique (semblable à un sifflet), maintenu entre les dents et mis en action, pendant quelques secondes, par les malades souffrant de bourdonnements d'oreilles dus à une névrite du nerf auditif et ordinairement consécutive à une sclérose de l'oreille moyenne.
Les vibrations sonores émises de cette manière parviennent alors au nerf auditif par voie osseuse chez les malades atteints de sténose de la trompe, de sclérose du tympan ou d'ankylose de la chaîne des osselets.
Les acouphènes de cette nature sont, par cette manoeuvre, immédiatement interrompus pendant une durée variant de quelques minutes à quelques heures et parfois même d'une façon définitive. Les bourdonnements d'oreilles cessent sans toutefois obtenir une amélioration sensible de l'audition.
À l'aide du même instrument, si un opérateur émet dans le conduit auditif externe du malade le même son, il en résulte également une sédation passagère des acouphènes, mais de plus brève durée que dans le cas précédent.
De plus, si la chaîne des osselets est ankylosée de façon définitive, il nous paraît que le massage sonore du tympan par le même instrument a souvent pour effet une irritation secondaire de l'appareil auditif et un redoublement des acouphènes (bourdonnements d'oreilles).
Enfin, le conduit auditif externe d'une oreille scléreuse nous paraissant plus facilement irritable que celui d'une oreille saine, il en résulte que l'introduction du tube amène facilement une congestion du conduit auditif et que par conséquent, dans ce cas, la manoeuvre en question devient nocive par voie externe.
La voie buccale est donc la seule méthode à tenter, la méthode de choix. Donc, par cette dernière (voie buccale) et avec notre appareil, il en résulte de grands avantages, par suite de son effet physiologique, souvent assez bref, mais certain, et surtout par son résultat psychologique indéniable.
Le petit cornet dont nous nous servons pour l'amélioration des acouphènes est d'une grande simplicité. C'est une sorte de tube tronconique mesurant 7 cm. de long. Son diamètre d'ouverture buccale a 1 centimètre environ et contient un petit appareil (anche) muni d'une lamelle vibrante. Le nombre des vibrations émises est d'environ 4.000 à la seconde.
En résumé, notre méthode appliquée aux acouphènes présente des avantages certains, constatés et contrôlés, non seulement pour ce qui concerne la sédation des troubles auditifs, mais encore pour les effets secondaires irritatifs de l'appareil de l'audition.


En lisant ce qu’il faut bien appeler une notice publicitaire, on ne peut s’empêcher de penser à Henry de Graffigny, le héros farfelu de Mort à crédit, inventeur durant la Grande Guerre d’un « dentier auditif » pour artilleur, qui écrivait : « Si celui-ci se bouche les oreilles, il n'entend plus les commandements. Or on n’entend pas que par les oreilles. On entend aussi par les dents et par les poils de la barbe [...] A notre sens, les artilleurs devraient porter toute leur barbe et tenir entre leurs dents pendant la manœuvre un appareil conducteur de son».

On ne sait si le jeune Destouches s'est inspiré de l'invention curieuse de Graffigny, mais la sienne ne lui a pas réussi car il a souffert de l'oreille interne jusqu'à la fin de sa vie.

Henry THYSSENS
www.thyssens.com

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