dimanche 4 octobre 2009

Filip, Lucette et François...

Paris Match, 24/09/2009 : «Effacer notre amour, sans se retourner, ne pas regretter...» Les paroles du célèbre tube viennent de changer de sens. Légères quand le boys band adulé des ados se déhanchait en rythme. Terribles depuis que Filip Nikolic a quitté ce monde, le 16 septembre. En 1996, trois beaux chanteurs sortent un album, «Partir un jour». Les jeunes filles en sont folles. Ils vendront 2 millions de disques, feront salle comble à Bercy. TF1 leur dédiera une série, tout aussi culte. Trois étoiles sont nées. Ou plutôt trois météorites. Car le soufflé retombe tout aussi rapidement. Heureusement, il y a Valérie, un amour qui ne va jamais s’effacer. Mais le succès a piégé Filip. Etiqueté beau gosse sans cervelle. Un seul rôle lui colle à la peau : ex-2 Be 3.

Comment annoncer à Lucette la mort de Filip ? Lucette a 97 ans. C’est la veuve de Louis-Ferdinand Céline. Le lien entre l’ancien chanteur de boys band et la veuve de l’auteur de «Voyage au bout de la nuit» ? François Gibault. L’avocat parisien les avait présentés. «J’ai emmené les 2 Be 3 à Meudon. Lucette donnait des cours de danse chez elle. C’était drôle de les voir échanger des pas. Elle nous avait cuisiné des pâtes après.» Depuis, Filip et Lucette se voyaient de temps en temps. François Gibault, homme sec et calme de 77 ans, répond aux dizaines de messages de condoléances, s’occupe des obsèques et se souvient de leurs dix-sept années de complicité. «Il m’a rendu ma jeunesse. Moi, je lui ai offert un bagage culturel. Je n’ai jamais connu de garçon aussi charismatique, aussi beau. Il possédait tous les talents. Il a fait tout ce qu’il a voulu.» Un jour, à 35 ans, Filip Nikolic ne s’est pas réveillé. Une boîte de somnifères traînait sur sa table de chevet. Rien d’autre.

Une histoire d'amitié
«Il allait bien et s’était remis au sport, assure François Gibault. On s’était parlé au téléphone la veille au soir, raconté notre journée. Rien d’anormal, bonne nuit et à demain.» Le lendemain, c’est lui qui prévenait Adel et Franck, les anciens 2 Be 3, du décès de leur copain. Une histoire de potes d’enfance se termine. Adel Kachermi, Franck Delhaye et Filip Nikolic s’étaient rencontrés au collège de Longjumeau, dans l’Essonne. Ils aimaient beaucoup le sport, la danse, le rap, la soul, le R’n’B et Michael Jackson. Des gamins d’origine modeste, pour qui Paris représentait une aventure. C’était le temps des répétitions de breakdance à la MJC de Longjumeau et de la resquille au gymnase de l’Aquaboulevard, où ils ont vu François Gibault pour la première fois. Ils ont 17, 18 ans. Gibault «tombe ami» avec Filip.

Il l’hébergera chez lui, lui fera réviser le bac, l’inscrira avec Adel aux Langues O. La période étudiante fut aussi brève qu’une chanson. «Franck et Filip ont participé à un concours de beauté produit par la société de Gérard Louvin. Moi, trop timide, j’étais resté dans le public», dit Adel. Ils se sont fait repérer. Au milieu des années 90, la tendance musicale est aux groupes de garçons fort bien mis de leur personne et sachant gesticuler sur scène sans s’encombrer d’instruments, tels les New Kids on The Block aux Etats-Unis. La voix est accessoire, le corps beaucoup moins. Il faut les mêmes en France. Gérard Louvin veut les produire. Les garçons refusent. Dépité, l’homme fort de TF1 fabriquera le boys band Alliage. Un chorégraphe orientera le trio vers le directeur artistique Laurent Manganas, qui les signera chez Emi. Les Pheno Men se rebaptisent 2 Be 3 en 1996, année de leur explosion. Suite...

Marc-Edouard Nabe, François Gibault, Filip Nikolic, etc... chez Begle :



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